L’Apprentie-sage femme
de Karen Cushman
En Votre Compagnie
Mise en scène de Félix Prader
Quelle performance! Quelle comédienne!
On hésite à commenter pour garder intacte la magie du spectacle... Mais est-ce de spectacle qu'il s'agit alors qu'"elle" nous tient de tout son être, de toutes ses "tripes", de sa voix, de sa geste...?
Elle est là, seule en scène, son grand tablier comme une armure dérisoire, protégeant un corps qui n'ose exister, les épaules ployant déjà sous le poids d'une jeune vie qui ne lui a rien donné... Petite chose, petite fille qui déroule une vie sans histoire, de la voix blanche des sans-voix, qui survit dans un présent sans lendemain...
Mais voilà que le regard de Jane la Pointue, la sage-femme du village, la révèle à elle-même, la fait naître. Elle devient cette présence rude et tendre, crue et aimante — comme une évidence qui rejoint les fondements mêmes de la vie. Elle devient "ce qu'elle est" par une mue formidable qui la fait exister aux autres et à elle-même. Elle n'était rien, ne savait rien mais elle ose regarder, sentir, toucher, exprimer cette tendresse qui bouscule et emporte.
C'est sur ce même chemin que nous entraîne Nathalie Bécue, formidable comédienne pétrie d'humanité qui, d'un geste, d'un regard nous révèle son personnage et la foule de ceux qui l'entourent — terreau de son jeu, de son existence même. Elle se nourrit de leur quotidien, de leurs attentes, de leurs souffrances et de leurs joies pour dire une authenticité qui ne nous lâche plus.
Hymne à la vie, à l'essentiel... de quoi retrouver enfin ce qui vaut d'être vécu! Merci à vous Nathalie Bécue!
L'APPRENTIE SAGE-FEMME De Karen Cushman
PARTAGER |
3 commentaires
Commentaire de: Ghislaine Bockhoff Visiteur
Commentaire de: Marie Louise Membre
Une soirée magnifique! Un très beau texte qui nous parle, et une grande comédienne. Dans la nudité du décor, j’ai vu la campagne, la ferme et la cour boueuse, l’étable où naît le veau, j’ai senti les saisons passer, j’ai vu la sage-femme au nez pointu, sèche et impitoyable. J’ai vu la mare où “le cafard” découvre son visage, j’ai senti l’eau de la rivière où elle se baigne. Le théâtre existe quand le comédien nous donne un monde à voir.
Un très grand moment dans ce 36° festival.
Commentaire de: claud(ette) Visiteur
Je suis restée un long moment sans pouvoir parler après la représentation tant Alice “le cafard” m’a émue. J’étais complètement transportée par le texte et la fascinante interprétation de Nathalie Bécue.
Inoubliable!
Je suis toujours admirative devant ces comédiennes qui se lancent le défi de rester seule en scène pendant plus d’une heure et parviennent à captiver le public. Quelle prouesse aussi bien pour Coraly Zahonero qui a porté son texte audacieux sans aucune égratignure que pour Nathalie Bécue si émouvante dans son rôle de laissée-pour compte.