Catégorie: "Mots d'humeur"
Va-t-on rater aussi la vélorution ? Le rêve de révolution verte grâce à l’usage intensif du deux-roues deviendrait-il un cauchemar ? Est-ce l’angoisse de la pluie qui ne vient pas ? Est-ce l’anxiété ambiante, avec ce Covid qui se remet à tuer tranquillement dans les antres vert-clair des réanimations inhospitalières ? Ou la possible réélection de Trump, ce mafieux barbare, comptant bien sur l’aide poutinienne ? Mais une fureur vélocipédique s’est abattue sur la France. Tels des sauterelles ou des criquets sur des échasses roulantes, la jeunesse, toujours imbue d’elle-même, triomphe à toute allure sur les voies piétonnes, les trottoirs citadins, les files des bus, les chemins de traverse, les voies sur berge, les allées cavalières, les grands boulevards, les ruelles étroites, jusqu’aux moindres GR forestiers et aussi bien sûr sur les pistes cyclables.
Ça y est ! Chacun est parti en campagne.
Il fut une époque où je ne sais quelle lessive lavait "plus blanc que blanc" ; désormais tous les candidats sont "plus verts que verts". Il est grand temps ! On ne peut que se féliciter de cette évolution des mentalités et espérer que les promesses, bien qu'insuffisantes, seront suivies d'effet.
Et donc, plus vert que vert, chaque candidat se doit de reprendre à qui mieux mieux des mesures qui désormais, heureusement, sont évidentes pour une majorité de gens et qui de toutes façons, tôt ou tard, s'imposeront par la loi (introduction de la nourriture locale et bio dans les cantines scolaires, traitement des biodéchets, etc.) ; et de faire des promesses unanimement consensuelles, en tout cas sur le papier, comme par exemple planter des arbres. On ne peut que se réjouir si, désormais, au lieu d'abattre des arbres on décide d'en planter.
Mes chères amies, mes doux compagnons, gens de qualité et de pondération, je vous aime, mais… vous commencez à m’agacer singulièrement. Je respecte vos prises de position réfléchies. Je bénis vos atermoiements savants qui ont permis de ravaler les colères et de contrôler les violences. Mais ça ne suffira pas ! Le monde se craquelle sous les coups de boutoir des économies ravageuses du capitalisme ultralibéral. La planète brûle et je commence à ne plus pouvoir supporter les colibris. Vous vous souvenez de la métaphore élégante du sage Pierre Rabhi qui raconte que, un incendie dévorant la savane, les animaux réunis contemplent le désastre et s’étonnent des incessants allers-retours d’un colibri .
Qui croit encore au Père Noël ? La période est aux récriminations rageuses. On nous trompe ! On nous ment ! Leurs explications fumeuses ou leurs véhémentes abjurations ne confirment que leur trahison. Après avoir installé l’injustice fiscale, avoir bafoué le droit du travail et renié la protection de l’emploi, après avoir ruiné une éducation nationale de qualité, après avoir appauvrit la santé publique, la police et la justice, après avoir fait tirer dans les yeux des gens pour mater la misère, après avoir loué publiquement les valeurs démocratiques pour, dans les faits, les mépriser, les pères Noël qui nous gouvernent ne passent plus dans nos cheminées.
Putain, ce n’est pas possible d’entendre ça ! Toujours « Putain ! », à chaque fois qu’on se tape sur le doigt, qu’on ouvre une facture des Impôts, ou que le train vous démarre sous le nez.
Ah non ! Putain : ça ne va pas. Il n’y a pas de raison qu’on clame sa colère ou son énervement en invoquant la femme prostituée ! Comment ça marche dans nos têtes pour que le besoin de parler de la prostitution arrive à ces moments-là. D’autant que de la prostitution d’habitude on n’en parle jamais. Sauf, sauf qu’en fait, avec « Putain », on en parle tout le temps.
« Putain ! Ah non, Putain ! Mais qu’est-ce que tu fais ?... Arrête, Putain ! Aurélie ! Y-a des bagnoles dans ce parking ! Putain ! Je t’ai dit de ne pas lâcher le caddy ! Putain ! Tu ne la vois pas, la voiture ! Tu cours partout, quand je te dis de rester tranquille. Mais, Aurélie, t’es qu’une... Putain ! Aurélie, t’obéis ! Aurélie ! Putain ! Viens ici ! »
Allez chercher pourquoi cette année, l’automne me fait plaisir. J’y trouve un parfum de rentrée des classes, un regain de rencontres nouvelles et de combats nouveaux. Cette année, la pluie ne me gêne pas. Et si les premiers froids s’attaquent au bout de mon nez, ils ont déjà su tapisser les sous-bois des feuilles dorées au chant métallique que soulèvent nos songeries bucoliques. Un vent nouveau se lève, ne sentez-vous pas ? Dans le monde, des révoltes grondent. Des gens prennent la rue par ici et déjà, par-là, certains prennent les armes. Ils meurent pour leurs droits. Les pouvoirs vacillent. Les grands de ce monde s’interrogent et même certains se fâchent, contraints qu’ils sont de démasquer leurs cruautés abominables au grand jour médiatique.
Il y a urgence ! Les communautarismes se raidissent. Les gens ont peur. Le Vendredi, dans « les quartiers » et leurs rues adjacentes, des hommes en djellabas harcèlent les jeunes femmes en jupe. Le sectarisme remplace la piété. Les lieux de culte sont devenus des indicateurs identitaires. La peur s’infiltre. Les âmes s’imbibent de colère. La France se dépêche de profiter de ce qui pourrait être une de ses dernières vacances. Les jeunes hommes circulent en bandes et se regardent de travers. Les informations sont alarmantes. La météo transforme le beau temps en canicule et la pluie en tornade. Les continents sont des chaudrons brûlants. Les grandes puissances ne cessent de se grandir en montrant leurs ergots et en gonflant leur jabot.