De l'ombre à la lumière : la régie du Festival
En attendant les trois coups
Pièce en quatre actes
Acte 4, scène 1
Le théâtre c’est avant tout un lieu où se produisent des comédiens sur une scène. Ce sont eux que le public admire dans la lumière des projecteurs et pourtant les hommes de l’ombre veillent. Ils font partie de ce qu’on appelle « LA REGIE » : cette grosse machine qui entoure le comédien, le protège, le suit pas à pas et recrée autour de lui une ambiance, une atmosphère, comme dirait la Grande Arletty dans le film « Hôtel du Nord ».
Grâce à la technique qu’ils dominent, ces hommes, sont en quelque sorte des magiciens.
Ici pas d’improvisation, tout doit être réglé au millimètre près. Les comédiens le savent et remercient toujours leur travail par un salut fraternel.
Quatre hommes composent l’équipe technique du festival : Franck, Daniel, Roland, Nicolas remplacé par Bruno de temps en temps.
Franck est né à l’Isle-Adam en 1965. Il se définit comme auto-entrepreneur et intermittent du spectacle. C’est lui qui gère tout ce petit monde en l’occurrence très compétent. C’est un habitué du festival. Déjà en 1994, il travaillait avec Rémi Bourgade, son ancien patron, appelé à d’autres fonctions, (actuellement directeur technique du théâtre Montpensier à Versailles). Il a pris la relève. Franck a une formation d’électricien. Très jeune il est attiré par le spectacle vivant. La technique c’est son truc. Nous pouvons parler ici de vocation. En 1989 il rejoint l’équipe des Ballets Rèda que l’on
peut voir à la télévision. Avec eux il part en tournée : le Japon, les Caraïbes… Il a la chance de travailler pour les grandes scènes nationales ainsi que le Zénith, la grande halle de la Villette, l’amphithéâtre de Carcassonne (pendant le festival d’été ). Bien qu’il soit toujours à la recherche de contrats sa petite entreprise ne connaît pas, à ce jour, la crise. Tout le matériel lui appartient. C’est sa « caisse à outils » aime-t-il dire. Attention ce n’est pas une petite caisse portative, elle représente une centaine de gros projecteurs, des dizaines de mètres de rallonges, des câbles de toute sorte, des lampes….
Roland 29ans, est né à Champagnole en Charente-Maritime. Il est assistant-technicien avec des notions de son. Cela fait huit ans qu’il est sur à Paris pour le travail. Une forte motivation est ancrée en lui. Les stages ne lui font pas peur. Il entre dans une « boîte » événementielle et de prestations de services. Il rencontre des orchestres et des groupes musicaux. C’est son domaine puisqu’il est aussi batteur. Les grandes salles de spectacles, il connaît : La Grande Halle, la Cité de la musique …. Il travaille au « NEW-YORK » rue de Rivoli où se produisent des groupes d’électro-pop et…pour le festival de Coye-la-Forêt.
Daniel 40 ans, est né à St-Tropez. Cela fait 23 ans qu’il est dans le métier comme son frère du reste. Il est monté à Paris pour trouver du travail. Il s’est formé comme l’on dit « sur le tas ». Une bonne école si l’on aime la technique et il adore. Il a travaillé à la « LOCOMOTIVE » une discothèque à Pigalle où se produisent des travestis. Il est employé par la société Régisel à St-Mandé ; c’est une entreprise de sonorisation et d’éclairage, une des toutes premières en France. Avec Drouot-Production il part pendant 8 mois en tournée dans toute la France avec Patricia Kass. Il a participé, sur le plan éclairage, à la rénovation des monuments de Paris (exemple : la rue Royale). Il faisait partie de la technique pour le grand concert de Jean-Michel Jarre lorsque celui-ci s’est produit sous la Grande Arche de la Défense. Son ambition serait d’être concepteur d’éclairages ce qu’il fait occasionnellement.
Bruno, 47 ans est né à Paris. Lui, c’est l’artiste. Il alterne entre le métier de bassiste et guitariste et celui d’ingénieur du son. Ses parents lui font apprendre la musique. Il aura la bonne fortune d’accompagner en récital le chanteur et comédien Tom Novembre. En tant qu’ingénieur du son il s’occupe du spectacle d’Elie Sémoun : un homme qu’il apprécie pour son grand professionnalisme. Toutes les grandes salles de France et de Navarre n’ont plus de secrets pour lui, les Zénith, la Cigale, l’Olympia…Ce qui l’intéresse c’est le spectacle sous toutes ses formes. Gageons qu’il connaîtra encore de grands moments de bonheur dans la profession qu’il s’est choisie.
La journée de l’équipe commence entre 8h et 8h30 du matin C’est l’heure aussi de réceptionner le matériel de la Compagnie qui va jouer en soirée. La solidarité dans ce métier n’est pas vaine. Tous sur le pont. On aide à décharger les décors puis à les monter selon un plan précis. L’équipe est polyvalente, elle touche à tout. La scène, lieu de toutes les attentions, devient une vraie ruche. On entend des mots comme « plan de feux » « implantation lumière » « une Fresnel » « cycliode » « gradateur » « barnier » « Patch »
Franck a en main 5 feuillets très précis fournis par la Compagnie :
1- La fiche technique
2- Plan de feu cintre (circuits)
3- Plan de feu sol (gélatine)
4- Plan de perches
5- Plan de pendrillon
Arrêtons-nous un instant sur la Fiche technique pour la pièce « LA FLUTE ENCHANTEE ». Celle-ci nous indique le matériel à fournir par la salle ou l’organisateur sauf indication contraire.
SCENE : Elle précise l’ouverture, la profondeur, la hauteur.
DECOR : Il est totalement autoporteur ; aucune accroche n’est requise dans les cintres.
MONTAGE : Un technicien lumière doit assurer l’équipement de la salle selon le Plan de feu et la liste du matériel. La lumière doit être prête au réglage à l’arrivée du régisseur.
LOGES
LUMIERES : Blocs puissance, console, projecteurs, gélatines filtre LEE : Teinte :008/102/105/119/ etc.
SON
EFFET : Fumée, pyrotechnie.
Lorsque le spectacle commence, la régie est au repos mais demeure vigilante. Elle est là pour pallier la moindre défaillance. Lorsque le rideau tombe elle se remet en action. Elle démonte les décors et prend de l’avance pour la journée suivante. Elle termine, bien souvent, vers 2 heures du matin.
Le métier est dur, éprouvant, difficile à concilier avec une vie de famille. C’est une profession mal aimée de l’administration. Plus de considération serait bienvenue.
Alors coup de chapeau pour ces hommes de l’ombre qui nous donnent à leur manière, notre part de rêve.
Je suis impressionnée! quand je pense que ces pros, entre le Zénith, l’Olympia et l’Arche de la Défense, passent par le petit Centre culturel de notre petit Coye-la-forêt… je me sens très fière!