J'avais vingt ans quand le printemps faisait s'envoler les pavés parisiens. Des rêves plein la tête, nous découvrions la plage sous nos pieds. Nous disions qu'il fallait faire l'amour, pas la guerre. Nous voulions croire à l'amitié entre les peuples. Nous pensions que tout était permis, et nous proclamions qu'il est interdit d'interdire. L'heure était à la rêvolution.
Il ne fallait pas nous parler d'utopie. Tout nous paraissait possible. Est-ce qu'on n'avait pas envoyé des hommes dans l'espace, est-ce qu'on ne poserait pas bientôt les pieds sur la Lune ? Oui, tout serait possible dès lors qu'on ferait sauter les vieux carcans des conventions et de la morale. Du haut de notre jeunesse insolente, nous avions la prétention de refaire le monde. Vivre sans temps morts ! Jouir sans entrave ! L'homme ne serait plus asservi par le travail et la morale. La croissance illimitée des richesses matérielles permettrait de satisfaire les besoins de tous et l'on vivrait heureux sur une planète apaisée.