Catégories: "Théâtre"
Beaucoup de monde au centre culturel en ce vendredi 5 avril, comme un avant-goût de notre rendez-vous du printemps : dans moins d'un mois, avec le 38ème festival de Coye-la-Forêt, débutera cette année encore la grande fête du théâtre dans notre petite ville de Picardie.
Désormais, la présentation du festival elle-même fait partie des rendez-vous à ne pas manquer. Après les remerciements d'usage, le comité de sélection et de programmation fait une rapide présentation des quatorze spectacles qui seront proposés cette année (en dehors des pièces spécifiquement réservées aux scolaires) : comme toujours il y en aura de toute sorte et pour tous les goûts : comique, poétique, burlesque, musical, insolite, classique revisité, résolument contemporain en prise sur le monde d'aujourd'hui, émouvant, hilarant, réjouissant, bouleversant… on peut multiplier les épithètes à l'infini, le spectacle vivant une fois encore sera présent dans toute sa diversité. Les dépliants sont dans toutes les mains, qui récapitulent l'intégralité des pièces au programme, afin que chacun fasse son choix. Et si choisir est trop difficile – car tout fait envie – on peut décider d'aller tout voir !
Le dernier spectacle : La belle et la bête
Une très joyeuse fin de Festival ce lundi 3 juin avec les enfants : Michel Laliberté présentait aux enfants des classe primaires une adaptation du célèbre conte La Belle et la Bête. Un spectacle qui a plu à tous, à en juger par les réactions de la salle : alternance de rires et de silences inquiets — les pantomimes du père et de la sœur jalouse, la tête monstrueuse et la voix caverneuse de la Bête. Les nombreuses questions posées par les enfants à l’issue du spectacle témoignent de l’intérêt qu’ils ont eu pour la pièce. Avec patience et amusement les comédiens se prêtent au jeu et expliquent que c’est avec de l’entraînement que l’on arrive à changer très vite de costume, que les roses sur la façade du château ne sont pas de vraies fleurs et que oui, les comédiens s’embrassent sur la bouche pour de vrai !
Le bilan du Festival
La clôture du Festival avait eu lieu officiellement quelques jours plus tôt, le samedi 26 mai après la représentation de La Tortue de Darwin, de Juan Mayorga, par le Théâtre de La Lucarne. La troupe a été chaleureusement applaudie par un public fidèle, satisfait de découvrir ce texte original, satire humoristique et grinçante du monde tel qu’il va depuis la fin du XIXe siècle.
Après la pièce, c’est au tour de Jean-François Gabillet, président de l’Association du Festival théâtral, de monter sur scène pour annoncer un bilan provisoire de ces deux semaines de théâtre, après treize spectacles et seize représentations, et avant les onze matinées scolaires à venir.
D' Anissa Benchelah
Cie Eclectic
Mise en scène : Bérénice Collet
Bienvenue dans l'Afrique, les Afriques nous précise Anissa Benchelah dès le début de ce spectacle de conte lumineux.
Une toile claire dressée, abritant quelques instruments, de chaudes couleurs, un bleu nuit intense en toile de fond. Et nous voilà bercés par la chaude voix de cette comédienne qui interpelle les enfants à coup d'images mentales, et emprunte au conte comme au théâtre du mime leurs plus beaux atouts.
De Suzanne Lebeau
Cie Théâtre de Paille
Mise en scène : Christophe Laparra
Mon petit Ogrelet, c'est le surnom plein de tendresse qu'a donné sa maman au petit ogre de six ans, déjà grand comme un adulte ! Comment pourrait-il aller à l'école avec les petits enfants de son âge ? Il faut commencer par lui donner un nom : il s'appellera Simon.
Il s'agit d'un conte avec, bien sûr, un brin de magie puisqu'on y passe à travers le miroir et qu'on peut y parler avec les animaux : aussi le décors est-il rustique, l'action située dans un milieu rural atemporel.
La modernité est présente pourtant, sous la forme d'un écran où est projeté un très joli dessin animé en noir et blanc avec, au fur et à mesure, les titres des chapitres qui marquent les différentes étapes du récit.
Et soudain surgit la couleur rouge, le rouge sang, la couleur tant redoutée par la mère, la couleur prohibée, refoulée.
De Juan Mayorga
Théâtre de la Lucarne
Mise en scène : Isabelle Domenech
Impressions d’un spectateur
La lumière de la salle s’éteint et sur la scène la pièce commence dans le bureau du professeur (joué par Jean Truchaud), caricature de l’enseignant-chercheur universitaire débordé et ambitieux, doublé d’un macho qui traite sa femme (jouée par Isabelle Jacquet) comme une bonne à tout faire.
Soudain apparaît cette petite femme d’apparence si singulière qui, dès ses premières paroles, crée une ambiance mystérieuse qui « accroche » les spectateurs.
