Neva
de Guillermo Calderón
Théâtre du volcan Bleu
Mise en scène de Paul Golub
Saint-Pétersbourg le 22 janvier 1905. Une date comme une autre !
Olga Knipper, la jeune veuve de Tchekhov, actrice, répète seule sur le plateau d’un théâtre. Elle peine sur le monologue de La Cerisaie, s’inquiète, moque ses semblables. Petites rancœurs, jalousies de coulisses, beautés fanées. Elle attend des partenaires qui peinent à arriver.
Dehors, la neige se teinte de rouge, le sang des opposants, pas encore des révolutionnaires. Deux seulement parviennent jusqu’au théâtre. Aleko, le faux-vrai noble et Macha, la petite flamme révolutionnaire. Un homme… une femme… Un trio en huis clos se recompose, se décompose. On ouvre une boîte de Pandore. Les acteurs sont-ils eux-mêmes ? Jouent-ils un rôle ? Sont-ils de simples témoins, doivent-ils s’engager ? Entre dits et non-dits, faux semblants, citations de La Mouette, mensonges et vérités, plans-contreplans, le spectateur hésite, se perd en résonances. La mort, l’amour, la vie, où sont les frontières entre le théâtre, le vécu des acteurs et l’Histoire en marche ce jour-là ? La grande liberté du texte de Guillermo Calderón laisse à chacun ses propres réponses.
« Jouer, c’est mourir d’amour », dit l’un des acteurs. Ce soir-là, à Coye-la-forêt, il flotte une de ces petites musiques douces-amères, une de ces mélodies lancinantes et complexes comme l’âme russe.
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