Une soirée sur le net
Notre association se devait d’être présente dans la mesure où elle utilise l’internet, via le blog qu’elle a créé, pour communiquer avec les Coyens. Nous sommes aussi parents, grands-parents et ce que vivent nos jeunes devant leurs écrans nous déconcerte parfois.
Invités par le maire de Coye-la-forêt, Philippe Vernier, et Perrine Virgitti, maire-adjointe en charge de la commission Enfance-Jeunesse, Arik Kadoche et Dan Elimeleh nous ont parlé pendant deux heures des mérites et des pièges de l’internet. Ils sont jeunes, bénévoles de leur association créée en avril 2008, et connaissent parfaitement leur sujet puisque leur profession les conduit à utiliser largement cet outil et à le promouvoir.
Leur association a pour objet la défense des droits des internautes ainsi que la promotion de l’internet. Elle prône un usage intelligent de la toile et aborde notamment la cyberdépendance, ou l’addiction à internet, et s’attaque aux sujets liés à la « cyberprédation ».
Elle veut aussi encourager ce qu’elle appelle la « web démocratie », l’expression de la démocratie par internet : faire qu’internet devienne un moyen d’expression au service de tous.
Arick Kadoche et Dan Elimeleh ont passé leur journée à Coye-la-forêt et visité les classes de CM1 et CM2 des deux écoles. Dans chaque classe ils ont sensibilisé les enfants aux dangers de ce media quand il est utilisé sans aucun garde-fou. Il s’agit de responsabiliser l’internaute à un âge où il se familiarise avec ces outils de communication. Ils ont donc abordé avec les enfants le problème de l’addiction, de la cyberprédation et rappelé la loi qui concerne le téléchargement. Pour ouvrir la séance en classe, ils utilisent un dessin animé qui évoque une situation familière rencontrée sur les sites de chats et les forums.
A l’issue de cette sensibilisation, les enfants se voient remettre, s’ils ont bien répondu au questionnaire, un passeport qui atteste qu’ils savent naviguer en toute sécurité sur le web.
L’objectif est que le jeune prenne conscience que, derrière le pseudonyme de la personne avec laquelle il discute, se cache une personne qu’il ne connaît pas. Donc à une personne que l’on ne connaît pas on ne fournit aucune indication sur sa vie privée ni sur celle de sa famille. On n’indique ni adresse, ni téléphone, ni le nom de l’école fréquentée, ni son emploi du temps, etc. De la même façon que les parents ont appris aux enfants à ne pas suivre un inconnu ou à ne rien accepter de lui, de la même façon ils leur rappellent qu’une conversation sur un chat ne fait pas de celui avec qui l’on discute un ami ou une personne de connaissance en laquelle on peut avoir confiance. Certains adultes sont extrêmement habiles pour obtenir des renseignements des enfants, leurs horaires, leurs adresses. Ceux-ci donnent parfois quelques informations qu’ils jugent secondaires et finissent par se dévoiler à des personnes mal intentionnées qui feront des recoupements, des déductions et pourront connaître leur identité. Faire prendre conscience que l’on ne sait pas qui se trouve derrière un pseudonyme.
Si l’enfant ou l’adolescent veut absolument faire la connaissance de quelqu’un avec qui il a dialogué sur un site, que les parents soient présents pendant cette rencontre. S’il a un doute sur un interlocuteur, la meilleure option est d’en parler à ses parents. Aux parents d’établir une confiance suffisante pour que leur enfant soit prêt à en discuter.
Leur faire savoir que tout ce qu’ils écrivent sur la toile, par exemple dans le cadre d’un forum, d’un blog, de face book, devient public et peut être exploité par n’importe qui.
La cyberdépendance est ce qui touche le plus les parents, inquiets de voir leurs enfants passer trop de temps devant leur écran. Si l’internet est un outil exceptionnel et incontournable « demain ne se fera pas sans internet », il faut aussi qu’il soit utilisé avec mesure et intelligence. Ne pas entrer en conflit sur ce sujet avec l’adolescent, ne pas jeter l’ordinateur, ni couper le câble. Internet est maintenant accessible partout, sur téléphone, dans cybercafés, etc. Mais plutôt dialoguer, partager un moment les connaissances de l’ado sur le sujet, découvrir avec lui ce qui le passionne dans l’utilisation de cet outil, dans les sites qu’il visite.
Etre vigilant si le nombre d’heures passées devant la toile est à mettre en relation avec une baisse des résultats scolaires, avec un manque de sommeil, une perte d’appétit. Certains jeunes sont capables de passer des nuits entières sur internet. Des groupes de jeux existent d’ailleurs qui imposent des temps de présence. Plus on passe de temps sur ces jeux, plus on est reconnu, plus on a l’impression d’exister.
C’est là qu’il faut montrer à l’adolescent qu’il est reconnu dans sa famille, au sein de son groupe d’amis, de son club de sport, et que son existence ne passe pas seulement par l’internet, que la vie ne se limite pas à ce qui se passe sur l’écran, qu’il y a des activités, des loisirs possibles pour lui en dehors de son écran.
Ne pas rentrer en opposition avec eux mais leur dire ce que l’on constate : voilà les risques, voilà le temps que tu passes sur internet. Proposer une autre utilisation, plus conforme avec la santé, l’équilibre et les exigences de la scolarité.
Contrôler ?
Il rappelle qu’il existe des logiciels de contrôle parental avec lesquels on peut définir des plages horaires d’utilisation ou bannir certains sites grâce à des mots-clés. Vous pouvez gratuitement activer le contrôle parental sur votre FAI (fournisseur d’accès à internet).
