Que d’hommes ! Que d’hommes !
Que d’hommes ! Que d’hommes ! Dans la marée des discours enflammés des prétendants présidentiables, on pourrait oublier l’essentiel. Une bizarre impression nous étreint, une sensation ébrieuse de flou, de vague, de faux. Nous sommes acteurs de théâtre et notre rôle est d’être spectateur dans un théâtre. C’est le vertigineux abîme de la mise en abîme. Et que d’hommes sur scène ! Il va falloir choisir un père de France entre des hommes bien cravatés, aux allures de matamore ou de polichinelle. Les très rares femmes qui s’en mêlent, se sentent obligées d’en rajouter dans la posture guerrière et la hâblerie moustachue machiste. Les spécialistes médiatiques, les sondeurs et autres prestidigitateurs de la profondeur de l’âme électorale, sont tous des hommes ou presque. Et c’est pareil ailleurs.
Les personnalités du monde du travail sont des directeurs autoritaires, des patrons dynamiques et des syndicalistes combatifs. Pareil chez les beaux parleurs. Les juges et procureurs répondent aux sémillants avocats. Les acteurs encensent leurs producteurs et les réalisateurs leurs auteurs. Les vendeurs les plus affûtés rêvent tous d’être des publicistes fortunés et ceux-ci d’être des poètes maudits. Pareil partout, chez les professeurs et les docteurs, les militaires et les policiers, les notaires et les bouchers, les imams et les curés. Sans parler des tueurs de l’aube ou des Champs Elysées, ni des héros qui meurent sous les balles imbéciles des fous du monde entier. Que d’hommes ! Que d’hommes ! Oui bien sûr, on trouvera des exceptions féminines à nous agiter sous les naseaux pour faire diversion. Des merveilleuses, des enchanteresses, des fascinantes ornent ainsi les écrans pour nous faire négliger l’évidence. Ce monde d’homme est fait par des hommes pour les hommes. Ils laissent de côté la moitié de l’humanité, les femmes. Au pire, elles gisent dans leur sang, « féminicidées » par le couteau de celui qu’elles avaient aimé. Ou bien elles vivent soumises à la perversion des voileurs, des exciseurs ou à la rage des destructeurs violeurs. Au mieux, elles sont douillettement assises dans le velours bordeaux de moelleux fauteuils d’orchestre, contraintes d’assister passives au théâtre de la folie humaine virile. Que d’hommes ! Que d’hommes !
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