Marché artisanal de Noël
Association des Familles
19 et 20 novembre 2016
Quand le marché artisanal de Noël s’installe fin novembre dans le Centre culturel, on se dit que cette année encore on ne pourra pas échapper à Noël. Tout du moins à Noël tel qu’on le fête ici, à Coye, en France, en Europe et autres pays en paix. Bien sûr on devrait se réjouir de pouvoir le faire, car la paix n’est pas donnée à tous, les images le disent impitoyablement. Comme ce sont des images, on se dit que c’est loin… hors du réel ces immeubles disloqués, ces maisons effondrées, ces trous d’où l’on extrait des enfants, au fond desquels s’entendent des cris… C’est ailleurs, comme un cauchemar. On y croit à peine.
Pour éviter d’y penser, on enguirlande nos rues et nos places, on fait comme si, les clignotants se préparent, et nous aussi. Tout du moins, on se dit qu’il faut se préparer à faire face.
Et d’abord, faire face, c’est consommer, acheter, acheter ce dont personne n’a besoin, mais qui, enveloppé plus tard dans un papier brillant, donnera une illusion de bonheur, un court instant. Avant que la magie de l’illusion opère, restera à affronter la vue des kilos de marchandises qui gonflent les vitrines à les en faire éclater, à vaincre la nausée devant les monceaux de dindes et de charcuterie, les crèmes épaisses, les pyramides de fromages, les tonnes de marrons, les cerises venues du Pérou, ou les mangues des Antilles… Restera à supporter les milliers de guirlandes suspendues aux crochets, de boules entassées dans les sacs, et de sapins abattus « qui sur le Rhin voguent » disait Apollinaire. Là ils ne voguent plus, à moitié couchés sur le béton, ils seront soulevés, tournés, évalués avant d’être casés dans les coffres de voitures pour perdre leurs épines tout au long de décembre. Et en janvier, place à la ronde des bennes, on jette, on jette. Allez, allez, les boules fracassées, les papiers froissés, les cartons broyés, les bouteilles vidées, les cadeaux oubliés, et les sapins écorchés. Ouf ! C’est fini.
Heureusement, à Coye-la-forêt — musique douce — pour que l’on aborde décembre avec calme — piano —, sans crise d’angoisse — diminuendo, l’association des Familles est là. Depuis plusieurs mois elle se prépare et pense à nous. Séverine Faupoint et Magali Mariage savent en effet l’art de réunir pour nous dans une ambiance sereine tous ceux qui aiment créer quelque chose de leurs mains, les artisans. Et les artisanes bien sûr. Elles et ils font tout aussi bien des confitures que des bijoux, tricotent le soir au coin du feu, peignent dans leurs ateliers, enfilent des perles sur la table de leur salon, cuisent la céramique ou les cakes dans leurs fours. Le paradis, vous dis-je ! Car l’artisan, ou l’artisane, aime prendre son temps. Choisir ses couleurs, ses matières, faire ses essais, recommencer, tenter, oser… La création, c’est le temps suspendu. C’est pourquoi l’acheteur de Noël est content, pour une fois, il va d’un pas mesuré d’un étalage à l’autre, se renseigne, palpe la douceur d’une soie, essaie un collier, donne à son regard l’apaisement des couleurs. Pour un peu il réciterait : Là tout n’est qu’ordre et beauté… Rien ne le presse. Il prend même le temps d’apprécier les pâtisseries orientales de Marie-Laure — corne de gazelle, makrout, ghriba...
Dans l’entrée du Centre culturel, Karine propose un thé de l’Atlas, France une tarte aux amandes et au miel. C’est là que l’association Solidarité Coye a installé son café solidaire : cafés et thés de toutes provenances, cookies, gaufres, financiers, gâteaux au chocolat, tartelettes invitent l’acheteur de Noël à être généreux à l'égard des réfugiés, les migrants, les demandeurs d’asile, les sans papiers, les sans abri, les exilés... Tant de noms pour dire qu’on a perdu son pays, sa vie d’avant, sa famille, sa maison. Tout ce qui, avant, pouvait rendre heureux, et qui, manquant, serre le cœur, là en novembre, quand on se met à penser à Noël, même si la fête ne s’appelle pas Noël partout.
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2 commentaires
Commentaire de: geneviève Visiteur
Merci pour ce compte-rendu du Marché Artisanal de Noël qui me touche profondément, car personne n’est oublié… Il nous ouvre sur le monde, tel qu’il est. Comme j’aimerais que ce texte ne soit pas réservé aux “lecteurs” du blog Coye29, mais puisse être adressé à tous les Coyens ; malheureusement, c’est trop tard pour qu’il paraisse dans la Lettre de Coye de décembre… Encore Merci !.
Commentaire de: Mariage Magali Visiteur
Merci pour l’article et toutes les photos !