Les foules hurlent. Les gens se taisent.
Il y a urgence ! Les communautarismes se raidissent. Les gens ont peur. Le Vendredi, dans « les quartiers » et leurs rues adjacentes, des hommes en djellabas harcèlent les jeunes femmes en jupe. Le sectarisme remplace la piété. Les lieux de culte sont devenus des indicateurs identitaires. La peur s’infiltre. Les âmes s’imbibent de colère. La France se dépêche de profiter de ce qui pourrait être une de ses dernières vacances. Les jeunes hommes circulent en bandes et se regardent de travers. Les informations sont alarmantes. La météo transforme le beau temps en canicule et la pluie en tornade. Les continents sont des chaudrons brûlants. Les grandes puissances ne cessent de se grandir en montrant leurs ergots et en gonflant leur jabot.
La planète chauffe au rouge. On surveille désespérément la température des volcans. Mais la colère est le sang de la guerre. Les hymnes ronflent au-delà des stades de football dans le tournoiement des foules folles sur les boulevards. Elles brisent les vitrines du monde besogneux et tranquille de la consommation. Sur les mêmes boulevards, les armées défilent au pas. La société sexiste couvre les cris de ses victimes par des chants de guerre. Il y a urgence. Les défenseurs du droit et de la justice, les combattants de la paix et de l’égalité, les chercheurs et les chercheuses qui se creusent la cervelle à disséquer la République pour en faire une démocratie se sentent isolés. Toutes et tous sont pris au piège de la montée des peurs. Ils s’accrochent encore à des îlots de réflexion et de dialogue que les crues des haines négligent dans quelques capitales européennes. Il y a urgence. Les dirigeants assument leurs ventes d’armes aux belligérants. Les grands hommes politiques travaillent assidûment à rendre crédibles les arguments qui rendront justes leurs guerres. Les foules hurlent. Les gens se taisent. Les faibles, les exclus, les veuves et les orphelins, les femmes handicapées comme tous les oubliés des cours des miracles savent pertinemment qu’elles seront les premières victimes. Il ne nous restera peut-être bientôt que nos yeux pour pleurer.
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1 commentaire
Commentaire de: Nora Muller-Conte Visiteur
excellent choix de titre.