Vassilissa
D’après le conte russe Vassilissa la très belle
Compagnie Les femmes et les enfants d’abord
Mise en scène de Julie Cordier.
Le Festival se termine sur un conte pour les 750 enfants des écoles primaires de Coye et des environs venus écouter l’histoire d’une petite fille de leur âge. Avec Vassilissa, si belle et courageuse, ils sont entrés dans la forêt profonde des contes russes de tradition populaire. Une vie heureuse se mérite, semble-t-il, et le conte est une manière d’enseigner un chemin possible pour passer les obstacles. La petite fille doit d’abord vivre la perte de sa mère — le pire des chagrins —, puis travailler comme une servante pour une marâtre dédaigneuse et ses deux méchantes filles — Cendrillon a vécu cela aussi. Enfin, promise à une mort certaine dans la forêt et face à la sorcière Baba-Yaga, faire confiance à son bon génie, sa poupée, pour se tirer des mauvais pas. Alors, débarrassée des malfaisants, une vie heureuse s’offrira à elle. Du moins, on l’espère.
Le conte est tendre, ravigotant et joyeux, le spectacle aussi. D'abord grâce à Elodie Vom Hofe qui assume seule tous les personnages. Avec aisance, elle change de costume, de voix, de silhouette et de démarche. Tantôt petite fille, elle chante et entraîne les enfants dans son rythme. Sa poupée ne la quitte pas. Longue jupe rouge fleurie, tablier blanc, elle incarne ce que le souvenir a gardé du folklore russe. Mais devenue sorcière, enlaidie par un horrible masque, elle est capable de semer l'effroi dans les rangs. On entend même quelques pleurs dans la salle.
Le décor, peint sur toile par Camille Dorman, figure l'intérieur de la maison avec fourneau, buffet, étagères. Il se regarde comme un livre d’images. Des pop up font surgir des objets étonnants comme des crânes ou un chou. En fond de scène, un vrai placard peut même s’ouvrir où la petite fille se glisse pour disparaître dans la forêt. La mise en scène joue avec les éclairages pour créer une atmosphère et rythmer la narration : rayons du soleil matinal, arrivée de la nuit, obscurité effrayante.
Comme dans les jeux des enfants — « on dirait que ce serait… » — il a suffi de quelques cartons peints pour créer des personnages : on dirait que la théière serait la marâtre et que les tasses seraient ses deux filles. La voix de la comédienne fait le reste, l'essentiel pourrait-on dire. Mais n’oublions pas la poupée ! Bien en place sur le ventre de Vassilissa. Présence vivante d’ailleurs, puisque Vassilissa doit la nourrir. C'est elle qui console et rappelle la voix de la maman perdue, qui redonne courage à la petite fille, qui l'aide à trier les milliers de graines de pavots jetées sur le sol par la méchante marâtre. Sur scène, point de graines, juste le bruitage de leur crépitement quand elles s'éparpillent. Un spectacle qui suggère, qui parle à l'imaginaire. Une histoire dans laquelle l'enfant a recours au jouet, ici la poupée, pour avancer et grandir... sans sa mère.
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