La colère est une chanson douce qui résonne en sourdine dans ma tête. Une vieille petite rengaine de haine qui ritournelle dans mes silences de mort. Il y en a marre des mecs avec leurs gros sabots qui piétinent les petits visages, de leurs grosses mains qui invitent les mômes à revenir en plus et de leurs dents d’ogres faméliques qui sourient aux femmes et aux enfants, avec cet aplomb de franchise qui dore les fronts des beaux tueurs bronzés du soleil des vacances. Je me laisse aller. Je me laisse aller. Les mots fuient des touches de mon clavier en petits scarabées pressés, de petits bousiers finement luisants comme des corbeaux anthracite et discrets. Les mots roulent devant eux leurs petites boules de crottin de colère qui sentent mauvais et empestent mes jours de haine.