Marcher, regarder, écrire et jouer
Création de Calliope Collectif
L’affiche était prometteuse, qui offrait les dunes orangées de Namibie. La « guinguette poétique » annonçait la danse des corps et des mots. Et le programme distribué à l’entrée du centre culturel ce vendredi 15 avril nous assurait un embarquement immédiat « dans le sens de la marche ». Calliope Collectif avait préparé spécialement pour nous, les habitants de Coye, une soirée théâtrale originale où les spectateurs ont découvert la correspondance qui se tisse au fil des voyages entre le marcheur, l’arpenteur de terres nouvelles et celui qui est resté au pays et se nourrit des lettres ou des cartes postales qu’il reçoit.
Des lectures de lettres donc, d’abord celles d’un certain Marc qui s’est embarqué gare du Nord à bord d’un TER pour venir à Coye-la-forêt et qui découvre… D’abord que pour aller à Coye il faut prendre un billet pour Orry, « pour C taper O », ensuite qu’il y a dans cette gare une bibliothèque, et qui musarde dans le village, du cimetière à l’allée des vaches, en passant par le PMU. Lui répondent d’autres grands voyageurs, Nicolas Bouvier sur les routes du Penjab, Blaise Cendrars « Dans le rapide de 19h40 », Sigismund Krzyzanowski aux prises avec le plan de Moscou.
Le spectacle « marche » bien au-delà d’une simple lecture de textes. Les acteurs de cette création collective rendent sur scène le mouvement du voyage, la marche qui fait vivre le corps, lui donne une allure, un rythme. La musique de Jacky Martial, tantôt jazzy, tantôt créole, accompagne ce balancement des mots et des corps. Les robes noires dansent, les pieds martèlent, glissent, les bouches murmurent, scandent. Grande sobriété de la mise en scène – bancs, cubes, jeux de lumière sur les costumes noir et blanc ponctués d’une touche rouge - qui intègre avec naturel les spectateurs assis de part et d’autre du plateau et qui permet à la gestuelle des acteurs de prendre toute sa force. Le spectateur est un invité de la soirée à qui l’on offre un rafraîchissement ou que l’on fait danser pendant l’entracte, sollicité par les musiciens sur scène - Jacky Martial, Harry Martial et Dora Bailey - qui ont accompagné les lectures de leur voix et de leurs instruments, guitares et percussions.
La réussite de ce voyage est due au travail collectif de cinq comédiens : Marc Beaudin, Thierry Charpiot, Anne Seiller, Raphaëlle Trugnan et Véronique Veillard, cette dernière ayant assuré la mise en scène en collaboration avec Thierry Charpiot. A la suite d’une promenade dans Coye-la-forêt en février 2011, tous se sont retrouvés pendant quatre jours pour composer des textes qui rassemblaient leurs impressions sur ce village qu’ils avaient découvert pour la première fois, et y mêler des récits de voyageurs bien connus. Après écoute des textes, Jacky Martial a créé une ambiance musicale selon laquelle la rythmique du texte s’est ensuite organisée.
Pari audacieux que d’oser confronter aux grands espaces russes ou indiens une commune de l’Oise, si petite et si ordinaire, devenue invisible à force d’être familière. Mais pourquoi pas ? Tout est une question de regard. Le pari a été gagné.
Galerie Photos : Marcher, regarder, écrire et jouer
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2 commentaires
Commentaire de: dominique Visiteur
Commentaire de: Grand duke Membre
Bonjour,
j’aurais aimer voir des passages de cette originale soirée théâtrale de Coye, est ce que l’on peut pas trouver sur internet ?
sur cette photo, on dirait Pierre Perret …quand il était jeune!
Beau travail collectif!!!