Depuis le début de l’EURO 2016 de football, d’où me vient cette désagréable impression de malaise devant les montagnes d’images, de sons et de phrases qui nous écrasent ? Je me sens au bas d’une falaise à me promener en regardant le ciel si haut, si dangereusement haut. Les enfants à l’école et dans la rue du village, s’habillent aux trois couleurs et s’en peignent le visage, des drapeaux flottent aux balcons et aux fenêtres des étages, les commerçants décorent leurs vitrines et les groupes de supporters vrombissent de rage dans les cafés coyens à l’heure des matchs. On ne se reconnaît plus dans les gens. Nos « concicoyens » se sont laissés pousser des crêtes de coq ridicules sur le sommet du crâne et déambulent en bandes tonitruantes. C’est peut-être mieux qu’une corne de rhinocéros, mais ça fait peur. Et tout ça pour ce qui n’est pas un événement !
Archives pour: "Juin 2016"
De Lyonel Trouillot
Mise en scène : Rémy Chevillard
Dimanche 19 juin à 17h, l’association « Tous en scène » présentait salle Claude Domenech la création d’un spectacle conçu autour d’un poème de Lyonel Trouillot , Le doux parfum des temps à venir, interprété par Jacqueline Chevallier, comédienne et par sa nièce, Flora Chevallier, violoncelliste.
(Lyonel Trouillot est un écrivain haïtien, né en 1956, professeur de littérature, journaliste, fondateur de revues ; il a écrit des textes de chansons interprétées notamment par Toto Bissainthe et a publié chez Actes-Sud plusieurs romans dont certains ont reçu des prix littéraires internationaux).
Depuis quelques semaines les Coyens se préparaient : on fouillait placards, caves, garages, greniers pour y trouver de quoi remplir le stand de la brocante réservé depuis mars. Cette année c'était décidé, la collection de petites voitures anglaises allait y passer.
Car c'est une aubaine, la brocante. Tous ces objets accumulés, les vêtements trop petits, passés de mode ou dont on s'est lassé, les bibelots que plus aucun meuble de la maison ne peut supporter, les vinyles qu'on a laissés dans un carton et les livres qu'on ne veut plus ouvrir vont enfin vider les lieux. Normal, il faut de la place pour les nouveaux, l'encyclopédie de la musique, la taupe en plâtre ou la robe de chambre vieux rose pur synthétique.
Cérémonie d’ouverture
Un moment magnifique ! Vendredi 3 juin, 300 enfants sur le stade, les deux écoles réunies, Centre et Bruyères, aux couleurs de huit pays, enseignants, professeur de sport, parents, maire et maire-adjointe, conseillers municipaux. Tous rassemblés autour du projet, faire vivre les Jeux Olympiques à Coye-la-forêt, comme un prologue à ceux qui se dérouleront l’été au Brésil.
Blanc la Grèce, vert les USA, orange le Kenya, jaune l’Australie, bleu la France, noir la Chine, violet le Royaume-Uni, rouge le Brésil. La fête des couleurs un gris matin de juin. Chaque athlète arbore la couleur de son équipe, un même tee-shirt pour tous, enseignants et encadrement inclus. Sur la pelouse bien verte du stade c’est une vraie joie pour les yeux.
De Matei Visniec
Théâtre de l’Exil – Calliope
Mise en scène : Christian Besson
Le choix est cornélien : Au moment où l’équipe de France en pleine reconstruction affronte l’Écosse, en province loin des inondations sociales et météorologiques, sous le regard narquois d'une majorité qui ne sait plus à quel saint se vouer... ; en pleine contre révolution où la barbarie des élites fait jour face au jusqu’au boutisme des masses défavorisées exclues du bonheur et victimes des pannes répétées de l’ascenseur social ; le Centre culturel de Coye-la-forêt prend le pari de réunir post festival les oubliés de la Culture, les amateurs de théâtre, pour combattre la morosité ambiante dans un texte de Matéi Visniec « Du pain plein les poches », en écho probablement aux madeleines que Marie-Antoinette voulut un jour distribuer pour calmer la foule assemblée au pied de son château !...
Mardi 31 mai, le Festival a fermé le rideau. Façon de parler, le rideau rouge est ouvert. Plateau nu de la salle Claude Domenech. C’est vide, c’est triste…
Après la soirée de clôture — heure du bilan, du discours et des petits fours —, après Vassilissa, le dernier spectacle pour enfants, l'équipe de régie s'est emparée du lieu pour le désosser, débrancher, décrocher, enrouler, ranger, plier, jeter, balayer. Il y a eu dans cette salle 17 spectacles et 27 représentations entre les 9 et 31 mai, 9 régisseurs Festival, 64 comédiens, plus de 6 400 entrées de spectateurs, et des applaudissements à ne pouvoir les compter.
D’après le conte russe Vassilissa la très belle
Compagnie Les femmes et les enfants d’abord
Mise en scène de Julie Cordier.
Le Festival se termine sur un conte pour les 750 enfants des écoles primaires de Coye et des environs venus écouter l’histoire d’une petite fille de leur âge. Avec Vassilissa, si belle et courageuse, ils sont entrés dans la forêt profonde des contes russes de tradition populaire. Une vie heureuse se mérite, semble-t-il, et le conte est une manière d’enseigner un chemin possible pour passer les obstacles. La petite fille doit d’abord vivre la perte de sa mère — le pire des chagrins —, puis travailler comme une servante pour une marâtre dédaigneuse et ses deux méchantes filles — Cendrillon a vécu cela aussi. Enfin, promise à une mort certaine dans la forêt et face à la sorcière Baba-Yaga, faire confiance à son bon génie, sa poupée, pour se tirer des mauvais pas. Alors, débarrassée des malfaisants, une vie heureuse s’offrira à elle. Du moins, on l’espère.