Rideau !
Mardi 31 mai, le Festival a fermé le rideau. Façon de parler, le rideau rouge est ouvert. Plateau nu de la salle Claude Domenech. C’est vide, c’est triste…
Après la soirée de clôture — heure du bilan, du discours et des petits fours —, après Vassilissa, le dernier spectacle pour enfants, l'équipe de régie s'est emparée du lieu pour le désosser, débrancher, décrocher, enrouler, ranger, plier, jeter, balayer. Il y a eu dans cette salle 17 spectacles et 27 représentations entre les 9 et 31 mai, 9 régisseurs Festival, 64 comédiens, plus de 6 400 entrées de spectateurs, et des applaudissements à ne pouvoir les compter.
On s'était bien habitués à dîner en musique chaque soir devant le Centre culturel, accordéon, flûtes, guitare, trompette, chansons, danses... comme dans un restaurant de plein air, une guinguette sans bord de l'eau. Ambiance toujours joyeuse, prologue au silence qui s'installerait ensuite dans les gradins. On discute des spectacles, de ceux que l'on a aimés beaucoup ou pas du tout, en buvant un goûteux vin des vendanges d'octobre ou devant une assiette d'accras. On retrouve les amis, Vincent, François, Paul et les autres. Pour un peu on en oublierait qu'on est venus là pour le théâtre, si bien qu'à force de parler et de manger, on gagne son siège un peu tard et que le spectacle commencera avec un quart d'heure de retard. Tant pis, on est ravis!
C'est fini.
En piste, les régisseurs et les techniciens
Mardi après-midi, Franck Martin, régisseur général, est le metteur en scène de la pièce qui se joue devant des fauteuils vides. L’équipe des 7 s’organise, dresse les échelles, acrobatie indispensable en haut de la tour pour atteindre les cintres. Au sol, alignement des gros PC et des pars, gélatines roulées, câbles enroulés dans les malles, prises débranchées, gaffeurs décollés. Les derniers gestes sont pour la tour. Jeu de mécano pour imbriquer toutes les pièces et fixer les stabilisateurs selon les règles. Enfin plaquée contre le mur du fond de scène, la tour ne bouge plus. Repos jusqu'à... non pas jusqu'au 36e Festival, mais jusqu'au samedi suivant. Car si le Festival est terminé, le théâtre continue.
Quand l’ordre parfait règne enfin sur le plateau, en coulisses et dans les loges, l’équipe de techniciens se détend au QG, près de l’armoire de distribution d’où partent les câbles. La porte s’ouvre sur l’extérieur, on entend les oiseaux. Autour de Franck Martin, il y a Franck Seigneuric, Florian, Jaouen, Bruno, Olivier, Léa. Il manque Tanguy et Damien occupés sur un autre spectacle. Marqués par la fatigue, les visages sont pourtant joyeux.
Je fais remarquer que le métier doit être pénible physiquement. Certains acquiescent.
- On est des nomades, dit Franck, surtout dans les tournées, un jour ici, un jour ailleurs. Les week-ends ce n’est pas toujours pour la famille. Toutes les femmes ne l’acceptent pas. J’avais un stagiaire qui a quitté le métier à cause de cela.
On discute du Festival et des images qu’il a laissés à chacun, les meilleurs moments et les pires.
- Aucun pire souvenir, dit Franck Seigneuric. Pour moi, La Leçon version Tango a été le meilleur spectacle, d’une rare qualité. La pièce n’est pas facile à monter, elle a vieilli et la metteure en scène l’a rendue intéressante.
D’ailleurs, les deux spectacles que tous retiennent, ce sont « La Leçon » et « Touh ».
- Florian a adoré Touh avec les tours de magie, les slow motions, les idées innovantes.
- Franck Martin ajoute : C’était magique, cela avait un côté cinéma. Le Festival, c’est de mieux en mieux. Il y a une bonne entente entre tous, c’est l’harmonie dans les montages, ça roule.
- Olivier : Avec Franck, ça fait 17 ans que l’on se connaît, c’est un ami, je l’ai fait travailler au Théâtre de Ménilmontant, il me fait travailler. Dans notre métier, ça compte. Le plus éprouvant ici, c’est la tour !
Éric a été de passage, il travaille dans le studio vidéo de l’université Paris Diderot : Je suis un voisin de Franck M. je lui prête du matériel, un multipaires par exemple, il m’en prête aussi, on s’entraide.
- Jaouen : Je suis débutant dans le métier, il y a une bonne équipe ici, j’ai reçu de bons conseils de ceux qui ont de l’expérience. Nous sommes les hommes de l’ombre, conclut-il, et Franck S. en profite pour citer Prévert : « C’est ceux qui fabriquent la lumière qui vivent dans l’obscurité (Vie de famille). »
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