Posted by Olivier Manceron on 02 Sep 2018 in Tribunes Libres
Je suis né dans un univers tempéré, vert et fleuri l’été. Les enfants blancs et blonds se lavaient les mains avant d’aller à table et n’avaient de cauchemar qu’à cause du noir au fond du couloir. Haut comme trois pommes, mon point de vue sur le monde était catholique, serein, viril et farouchement égoïste. Mais je ne le savais pas. Mes sœurs se devaient d’être férues de tâches ménagères. Il n’y avait pas de noir dans les rues ou très peu et dans des lieux très circonscrits. Un clochard tendait la main sous le porche de l’église. La guerre était lointaine et on n’en parlait pas. La mort était une histoire d’oisillons tombés du nid, de feuilles d’automne ou de vieilles grands-mères chez les voisins.