La retraite du Père Noël
Qui croit encore au Père Noël ? La période est aux récriminations rageuses. On nous trompe ! On nous ment ! Leurs explications fumeuses ou leurs véhémentes abjurations ne confirment que leur trahison. Après avoir installé l’injustice fiscale, avoir bafoué le droit du travail et renié la protection de l’emploi, après avoir ruiné une éducation nationale de qualité, après avoir appauvrit la santé publique, la police et la justice, après avoir fait tirer dans les yeux des gens pour mater la misère, après avoir loué publiquement les valeurs démocratiques pour, dans les faits, les mépriser, les pères Noël qui nous gouvernent ne passent plus dans nos cheminées.
Quand ils nous parlent de réformes, on comprend mise à la réforme ! D’ailleurs, lui-même, le père Noël n’est pas loin de la retraite. Il se demande, en se grattant la tête, si les rennes du traineau n’ont pas déjà atteint l’âge pivot. Il a une grosse crise de confiance. La trêve des fêtes de fin d’année a perdu sa magie. Cette année, avec les grèves, sa hotte est vide. Les magasins sont sans clients. La grande foire écœurante de folie maniaco-dépressive consumériste ne se fait pas. Des kilomètres de rayons débordent de jouets multicolores et s’engorgent de pyramides de bouteilles luisantes et d’amoncellement de victuailles. Les gens comptent leurs sous pour s’offrir les plus inconfortables et épuisants transports qu’ils n’ont jamais pensé, un jour, payer aussi chers ! Les fêtes du solstice d’hiver, de la lumière qui meurt mais du jour qui renaît, ces fêtes du deuil du temps qui passe mais de l’espoir partagé avec les êtres aimés, ces fêtes sacrées sont une sacrée épreuve. Mise en danger par les tempêtes d’hiver et toutes les entraves à la mobilité, Noël retrouve sa vraie valeur. Pour avoir eu du mal à s’y retrouver, nous sommes mieux, serré.es autour de la table, plus frugale peut-être mais plus chaleureuse. On y goûte son prix, grâce au combat d’y être parvenu.e. Alors oui, cette année, le Père Noël est bien fatigué. Ce n’est plus de son âge, ces fariboles ! Et tant pis s’il n’a pas toutes ses annuités et si, malgré la pénibilité des conditions de travail et l’insécurité des toitures hivernales, il devient le dindon de la farce. Ce n’est pas que cela le réjouisse de risquer de finir dans les assiettes, mais quand on a perdu la foi… Voyez-vous, un soir comme celui-là, même sans les histoires de Père Noël, ça n’empêche pas de garder l’espoir.
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