C’est l’été, voilà la brocante !
Dimanche 3 juin
La brocante signale à Coye-la-forêt le début des festivités du mois de juin et l’approche de l’été. Grand soleil, chapeaux et parasols indispensables, sans oublier la crème solaire. La meilleure heure pour s’y promener, comme sur la plage, est au petit matin vers 7h. Il fait frais, les rues s’animent du rond-point des Bruyères au parking de la rue d’Hérivaux, on y bavarde entre exposants, on y fait connaissance avec ses voisins, on a même le temps d’aller prendre un café à la buvette. Mais ensuite, quand les affaires roulent, il faut être présent à son stand pour vanter la marchandise, la montrer, déplier et débattre des prix. C’est à ce moment-là que le client a toutes les chances de trouver la perle rare et l’affaire du siècle.
L’association des Familles
Pour cette 14e édition de la Grande Brocante, l’association des Familles, organisatrice de la manifestation, est satisfaite. Alain Mariage a fait le bilan : « La brocante a été un succès, nous avons eu un public nombreux et près de 400 exposants installés sur 792 mètres linéaires réservés. Cette progression se remarque depuis cinq ans, et, si l’on observe le rapport nombre d’exposants/mètres réservés, nous avons largement atteint les chiffres des premières brocantes quand elles avaient lieu le jeudi de l’ascension. » L’équipe de bénévoles s’étoffe — bien visibles avec leurs tee-shirts rouges. Indispensable d’être en nombre pour accueillir les exposants à l’aube et patrouiller le long de la rue d’Hérivaux en veillant au déroulement serein de l’opération.
La fête
Venir à la brocante c’est comme aller à la fête, il y a de l’animation, du bruit, de la foule, des couleurs et des odeurs de crêpes. Les flâneurs sont les rois de la rue, par familles entières ou bandes de copains, ils avancent au ralenti, se croisent, s’arrêtent, discutent, traversent, font volte-face puis repartent. Parfois vient le miracle : découvrir, encore dans l’emballage d’origine, à moindre coût, l’appareil magique qui râpe, mouline, découpe, presse et hache. Le vendeur n’espérait plus se débarrasser enfin de l’ustensile que personne n’utilise chez lui et qui occupe la moitié d’une étagère. Sans le montrer il jubile, se prête un peu au marchandage… pour gagner. Il sera définitivement comblé quand à son tour il pourra acheter ce qui remplacera ce qu’il vend.
Vendre ce dont on est las, acheter du nouveau, c’est le rêve de tout amateur de brocante.
Exposer
La brocante c’est un vaste hall d’exposition d’un monceau d’objets hétéroclites, évidemment de ceux qu’on ne veut plus, mais aussi une occasion de placarder des affiches, manifester, promener une banderole. On est sûr que là ce sera vu et peut-être remarqué.
Sur le mur d’une maison non loin du carrefour de la rue Blanche, bien placée à hauteur des fenêtres du premier étage, une banderole soignée, un texte cinglant et sobre — du noir sur fond blanc — annonce que les violences masculines, celles d’un conjoint ou d’un partenaire, ont tué en France, en 2017, 131 femmes. Et que 300 000 femmes ont été victimes de viol. Alors, quand on passe comme ça dans la rue insouciant et plutôt joyeux, l’esprit occupé par les divertissements du jour, les mots vous heurtent de plein fouet. On voudrait s’arrêter là et en finir avec la fête… jusqu’à ce que la banderole devienne inutile à son tour, un jour vendue à la brocante comme témoignage d’une époque barbare et révolue.
Se faire connaître
Parfois des associations, comme les Nouvelles Orgues en Thève (NOTe), profitent du rassemblement pour se faire connaître et améliorer leur trésorerie. Dans l’impasse du Clos Saint-Antoine, pour la troisième année, « Solidarité Coye » a étalé sur cinq mètres tout ce que ses adhérents et sympathisants ont choisi de donner : livres, vêtements, mobilier, sacs, objets anciens, disques … Le stand est plein, pas assez de portants ni de tables, mais les chaussures sont parfaites alignées contre la bordure du trottoir. La recette des ventes ira à des associations qui viennent directement en aide aux exilés. Une joyeuse ambiance, comme partout, les vendeurs font l’article, les échanges sont chaleureux et les ventes s’enchaînent jusqu’au soir.
Le moment le moins drôle de la journée, chacun le sait s’il a été un jour un exposant, c’est celui où il faut penser à ranger les invendus. Vers 17h, si vous êtes encore là, badaud incorrigible, et si vous avez pris le risque d’attendre, avec un peu de chance (pour vous), le vendeur casse les prix tant il est anéanti à la perspective de tout enfourner à nouveau dans le coffre de sa voiture puis dans ses placards. Alors vous emporterez le gaufrier que vous trouviez trop cher le matin. C’est cela le grand plaisir de la brocante, le seul jour de l’année où le commerce est un jeu.
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