Concert classique jazz Solidarité-Coye
Chaleur
Il n’a pas été nécessaire de chauffer la salle Claude Domenech samedi 30 juin à 20h, le soleil s’en étant fort bien occupé ce jour-là. Une assistance nombreuse s’est cependant rassemblée, vêtue en considération de la canicule, et heureuse d’avance d’entendre de la musique vivante tout en contribuant à l’œuvre généreuse des bénévoles locaux. On connaît l’altruisme et l’énergie de ces personnes de notre voisinage qui aident leurs contemporains exilés et/ou dans la nécessité. Les enfants en difficulté leur sont objet d’un soin particulier afin qu’ils bénéficient des principes élémentaires d’une éducation. C’est ce qu’ont rappelé Véronique et Paul Uzan, tous deux à l’origine de l’association « Solidarité Coye » dont les activités récentes et les objectifs humanitaires sont multiples.
Organisation
Déjà la troisième édition d’un concert de musique annuel organisé pour recueillir des fonds ! Marina Chamot-Leguay, membre de « Solidarité Coye », en est la cheville ouvrière puisqu’elle habite à Coye-la-forêt et qu’elle est flûtiste solo de l’Orchestre de Chambre de Paris. Comme pour les deux premières éditions, elle a invité plusieurs de ses amis musiciens de l’Orchestre à se joindre à elle, et à offrir en différents effectifs un choix adapté de pièces musicales. Cette année, elle a également convié la musique de jazz à partager la soirée grâce à l’ensemble JAMAPAMAQ, bien connu et apprécié des Coyens. Une première partie du concert a donc été consacrée à l’expression classique de la musique et la seconde partie au jazz.
Musique
Le déroulement du concert, quoique conçu pour une action bien définie de bienfaisance, a montré une fois de plus que la musique vivante est un art merveilleux : son langage est accessible au monde entier et s’adresse pourtant à l’intimité des personnes, notamment à celle des enfants présents dans la salle. Ses constructions savantes, ses mélodies, de différents caractères selon les compositeurs, provoquent en public des sentiments que chacun est susceptible d’éprouver selon sa sensibilité : beauté, surprise, profondeur, charme, mystère, admiration, etc. Servie ici par de remarquables interprètes (Claire Parruitte au violon, Anna Brugger à l’alto, Caroline Peach à la contrebasse et Marina Chamot-Leguay aux flûtes, Ilyes Boufadden-Adloff au hautbois et Henri Roman au basson), la musique est elle-même un don pour l’humanité. Voici Vivaldi et la fraîcheur virtuose de deux de ses quelques 500 concertos. Voici un quatuor inattendu d’un Telemann d’inspiration champêtre, voici une passacaille de Haendel arrangée en variations pour violon et alto par le norvégien Halvoersen, reprise ici par le hautbois et le basson.
Séparés par près d’un siècle et demi de ces trois compositeurs dits « baroques », voici encore deux duos écrits par des compositeurs tchèques dont un point commun est d’être victimes des nazis : l’un, Erwin Schulhoff (1894-1942), fut déporté en camp de concentration où il mourut ; l’autre, Bohuslav Martinu (1890-1959), fut obligé de s’exiler définitivement, d’abord en France, puis aux États-Unis, puis encore en France (Picardie). Le Concertino d’Erwin Schulhoff propose d’entendre un premier mouvement Andante con moto où la splendide et sombre couleur de la contrebasse, qu’on pourrait dire prémonitoire, est en duo avec la flûte alto de même gravité d’expression. L’Allegro furioso qui suit, pour lequel la flûtiste prend la flûte piccolo, ne présente pas ce recueillement et s’engage plutôt dans des rythmes vifs mais complexes de danses d’inspiration populaire. Le duo de Martinu pour violon et alto, extrait pourtant de Trois madrigaux, paraît d’une origine « tsigane » et met en valeur les qualités de virtuosité et de vivacité des deux interprètes.
Seconde partie
Intervenant après Vivaldi, les trois musiciens de JAMAPAMAQ, entrés quasi timidement sur scène, retrouvent leur verve improvisatrice habituelle et leur humour pour s’exprimer dans plusieurs standards américains que la contrebassiste Caroline Peach, issue de l’ensemble « classique » précédent, se fait un plaisir visible d’accompagner. On l’apprécie particulièrement, ainsi que la voix de Natacha Muzard donnant avec ses amis, Pierre Szpirglas à la guitare et Bernard Limayrac à la guitare basse, une version sophistiquée du célèbre « Summertime » de George Gershwin.
Pour le final, toutes les musiciennes et tous les musiciens, de classique et de jazz, s’associent sur le plateau pour une jam session brillante présentant les chorus écrits ou improvisés pour l’occasion. On remarque encore la belle entrée et composition musicales de la flûte parmi les mises en valeur successives des instrumentistes dont on n’oubliera pas non plus l’interprétation collective de la célèbre Complainte de Mackie très applaudie qui clôture (avec le pot qui suit) un concert de l’amitié et de la générosité particulièrement réussi.
Quatrième édition ?
Nous l’espérons et l’attendrons en 2019. Avec les remerciements et les bravos que méritent l’association « Solidarité Coye » et toutes les entreprises qui portent assistance aux victimes de l’existence.
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