La Musica deuxième
De Marguerite Duras
Mise en scène : Guillemette Laurent
D’emblée le public est surpris par une mise en scène originale (de Guillemette Laurent) où les acteurs lisent le scénario, se positionnant à l’extérieur du jeu de théâtre, comme les protagonistes se posent d’abord en dehors de leur histoire à travers la distance palpable que les êtres humains mettent entre eux pour se protéger de leurs sentiments.
C’est drôle et sensible grâce au jeu des acteurs et le public partage leur impatience à aller plus loin dans l’histoire et à entrer dans l’intimité qui fut la leur et que l’on perçoit immédiatement comme douloureuse.
La pièce reprend peu à peu place, laissant au passé la lecture et les explications aux spectateurs, alors que les personnages tombent l’armure et reviennent petit à petit à leur intimité, disant avec pudeur les extrêmes où leur violence les a projetés. Le public est attendri et « embarqué » dans ce tumulte existentialiste qui les a conduits à s’autodétruire. Il partage leurs dérives tout en écoutant deux êtres qui visiblement s’aiment encore mais peinent à se le dire. Enfin il partage leur bonheur quand, à la fin, les personnages osent enfin réaffirmer leur amour malgré les tourments vécus.
En tant que spectatrice, j’ai été ravie par la subtilité de la mise en scène, avec ses injections de surprises qui réactivent le plaisir. J’ai été rapidement happée par le jeu des artistes et me suis projetée dans le spectacle avec énormément de plaisir, de tendresse pour les personnages dont la passion contrariée par l’adaptation aux normes sociétales génère la ruine du couple. J’ai partagé leur détresse mêlée au réel bonheur du constat d’une passion qui perdure malgré tout.
En résumé, la mise en scène, le jeu des acteurs et l’histoire elle-même se mélangent et se complètent harmonieusement pour offrir un spectacle dans lequel on plonge avec ravissement, qui interpelle puis qui libère un public heureux.
LA MUSICA DEUXIÈME De Marguerite Duras
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