D'après Edgar Allan Poe
Cie Collectif 8
Mise en scène : Gaële Boghossian
Une Expérience difficile à raconter tant elle est inattendue et déroutante.
Il faut la vivre : génie des pensées d’Edgar Allan Poe traduit par un autre génie Baudelaire, scénographie surprenante toute en illusion et en trompe œil, jeux de lumière contemporains, mise en scène étonnante, et interprétation remarquable des deux acteurs sans arrêt en mouvement dans un décor où leur oreille interne a été fortement maltraitée.
Un moment inoubliable !
D'après Denis Diderot
Cie Collectif 8
Mise en scène : Paulo Correia
Nous l’attendions tous, cette pièce ; on nous en avait vanté la mise en scène, l’originalité, le jeu des comédiens. On allait voir ce qu’on allait voir.
Force est de constater que non seulement nous n’avons pas été déçus, mais que nous avons été comblés au-delà de nos attentes.
La salle est plongée dans un silence religieux lorsque Gaële Boghossian, comédienne de conviction, prononce les premières paroles. Dans son rôle de narratrice, elle dit comment a vécu enfermée au couvent dès l’âge de seize ans, Suzanne Simonin, une jeune fille illégitime de 16 ans – magistralement interprétée par Noémie Bianco. Cloîtrée en ce lieu contre son gré par sa famille, celle-ci connaîtra et subira une incarcération horrible.
L’intrigue, finalement banale, surtout au dix-huitième siècle, sert de trame à la dénonciation par Diderot de toutes les formes d’oppression.
De Matéi Visniec
Calliope et le Théâtre de l’Exil
Mise en scène : Christian Besson
Vous êtes déjà passé près d’un puits au fond duquel un chien est tombé ? Si c’est le cas, qu’avez-vous fait ? Sinon, prenez quelques minutes pour l’imaginer. Envisageriez-vous de descendre dans le puits pour secourir l’animal ? Chercheriez-vous de l’aide ? Ou un objet pour tenter de le remonter à la surface ? Lui donneriez-vous à manger ? Passeriez-vous votre chemin ?
C’est à cette situation que sont confrontés les deux personnages de la pièce de Matéi Visniec. Bon, à deux, c’est plus facile quand même, direz-vous. Pas sûr. Car à deux, on discute, on argumente, on envisage, on réfléchit, on pèse le pour et le contre… pour constater finalement qu’on ne sait pas quoi faire. La discussion peut donc s’éterniser et laisser le chien dans son trou. Après tout, qu’allait-il faire dans cette galère ?
De Molière
Cie L’Éternel Été
Mise en scène : Emmanuel Besnault
Un spectacle époustouflant
Les Fourberies de Scapin est une pièce comique de Molière écrite en 1671. Elle raconte l’histoire de jeunes hommes ayant fait des bêtises en l’absence de leurs pères. Un de leur valet va alors faire des tromperies à chacun de ceux-ci pour faire triompher la jeunesse face à des pères soit avares qui ne donnent pas d’argent, soit forçant leurs fils à se marier avec une femme qu’ils n’aiment pas.
Cette pièce jouée par Benoit Gruel, Schemci Lauth, Emmanuel Besnault, Deniz Turkmen et Manuel Le Velly était superbe car tout d’abord la musique italienne faisait vivre la pièce, les acteurs chantaient, c’était un thème festif. Ensuite, la mise en scène était merveilleuse car cette pièce nous met dans la peau des personnages.
de Julie Timmerman
Idiomecanic Théâtre
mise en scène : Julie Timmerman
Sur le mur du fond, un portrait en noir et blanc et la mention : Edward L. Bernays - 1891-1995 - indication biographique, sèche et froide comme dans un dictionnaire. Pour le reste, la scène est uniformément noire, ce qui s'y trouve aussi. Il s'agit bien en effet d'une "boîte noire", un dispositif où sont enregistrées les informations concernant cet homme que le grand public méconnaît, toutes les informations, celles dont il est fier (envolée des ventes des produits dont il imagine la promotion) et celles qu'il aimerait mieux garder secrètes (organisation du coup d'état au Guatemala en 1954). Qui est-il, cet inconnu familièrement appelé Eddie ?
de Victor Hugo
Cie Chouchenko
Adaptation et mise en scène : Manon Montel
Les Misérables, un roman-fleuve de 1 000 pages qui a passionné bien des générations de lecteurs adapté en pièce de théâtre, quelle gageure !
Le pari a été relevé par la compagnie Chouchenko : en une heure vingt, on découvre ou l’on redécouvre au fil d’instantanés l’épopée de Jean Valjean, condamné par hasard pour le vol d’un pain et remis sur le droit chemin par un hôte de passage.