ET EN AVANT... LA FÊTE DE LA MUSIQUE !
La musique nous jouera-t-elle encore le coup de l’espérance ? La fête sera-t-elle assez forte pour donner la joie aux âmes tristes et l’insouciance aux enfances volées ? Ces jours de fête qui ne laissent plus qu’une toute petite place à la nuit ont le goût d’un sourire arc-en-ciel entre des larmes de pluie. Demain, l’été revient libérer les corps, chauffer les esprits et donner des fourmis dans les pieds. Demain, on dansera à la lumière des nuages quand le soir les enflamme. Demain, on essaiera encore d’oublier. Que résonnent les tam-tams et sonnent les cœurs ! Que la musique couvre de gaité les mauvaises nouvelles ! Allez, tant pis si on dérange avec les flons-flons étincelants des cuivres orange, avec les zim-boum-boums rouges qui bougent les hanches et tapent la semelle, et bravo si les guitares s’en mêlent et pleurent jusqu’à plus d’heure ! La musique est bonne comme l’oubli, comme l’oubli des cris qui ne s’oublient jamais, comme la rage du courage qui perd courage. C’est doux l’oubli des regards d’enfants quand ils ont perdu leur parents, apaisant comme la mer quand elle perd la mémoire des gens qu’elle a noyés. La musique vibre dans les chœurs de voix graves et se soûle d’hymnes vengeurs, calmes et forts pour le bonheur des dictateurs, des prédateurs, des profiteurs, des mangeurs de gosses, des violeurs de corps, des baiseurs d’amours en miettes. Il y a même des musiques pour ceux qui continuent de dévorer le monde en regardant l’heure à leur Rolex. Les tempêtes vont arriver demain. Joue sur ton piano noir, souffle dans le bois d’ébène de ta clarinette, tape sur la peau tendue de ton tambour ventru, à la peau tannée par les soirs de victoire. Vive la fête et vive l’oubli ! Vive le vin quand il est roux et la bière quand elle déborde sur la nappe à carreaux. Vive la fête et vive le vent d’été qui étire la nuit jusqu’au bord de la mer, toujours la même la mer, la même odeur de mère, ses embruns, ses mêmes baisers qu’elle dépose sur tes pieds tels des coquillages roses et zébrés. Si tu les mets à l’oreille tu entends ta mère qui te dis : « Tu as trop bu, il faut rentrer ». Vive la musique et vive l’été ! Vive les vacances et les souvenirs d’enfance, quand on s’endormait à pas d’heure dans les bras de maman, fatigué du bruit des gens qui crient plus qu’il ne chantent des chansons à boire, des chansons à croire que quand ils ont bu, ce sera toujours la fête, avec des frites et des amoureux, des lampions, des serments, des caresses des yeux qui donnent l’espoir que jamais on ne se dira adieu. Vive la fête et l’oubli des défaites.
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