Catégorie: "Tous en scène"
La Compagnie du Rideau Bleu
Mise en scène Véronique Febvre
En ouverture, des cris, des rires, un rock des années 80, des personnages hauts en couleur, drôles… très typés et dont peu à peu on découvre qui ils sont.
Ruby dans sa jupe panthère ras les fesses survit avec le téléphone rose, elle héberge Sally licenciée depuis la fermeture de l’usine de volailles, ainsi que sa jeune sœur Jill, adolescente peut-être autiste, hypnotisée par le tirage de la loterie à la télé et la vie des fourmis. Elles se débattent avec le chômage, le loyer à payer et les services sociaux envahissants mais pas vraiment bienfaisants. De temps en temps, le pataud Gaven, dans son maillot de supporter de foot, fait irruption, s’occupe du feu … parle foot et emmène Jill aux matches de foot.
Au Centre Culturel, comme dans un aéroport, la Compagnie prend en charge son public. Elle installe jusqu’au dernier les spectateurs dans la salle Claude Domenech comme dans une cabine d’avion. Chacun est donc convié à prendre sa place par quatre hôtes masculins en uniforme (costume noir, cravate rouge) qui, lorsque la lumière s’abaisse, se révèlent être des chanteurs car le début du concert les rassemble sur scène dans l’interprétation vocale d’un rythme parlé et fugué allemand aux sonorités comiques (fugue géographique de Ernst Toch). Chaque entrée de fugue permet astucieusement l’entrée d’un nouveau chanteur (ou chanteuse) ; la présentation du groupe est complète : à la fin de la musique, le public a ainsi fait connaissance avec l’équipage de l’avion musical qui doit le promener dans le répertoire typique de quelques importants pays d’Europe et du monde.
Maurice Genevoix
D’après Les Éparges (1923)
et La mort de prÈs (1973)
Compagnie 25 ter
Mise en scène : Géraud Bénech
La guerre, toujours la guerre, mais pas n’importe laquelle, la grande, celle de 14-18 avec ses millions de morts et ses si nombreux mutilés…
Samedi 30 janvier, dans la salle Claude Domenech, la guerre était à nouveau d’actualité avec une adaptation, par la Compagnie 25 ter, de deux livres de Maurice Genevoix, « Les Éparges », et « La Mort de près ».
Cet auteur, aujourd’hui un peu oublié (1890-1980), connut le succès entre les deux guerres, notamment avec la publication de « Raboliot » qui obtint le Prix Goncourt en 1925. Il entra à l’Académie française en 1946. La plupart de ses ouvrages se passent en Sologne et sur les bords de la Loire où il naquit.
Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus…
Aujourd’hui, où es-tu Barbara ?
Comme J. qui aimait tellement tes chansons
et se mettait au piano les après-midi pluvieux
pour les interpréter à sa facon.
Disparue ou encore vivante ?
Au cours de cette soirée du 5 décembre 2015, qui lui était consacrée, j’ai cherché à la retrouver, sans vraiment réussir. Peut-être J. avait-elle raison lorsqu’elle disait que c’était bien trop subtil pour ma pauvre cervelle de brûleur de loups dauphinois.
Je veux quand même saluer le courage du trio de musiciens qui a fait tout ce qu’il a pu pour nous emmener sur les chemins de Barbara, sans sa voix inimitable, bien sûr.
Peut-être se rendra-t-on compte un jour que notre belle petite salle de Coye supporte mal de la musique trop amplifiée par des micros ? Que reste-t-il des paroles ?
Écrit et mis en scène par Nebil Daghsen
Collaboration artistique :
Lucile Latour (chorégraphie)
Valérie Maureau (dramaturgie)
Samedi 7 novembre
C’est sombre et lumineux.
Sombre par l’histoire elle-même, les costumes, l’atmosphère, l’obscurité qui s’installe sur le plateau.
Lumineux, parce qu’il y a la prose poétique de Nebil Daghsen, ainsi que la lumière travaillée par Louis Chevallier, et parce que la jeunesse de la troupe est créative et enthousiaste.
Avant spectacle, les comédiens sont déjà en place dans le hall du centre culturel, figés dans un justaucorps noir. Prélude à la gravité de la scène qui se jouera ensuite. Bientôt une sorte de bourdonnement lointain, intersidéral place le spectateur hors du temps et de l’espace connus. Des silhouettes noires se déplacent, se figent, oscillent, dansent. Elles s’emparent de masques. Au fil du spectacle, une voix, parfois un chœur, du fond de la salle, accompagne l’action, donne quelques repères temporels ou spatiaux : « Saison pourpre… saison mélancolie… au café… au conseil municipal… pendant la garde à vue … » Le spectateur est dans un ailleurs, hors du réel, dans un monde d’âmes muettes, d’esprits qui vivent et s’animent autour des humains, tout à son plaisir de suivre une chorégraphie très étudiée. La lumière joue sur les pieds nus, s’arrête sur les masques fantastiques, presque effrayants, de ficelle, de fourrure, de tissu, dont les yeux sont vides, oripeaux qui pendouillent au bout d’un bras, ou tas de laine blonde isolé dans la lumière à l’avant-scène.
Lecture : Jacqueline Chevallier, Patrick Chevillard
Clarinette : Rémy Chevillard
Mise en espace : Rémy Chevillard
Pour combattre les vents mauvais, pour éloigner le pire, on a besoin d’air, on a besoin d’une voix qui porte loin, vers le meilleur de l’homme. Albert Cohen est cette voix qui nous apostrophe, qui dit sa colère aux « carnassiers qui adorent la guerre ». À ceux qui jouissent de haïr, il dit l’importance de l’amour et de la bonté. Belle rencontre pour ceux qui, un dimanche de janvier, étaient présents au centre culturel où l’association Tous en scène proposait une lecture de ce texte magnifique de l’écrivain, « Ô vous, frères humains ».
