On doute de tout, Madame. On doute de tout. Enfin pourtant, depuis le temps qu’on doute, on aurait pu se faire une opinion. Eh bien, non ! On doute. On doute du temps, celui qu’il fait, celui qui reste, du temps avant la fin du monde, avant le dernier train pour Paris, avant qu’on n’ait plus le temps pour arrêter la montre... On doute, Monsieur. On doute. Par exemple, c’est l’heure d’hiver : est-ce qu’on rajoute ou on enlève cette fichue heure du creux de la nuit, qui d’ailleurs ne sert à personne sauf à la fièvre des amants, éperdus de gourmandise, ou aux biberons abusifs des nuits blanches des parents. On doute des mots, on doute des phrases. On ne sait plus à quel héros se vouer, se vendre, se fusionner le mental, pour enfin croire à quelque chose, croire en lui, croire à ses valeurs, à ses regards fiers sur le monde. « Papa, où t’es ? »