Le site E-Enfance aborde aussi ces sujets et a fait de l’audit de logiciels de contrôle parental.
Les enfants vont sur internet de plus en plus tôt et de plus en plus longtemps. La société évolue vers une utilisation générale de l’internet. Le tout est de savoir quand cela devient dangereux. L’outil s’appréhende avec mesure. Tout excès est nuisible. Les parents doivent se faire une culture de l’internet pour pouvoir dialoguer et ne pas imposer des règles draconiennes prématurément. Ne pas avoir peur de ce que l’on ne connaît pas. Si le jeune va sur internet, c’est qu’il y voit un intérêt ; l’accompagner, s’y intéresser aussi.
Dans l’Oise le Conseil général offre un portable à tous les collégiens de 5° et de 4°. Chacun va donc avoir un portable dans sa chambre. Comment les parents vont-ils gérer cela ?
-Il serait bon, explique, A. Kadoche, que cela s’accompagne d’une formation adaptée.
Le téléphone
Il faut savoir que la cyberdépendance concerne aussi l’usage du téléphone auquel recourent abondamment les jeunes, grâce notamment aux forfaits multiples de type illimité. On entre dans un processus de communication à outrance.
Avec une utilisation abusive du téléphone, explique A. Kadoche, le jeune va rencontrer un phénomène qui nuit à sa croissance et à sa maturité. S’il rencontre un problème, une difficulté, s’il a un conflit avec quelqu'un, il a le réflexe immédiat de téléphoner et de raconter ce qui lui arrive. Il se prive ainsi de « l’élaboration psychique des problèmes conflictuels », c'est-à-dire de ce moment où il se retrouverait seul avec ce conflit à gérer et sur lequel réfléchir. Le jeune se libère du problème en le racontant, mais il n’a pas fait son travail intérieur.
Des parents s’étonnent que sur hotmail surgissent des images inattendues à connotation sexuelle.
Attention aux cookies, dit le conférencier. Si l’on va une fois sur un site réservé aux plus de 18 ans, les cookies vont repérer que vous êtes allés sur ce site et vous enverront alors par la suite des images que vous ne souhaitez pas. Le mieux est de faire souvent « le ménage » de son ordinateur, c’est-à-dire de procéder à l’effacement des fichiers temporaires.
Ndlr : Si vous êtes novice, n’hésitez pas à venir aux cours d’informatique de Bernard Varon et de son association SOS+. Il vous expliquera tout !
Les popups sont ces fenêtres qui surgissent sur votre écran sans y avoir été invitées lorsque vous visitez certains sites. Dans la plupart des cas ce sont des publicités. Il existe dans le logiciel de navigation, Internet Explorer ou Firefox, le moyen de bloquer ces fenêtres, à l’aide de « popup killers ».
Le fishing : escroquerie qui se présente sous la forme d’une fausse vitrine de votre banque et vous demande votre code bancaire. Savoir que jamais votre banque ne vous demandera ce type de renseignement.
Achat en ligne : La loi veut que, si l’on s’aperçoit qu’un achat de mauvaise foi a été fait en ligne et qu’un débit indu a été porté sur votre compte, la banque est tenue de créditer votre compte de la somme voulue. Signaler aussitôt cet abus à la banque.
Ebay : Savoir que c’est une vente aux enchères. Donc si vous avez donné tel prix pour tel objet, et si personne n’a renchéri après vous, vous êtes considéré comme l’acheteur. Et l’on vous demandera de payer.
Une adolescente parle de son blog : Comment faire pour que quelqu’un ne le pirate pas et y fasse paraître des articles à la place de son auteur ?
- Le mieux est de changer souvent de mot de passe.
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2 commentaires
Commentaire de: David Membre
Commentaire de: Les Robins du Web Visiteur
Nous avons apprecié les échanges avec les Coyens, enfants & parents.
Nous sommes à votre disposition sur le forum de notre site internet.
Pour répondre aux craintes émises à propos des portables offerts par le Conseil Général de l’Oise aux collégiens de 5ème et de 4ème , il faut rappeler que les logiciels qui seront installés sont des applications éducatives, de bureautique et de soutien scolaire peu propices à développer des conduites addictives comme la messagerie instantanée et les jeux. Ces ordinateurs offriront évidemment la possibilité de se connecter à internet mais il appartiendra à chacun, comme le rappellent les « Robins du Web », d’en contrôler l’accès. La logique de l’opération « ordi60 » est de permettre une plus grande égalité des chances face aux savoirs numériques, non d’annuler l’effort d’éducation des parents.
Tout ce qui a été dit sur les dangers à dévoiler sa vie privée à un inconnu sur un logiciel de messagerie instantanée est également valable pour un blog. Souvent confondu avec un journal intime, le blog n’a pourtant rien de privé puisque tout le monde peut le consulter. De la même manière, la liberté d’expression que permet la « web démocratie » n’autorise pas tous les propos, y compris dans les commentaires laissés par les internautes. Les propos injurieux, diffamatoires ou portant atteinte à la vie privée restent des infractions punies par la loi et peuvent obliger les parents à payer des dommages et intérêts. A l’heure où de plus en plus d’élèves sont exclus par le conseil de discipline de leur établissement pour avoir injurié des profs sur leurs blogs, il n’est peut-être pas inutile de rappeler ce qu’on peut et ce qu’on ne peut pas faire. A ce sujet il existe ce petit guide « Internet et moi » qu’on trouve sur le forum des droits du net http://www.foruminternet.org