De Jean Racine
Compagnie Minuit44
Mise scène : Laurent Domingos
Il y a le théâtre contemporain, selon les jours, drôle, provocateur, poétique, onirique, émouvant, bouleversant parfois, en prise avec les réalités de notre temps, et les auteurs classiques – les grands tragiques de l'Antiquité, Shakespeare, Racine, Schiller… – auxquels il faut revenir régulièrement car ils sont – osons les superlatifs – immenses et éternels.
Racine, donc et plus précisément Britannicus dont l'auteur lui-même avoue que c'est celle de ses tragédies qu'il a "le plus travaillée" (seconde préface - 1676). Elle nous était proposée mardi dans une très belle mise en scène, de Laurent Domingos.
Nous assistons à la naissance politique de Néron, qui aux yeux de l'Histoire, apparaîtra comme la figure même du tyran démoniaque et tortionnaire. Pour l'instant, il est encore complètement sous l'emprise de sa mère, Agrippine, qui entretient avec lui une relation de domination incestueuse dont il essaie de se dégager mais, soumis à des influences contradictoires, il est balloté d'un côté de l'autre, vacillant, indécis, girouette ne sachant à quel conseiller se vouer. Cette faiblesse actuelle explique peut-être son excès de cruauté future. "Las de se faire aimer, il veut se faire craindre", dit de lui Agrippine dès le début de la pièce.
Car dans ce palais, nous le verrons, le sentiment le plus répandu, c'est la peur, la peur qu'il faut entretenir parce que c'est un des plus puissants instrumenst de domination. Agrippine en a parfaitement conscience qui ajoute plus loin : "Je le craindrais bientôt s'il ne me craignait plus".