Nos histoires nous identifient semblables et uniques, identiques et différents, comme des poissons dans l’océan indifférent des histoires des autres. D’abord, on procède du désir des parents, un flux fantasmatique et émotionnel qui les mêle dans l’apothéose d’un tourbillon de vie. Le fœtus léger se développe au chaud du ventre de maman, par douces étapes, inscrites dans la partition génétique de ses 46 chromosomes. Y sont enregistrés les plans de mille cathédrales humaines. Au bout du voyage, une seule sera construite. S’y ajoutent les mémoires secrètes des trois générations précédentes grâce aux marqueurs épigénétiques. Mais la société dirige le destin du petit fœtus dans son bain de miel saumâtre par son influence sur la maman et le papa (s’il est là).
Archives pour: "Avril 2018"
J'avais vingt ans quand le printemps faisait s'envoler les pavés parisiens. Des rêves plein la tête, nous découvrions la plage sous nos pieds. Nous disions qu'il fallait faire l'amour, pas la guerre. Nous voulions croire à l'amitié entre les peuples. Nous pensions que tout était permis, et nous proclamions qu'il est interdit d'interdire. L'heure était à la rêvolution.
Il ne fallait pas nous parler d'utopie. Tout nous paraissait possible. Est-ce qu'on n'avait pas envoyé des hommes dans l'espace, est-ce qu'on ne poserait pas bientôt les pieds sur la Lune ? Oui, tout serait possible dès lors qu'on ferait sauter les vieux carcans des conventions et de la morale. Du haut de notre jeunesse insolente, nous avions la prétention de refaire le monde. Vivre sans temps morts ! Jouir sans entrave ! L'homme ne serait plus asservi par le travail et la morale. La croissance illimitée des richesses matérielles permettrait de satisfaire les besoins de tous et l'on vivrait heureux sur une planète apaisée.