Noir, c'est noir
Répondant à une proposition du PNR, la mairie de Coye-la-Forêt s'est portée volontaire pour qu'une société de conseil "À ciel ouvert" fasse une étude sur le traitement des eaux de pluie dans l'espace public de notre territoire communal. Dans la perspective de l'adaptation au changement climatique, il est recommandé de désimperméabilliser les sols et de végétaliser l'espace urbain le plus possible.
Or parallèlement à cette réflexion entamée depuis plusieurs mois déjà et largement ouverte à la société civile (en dehors des conseillers municipaux de la majorité et des oppositions, sont également associés Coye en Transition, La Sylve, La ferme du quartier), je découvre avec consternation qu'un deuxième tronçon de la rue de la Charmée vient d'être refait. Cette petite rue si bien nommée, quoiqu'on n'y voie point de charmes, mais qui, bordée de hautes graminées ondulant dans le vent, avait une allure champêtre, effectivement charmante, cette toute petite rue vient de subir une marée noire. Une nappe d'hydrocarbure l'a entièrement recouverte. Sur cette voie où deux voitures ne peuvent pas se croiser – c'est dire l'intensité du trafic ! – sur cette route qui, en l'état, était parfaitement carrossable, on a déversé d'un bord à l'autre une large couche de bitume, brûlante, noire et visqueuse, répandant des vapeurs toxiques. Dans le milieu de la chaussée, on a disposé des plaques de béton destinées à recueillir les eaux de pluie et à les conduire vers l'aval, jusqu'à la bouche d'égout, c'est-à-dire qu'on a effectué tout l'inverse des recommandations qui nous sont données par les spécialistes, puisqu'il faut au contraire le plus possible retenir l'eau là où elle tombe.
Noir, c'est noir. Le résultat est esthétiquement consternant. Mais il s'agit là d'une question de goût, ça ne se discute pas. En revanche, quand on sait que plus le revêtement est sombre, plus il capte et emmagasine la chaleur (et ça, c'est scientifique et indiscutable), on se dit que décidément, on a tout faux.
Au milieu de ce désastre, j'ai remarqué qu'on avait épargné deux petits espaces sur les côtés où poussaient des roses trémières. C'est bien, c'est même presque incroyable, une pareille précaution étant inconcevable il y a encore cinq ou six ans. Donc réjouissons-nous, les idées progressent ! Mais pourquoi ne pas appliquer complètement dès à présent les préconisations de l'étude commandité par la municipalité ? On aurait pu laisser une bande végétale sur les deux côtés de la rue dans toute sa longueur et permettre à la végétation de reprendre ses droits. C'était le moment de mettre en application les mesures de sauvegarde qui nous sont conseillées. Ou alors à quoi ça sert de demander conseil ?
Pour moi, cette réalisation a le goût amer des occasions ratées.
À petite et grande échelle, quand va-t-on cesser de dévaster le monde ? Était-ce vraiment nécessaire et urgent de recouvrir La Charmée de bitume ? Il en est de même pour la bordure ouest de la place Blanche. Elle n'était pas en si mauvais état. [...]1
Depuis 2017 il est interdit de répandre dans les rues des produits dits phyto"sanitaires" qui ne sont rien d'autre que des poisons On commence à voir le bienfait du "zéro-phyto", adopté dès 2016 à Coye-la-Forêt, avec l'explosion des coquelicots partout, des roses trémières qui se déploient à cœur joie et d'autres plantes de toutes sortes qui se fraient un passage et nous réservent des jolies surprises, comme ce petit bouquet de pensées dans un recoin discret de la rue Blanche. Ceux que les pissenlits et autres chélidoines dérangent, peuvent toujours s'armer d'une binette et "nettoyer" (si c'est le terme qui leur semble convenir) devant leur porte. On n'a jamais fait beaucoup de dégâts avec simplement de l'huile de coude.
Mais on peut aussi essayer de changer notre regard sur les choses : qu'est-ce qu'on veut dans la rue ? Du noir, rien que du noir ? Le bitume, loin d'être "propre", est polluant, uniforme et mortifère, tandis que les herbes ne sont pas "sales", elles vivent, changent de jour en jour, apportent de la variété, de la biodiversité et des couleurs, du vert, du rouge, du jaune, du bleu. C'est quand même étrange de préférer la mort à la vie.
1 À la suite de la communication de M. François Deshayes, le paragraphe concernant l'impasse des Margotins a été supprimé puisqu'il s'agit d'une voie privée dont le revêtement, assuré par les copropriétaires à l'issue des travaux, est projeté pour septembre.
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3 commentaires
Commentaire de: Deshayes Visiteur
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Monsieur le maire,
oui je suis sincèrement désolée mais votre message s’est retrouvé malencontreusement dans ma boîte des "indésirables" que je ne vide pas tous les jours et je ne l’ai donc pas vu avant de rédiger ce billet. Je vous prie de m’en excuser, il est évident que je l’aurais rédigé différemment, car je comprends vos arguments.
Je me demande quand même si, collectivement, on ne pouvait pas trouver une solution moins "violente". Même si c’est en dehors du périmètre de l’étude, peut-être "A ciel ouvert" aurait-il pu faire quelques suggestions (au moins oralement).
Le problème est-il le même place Blanche ?
Commentaire de: francoise Membre
La Place Rouge était blanche chantait Gilbert Bécaud.
La Place Blanche était rouge brique pouvaient chanter les Coyens.
Si une grande partie de la place a gardé cette teinte agréable et reposante, le noir a hélas envahi tout un côté et mord même très vilainement sur le terre-plein.
Au fur et à mesure des réfections de nos rues, serons-nous condamnés à voir de plus en plus la vie en noir plutôt qu’en rose ?
Bonjour
Pour être totalement transparent et objectif, vous auriez pu compléter en apportant la réponse que je vous ai transmise suite à votre mail. Bonne journée