Votre maman
De Jean-Claude Grumberg
Mise en scène : Isabelle Domenech
Dès le début de la pièce, nous sommes entraînés dans un dialogue absurde entre le directeur d’une maison de retraite (Jean Truchaud) et le fils (Antony Goulhot) d’une résidente (Claudine Deraedt) dont la mémoire est très déficiente. Le directeur est obnubilé par ses problèmes de budget et gestion de personnel ; le fils est désemparé par l’état de sa mère qui ne le reconnaît pas et qui a des problèmes de cohabitation avec ses voisins de couloir. Le dialogue entre les deux hommes est très rapide et, quoique tragique, puisqu’il y est question des dégradations causées par l’âge, devient un échange à la Louis de Funès dont l’humour détend l’atmosphère. Le contraste est fort avec la souffrance de cette vieille femme perdue qui a parfois des éclairs de souvenirs d’un traumatisme d’enfance : par petites touches discrètes sont évoqués peu à peu les camps de concentration et les privations, les médecins sadiques et sa fuite désespérée avec sa mère dans une forêt, poursuivies par les nazis et leurs chiens.
Finalement, la vieille dame disparaît de la maison de retraite et, recherchée par les gendarmes et leurs chiens, reproduit volontairement cette fuite dans le parc et y trouve la mort. Plusieurs intermèdes au violon, interprétés avec sensibilité par Alexandra Christmann, viennent entrecouper le déroulement de la pièce, rappelant les violons poignants des camps de concentration. Les mélodies font écho aux dialogues et suggèrent aussi le passage des heures et des jours dans ce décor dépouillé, presque carcéral, hors du temps et du monde, où l’on attend la mort. Plusieurs spectateurs les ont trouvés « peut-être trop nombreux et parfois trop longs ». Malgré, si j’ose dire, ce petit bémol, l’ensemble était très réussi grâce aux acteurs, avec en particulier la très touchante « Maman » Claudine Deraedt.
VOTRE MAMAN De Jean-Claude Grumberg
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