COMMENT NARVALO TROMPA LE DIABLE
De P. Fauliot, P. Fischmann, A. Stroeva, G. Kabakova, A. et B. lordan
Compagnie L'Archet et Soufflet
Mise en scène Blandine lordan et Elise Beckers
Et vive la musique ! vive le violon, l'âme, les ouies, l'archet ; vive l'accordéon, son clavier et son soufflet ! La musique tsigane entre en scène, dans le rouge, l'or, le noir, dans les plis de la jupe qui tourne, dans la main qui frappe le tambourin, fait virevolter l'archet, ouvre l'accordéon. Le 33° Festival fait son entrée avec l'histoire du peuple tsigane - peuple du vent, peuple musicien - que Blandine et Adrian Iordan offrent aux enfants. Cette histoire, c'est un long voyage aux péripéties légendaires, qui mène de l'Inde à la Roumanie, en passant par la Perse, une histoire de voyageurs, d'aventuriers et de musiciens, de dresseurs de chevaux et de chaudronniers.
Tout part d'un violon, dont Blandine, la comédienne, joue avec brio et dont elle veut raconter l'histoire. Violon de son arrière grand-père, Narvalo, pauvre hère venu d'Orient sur son âne, qui vendit au diable le précieux instrument contre l?or de la rivière. Mais le violon ne donne ses plus beaux sons qu'aux tsiganes, c'est bien connu : « Je t'ai donné mon violon, mais pas son âme ». Le diable en est donc pour ses frais tandis que Narvalo devient riche. Au récit de la vie de l'ancêtre qui trompa le diable succède celui de son fils Bartolo le chanceux épris d'aventure. Parcourant le monde il va à la rencontre de son peuple. De chaque tribu où il cherche refuge il apprend : « Ici, on ne mange que si on travaille.» Chez les Kalderachi on travaille le métal, chez les Lovaras on soigne les chevaux et chez les Laoutari on fait la fête, on vit avec la musique. Bartolo connaîtra aussi l'amour, vous vous en doutez, avec Marichka jalousement gardée par un père intraitable mais dont les amoureux se joueront et tout finira en danses et musique.
Entre récit et musique l'attention des jeunes spectateurs ne faiblit pas. Le rythme est enlevé, les instruments varient comme les mélodies, tantôt mélancoliques, tantôt vibrantes et fougueuses, les costumes changent, s'enlèvent, s'ajoutent et créent les personnages. Adrian Iordan, comédien et accordéoniste, sait tout faire, une casserole lui est un tambour, il change de nez, porte des cornes de diable, se transforme en jeune fille à marier. Blandine est tout à tour la jeune et brillante violoniste, le pauvre Narvalo qui ramasse le sable d'or de la rivière, enfin Bartolo le bel amoureux. Et le voyage dans le temps et à travers le monde se fait sous des drapés colorés, tentes éphémères de ceux qui aiment la liberté.
Le violon et l'accordéon des tsiganes nous invitent ainsi à partir en voyage, à lâcher le quotidien pour entrer dans l'aventure et vivre sur les chemins de l'imaginaire pendant trois semaines. Bravo à la compagnie qui a eu le privilège et l'art d'initier le parcours !
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