BOB ET BETH
Création, interprétation et mise en scène : Florian Lasne, Nagi Tartamella
Samedi 16 février 2013
L’affiche le dit, ils dansent. Ils dansent la vie, l’écoulement du temps, les jours, les heures qui rongent la gaieté de l’enfance jusqu’à ne laisser que la résignation de la vieillesse.
C’est du théâtre bien sûr, il y a des mots, des répliques, cela pourrait être aussi du cinéma muet, mais c’est surtout un ballet. Ballet de deux corps qui s’étreignent et s’épousent dans la jubilation de la passion avant de s’affronter quand le quotidien devient insupportable.
Cette création originale de la Compagnie Racines de poche a été présentée avec succès au public de Coye par l’association Tous en scène qui invite régulièrement des troupes jeunes et créatives à se produire sur le plateau du Centre culturel.
Une banale histoire de couple, et pourtant…
Elle – Nagi Tartamella, si expressive –, elle est la douce et naïve, celle qui croit que le jeune homme qu’elle a rencontré est le magicien qui la rendra heureuse. Tout son visage dit l’élan, l’espoir, la confiance, la joie. Elle fait virevolter sa robe, elle vit dans une ronde qui la laisse étourdie. Justement elle n’a rien vu ! Elle n’a pas vu qu’avec sa petite sacoche noire, sa moustache et son costume de bureaucrate, lui – Florian Lasne – ne savait rien du plaisir de la vie et qu’il passerait son temps à courir après le temps, après l’argent… sans plus la voir. Pendant qu’il court elle reste enfermée, elle fait le ménage. Quelle énergie elle met à frotter le parquet ! Est-ce que les désillusions s’effacent avec un chiffon ?
Alors quand ils se retrouvent le soir, il y a le silence ou les combats. À qui fera mouche, sera le plus blessant. À qui vaincra. Les corps se hérissent, montrent leurs angles, empoignent, menacent, repoussent. Oubliées les rondeurs de l’amour.
Non, ça ne finit pas dans le sang. L’humour est là, avec notamment un magistral duel de cow-boys, - Florian Lasne y excelle, le poignet aussi souple que celui de Billy le Kid. Et les corps vieillissent aussi. Plus la force de combattre, la carcasse s’est voûtée, le pied traîne, le genou s’est raidi. Alors dans la solitude à deux on se tient compagnie. Faute de mieux, on se réconforte et on finit par se caresser la main. Tendresse tardive ! Y croit-on ?
La compagnie Racines de poche crée là un spectacle étonnant. Le travail des comédiens redonne au corps toute sa place et fait peu à peu disparaître les mots. Gestes, mimiques et déplacements expriment les émotions et les tensions, car le corps parle toutes les langues. Rien de mélodramatique ni de tragique dans cette création. Plutôt un regard distancié et amusé sur la vie. Ainsi une banale, ou tragique, histoire de couple est-elle agréablement colorée par la dérision et l’humour sans lesquelles la réalité serait insupportable. Le spectateur entre dans le jeu facilement d’autant que les clins d’œil vers le cinéma sont nombreux, Keaton, Chaplin ou les héros de westerns qui jouent du révolver avec brio. Ici on joue de son corps avec brio !
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3 commentaires
Commentaire de: Jonas (visiteur) Visiteur
Commentaire de: Marie Louise Membre
Jouons un peu…
Bob… est bête!
Bob sait déjà où est son pantalon
Bob ne craint pas de sortir en caleçon - celui-ci est fort seyant!
Commentaire de: Jonas Visiteur
Merci, Marie-Louise, on peut donc continuer, résumons :
1ère partie du spectacle :
Le beau Bob est bébête, et la Beth est bimbo ébaubie sur un banc. Bob en reste baba !
2ème partie :
Deux bobos sans baby ? Oui, et Bob est barbant et la Beth a bobo. Beth abat donc Bob – Oh ! – et danse le be-bop. (Que font donc les bobbies ?)
3ème partie :
Mais Bob a bon babil : il embête encore Beth. Or Beth et Bob ont bu : ils baillent sur le banc.
Epilogue :
La bibine a bon dos. Bob et Beth sont poivrots. Qu’ils s’achètent un bistrot !
Une question (je m’adresse aux messieurs) :
« Lorsque vous vous proposez de changer de vêtements pour sortir le soir et, lorsque, en conséquence, vous vous trouvez un instant en caleçon, cherchez-vous en premier votre veste ou votre pantalon ? »
La réponse cartésienne me paraît être : « le pantalon, bien sûr ! »
Eh bien, non ! Au début du spectacle, les très nerveux Bob et Beth, en petite tenue, cherchent leurs habits respectifs que Beth (l’étourdie, la distraite, la désordonnée, mais la si délicieusement féminine Beth) a une fois de plus égarés. Beth donc, vêtue d’une courte combinaison bleue, cherche avec excitation sa jolie robe blanche ; Bob, ajusté d’un boxer canari exposant ses superbes cuisses d’haltérophile, exige SA VESTE. Le public, qui comprend tout, voit bien que robe et veste sont accrochées face à lui sur un panneau, mais que Bob et Beth ne peuvent pas les trouver sans regarder à cet endroit de la scène qui leur est caché et que, si Bob avait réclamé son pantalon comme il eût été logique, il aurait fallu sur le panneau, accrocher un pantalon au lieu de la veste…
Mystères du théâtre !… ou alors c’est que l’un des personnages est Bo, l’autre est Bébeth , mais ce n’est pas celui qu’on pense !