Il n’y a pas de douce Vérité. Le vrai est brut, cash, irrespectueux. La Vérité sort nue du puits des comptines de l’enfance. Obscène, poilue là où il faut, dépeignée, sa seule pudeur est de ne pas mentir. La vérité choque toujours. Elle exagère, force le trait, déclenche des « oh » et des « ah », ou des rires gênés. La vérité doit-elle être dite en public ? Supporte-t-elle la lumière ? Si tu veux la dire, il vaut mieux baisser la voix. Le murmure convient. Il peut ne pas s’entendre et laisser planer sur elle le voile pudique de l’incertitude. Regardons le sort terrible réservé aux lanceu.r.ses d’alerte. « Le premier qui dit la vérité sera assassiné ! » chantait Guy Béart, poète désuet du siècle dernier dont les photos jaunies sont rangées dans le carton sous l’escalier. Le temps passe. On a consacré plus de temps à enterrer les vérités sous le sable fin de l’oubli et les blocs de pierre des légendes, qu’à fouiller les ruines de l’Histoire.