En 1972, habité par l’angoisse de la mort, Albert Cohen rejoint par l’écriture le temps de son enfance ; il revoit, éclaire, analyse et fixe ce moment où, le jour de son dixième anniversaire, en 1905, un camelot lui crache à la face sa haine et son mépris antisémites, au milieu d’un groupe de badauds silencieux et indifférents. Son récit dit les émotions, pensées, réflexions, interrogations, et surtout les souffrances de l’enfant blessé à jamais qui erre dans les rues de Marseille jusqu’à la nuit.
Autour de ce souvenir d’enfance, se développe une critique virulente des humains en proie à la haine : destructeurs de tous genres, inventeurs d’armes, – ah ! la liste interminable de toutes les armes inventées au cours des siècles par le génie des hommes ! – bourreaux nazis, chrétiens qui massacrent et pourtant disent l’amour du prochain depuis 2 000 ans.
La Révolte des anges concert Jazz sur un texte d’Enzo Cormann. Samedi 16 mars au Centre Culturel de Coye.
L’association Tous en scène présentait samedi son troisième spectacle en deux mois (il en reste encore un à venir !). Une telle initiative force le respect et l’admiration quand on imagine l’altruisme du projet et le travail qu’il nécessite en amont et en aval.
L’arbre porte des fruits : c’est ainsi qu’avec un public curieux et intéressé, nous découvrons La Révolte des anges, spectacle hybride texte + musique théâtralisés.
À gauche de la scène – côté jardin – ce qui reste fixe : le piano à queue et un clavier Fender-Rhodes joué par Bob Boisadan, auteur de la musique. À droite – côté cour – ce qui bouge : les trois personnages mis en scène. Quelques va-et-vient s’organisent entre les deux lieux car la comédienne Ambre Pietri est aussi pianiste.
Création, interprétation et mise en scène : Florian Lasne, Nagi Tartamella
Samedi 16 février 2013
L’affiche le dit, ils dansent. Ils dansent la vie, l’écoulement du temps, les jours, les heures qui rongent la gaieté de l’enfance jusqu’à ne laisser que la résignation de la vieillesse.
C’est du théâtre bien sûr, il y a des mots, des répliques, cela pourrait être aussi du cinéma muet, mais c’est surtout un ballet. Ballet de deux corps qui s’étreignent et s’épousent dans la jubilation de la passion avant de s’affronter quand le quotidien devient insupportable.
Cette création originale de la Compagnie Racines de poche a été présentée avec succès au public de Coye par l’association Tous en scène qui invite régulièrement des troupes jeunes et créatives à se produire sur le plateau du Centre culturel.
Une banale histoire de couple, et pourtant…
Faire un théâtre nouveau, résolument contemporain : telle est l'ambition affichée de Nicolas Barry, jeune auteur et metteur en scène de "Débris", la pièce qui a été présentée en création samedi 12 janvier 2013 au centre culturel de Coye-la-Forêt.
« Notre rôle, dit-il, est de changer le théâtre en étant les éponges d'un monde qui change [...] Notre démarche est de refuser les évidences, elles sont les pièges de la pensée, de refuser tout conformisme, tout déjà vu, de refuser la complaisance et le confort. »
L'évidence au théâtre serait d'éclairer la scène pour que les acteurs soient visibles, le conformisme serait de les faire parler l'un après l'autre pour qu'on les entende, le plaisant serait de raconter une histoire et de dérouler une trame narrative clairement compréhensible. Mais le spectateur est prévenu, il ne sera pas dans ce confort-là, il sera dérangé dans ses habitudes, il lui faudra mettre en sourdine sa rationalité et son entendement pour laisser plus de place à ses sensations et à ses émotions. C'est ainsi qu'à la sortie, certains pouvaient exprimer tout à la fois leur perplexité (" je n'ai rien compris ") et leur satisfaction (" mais j'ai beaucoup aimé "). C'est qu'indéniablement ils venaient de voir un vrai spectacle enthousiasmant, mais pour le moins déroutant.
vendredi 16 mars à 20 heures 30 au centre culturel
Par la compagnie des jeux de maux
Création collective de Nicolas Barry, Rémy Chevillard et Nadia Reeb.
Quand on entre dans la salle, ils sont déjà là, Il et Elle, immobiles, face au public. Entre quatre murs dessinés dans l'espace, dans une pièce étriquée, ils sont enfermés, comme emprisonnés derrière des barreaux de lumière. Leur présence dans une attitude complètement figée, leur apparence, leur maquillage surtout, indiquent clairement qu'on ne sera pas dans le réalisme.
En effet ils sont l'un et l'autre maquillés de telle sorte qu'ils semblent porter un masque blanc. Lui comme un vieux clown triste, vêtu d'un pantalon trop court et d'un gilet trop étroit, avec des chaussettes rouges et deux chaussures dépareillées aux pieds ; il est comme une espèce de mime un peu déglingué, et pourtant juvénile encore. Un personnage lunaire, égaré, bafouillant, maladroit. Fragile. Elle, jeune, belle, aux lèvres rouges, aux yeux soulignés, perchée sur des talons très hauts, moulée dans une robe noire. La Femme. Le prototype de la féminité. Mais elle ne joue pas la séduction. Au contraire elle est dure avec lui, rigide, cassante. Inflexible.