Rencontre avec STRAIT
49° Salon des Beaux-Arts
Quand le quotidien est étouffant ou les perspectives un peu grises, la rencontre avec l’artiste peintre plasticien est une bouffée d’oxygène. Ses tableaux ont imposé la couleur au parcours du visiteur du Salon, toile sur laquelle s’avançaient avec grâce les courbes des sculptures de Guy Geymann, point d’ancrage abstrait d’où la promenade pouvait se poursuivre ailleurs, puis revenir.
L’homme – on pourrait presque dire le jeune homme, puisqu’il vient juste de dépasser 40 ans – est simple, naturellement chaleureux, la conversation avec lui prend un tour familier. Il s’exprime aussi volontiers sur son parcours d’artiste que sur ses convictions et ses valeurs d’homme. « Longtemps je me suis senti isolé, car je représente cet art qui vient du graffiti, ce mouvement que l’on appelé dans les années 85 le street art. Dans la rue, on s’approprie des surfaces, des supports nouveaux, on est en lien direct avec l’architecture. C’est très compliqué à apprendre, on travaille à l’aérosol, il faut des échelles… On a souvent dit que les graffs étaient une agression du paysage urbain. Mais les panneaux publicitaires nous agressent en permanence. En quoi un graff serait-il plus agressif pour l’œil qu’une enseigne Mcdo ou Castorama ? Il y a des murs peints qui sont magnifiques, des scènes d’une ampleur impressionnante. »
En bon élève de l’École nationale des arts appliqués, Strait apprécie le classicisme des peintres figuratifs et possède les bases du dessin. Mais la plongée dans l’abstrait est la suite logique de sa recherche, de son travail : « Avec l’abstrait, les gens se créent leur histoire, les échanges se font. L’art est fait pour cela, rencontrer des gens, casser les barrières. » C’est d’ailleurs le nom de l’une de ses toiles « Rencontre », où deux empreintes – homme blanc, homme noir – se côtoient puis se fondent.
Après avoir été décorateur au club Méditerranée et travaillé pendant dix ans pour sa marque de vêtements, il a décidé de se consacrer entièrement à la peinture et il est fier de dire que depuis 2009 il a le statut d’artiste peintre : « Je vis la peinture, j’ai envie d’exprimer un rythme, une énergie intérieure. Rien n’est figé dans la nature, il y a toujours un mouvement… Je suis à la recherche du geste parfait, de la nature ultime, du naturellement beau. Car je veux transmettre un bien-être. L’artiste est là pour donner la couleur, la vie, l’espoir, retrouver la nature. » Zébrures, cercles, flammes, gouttes, la ligne est partout, maîtresse des lieux. C’est sur elle que s’appuie la puissance de la couleur.
Avec plaisir il conduit le visiteur vers ses toiles pour quelques commentaires : « Je travaille au pinceau et à l’aérosol, j’utilise aussi le pochoir. J’aime que mes tableaux surprennent, que celui qui regarde y fasse des découvertes, comme ce « réseau énergétique » qui est ma marque en quelque sorte, une sorte de dentelle qui court dans presque toutes les toiles, comme ces deux petites taches qui pourraient être des personnages, ou cet arbre tout seul au milieu de la toile. J’aime que l’on s’interroge sur ce que j’ai peint et que chacun apporte sa réponse. C’est ce dialogue qui est intéressant. »
Un personnage ouvert au monde, aux autres…. Ce n’est pas si courant. Et l’on est heureux que le Salon des Beaux-Arts ait permis cette rencontre.
Galerie Photos :
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