JE VOUS PROMETS QU’HIER SERA BEAU
De Christian Philipps
Mise en scène : Isabelle Domenech
Cie Théâtre de La Lucarne
Le Festival a bien choisi de clore le programme par la maison de retraite, c'est logique en quelque sorte. Le commencer aurait jeté un froid. Comme le public est largement composé de personnes à cheveux blancs (ou teints), on leur faisait comprendre par un spectacle, c'est plus gai, ce qui les attendait à plus ou moins longue échéance. On les avait déjà préparées avec une pièce dont le sujet principal était « comment transporter un cercueil en Y ».
On voit ainsi les attentions du Festival pour son public le plus fidèle.
C'est le Théâtre de La Lucarne qui a accepté d’assumer cette mission avec une pièce de Christian Philipps : « Je vous promets qu'hier sera beau ». L’auteur était d’ailleurs dans la salle.
Curieux titre quand même, il aurait été plus juste de dire hier a été beau quelquefois et demain ne le sera pas. Mais l'auteur a suffisamment d'imagination pour nous faire croire ce qu'il veut.
La maison de retraite vue par La Lucarne est un peu tristounette, comme elles le sont souvent. En fond de scène comme décor il y a deux fauteuils roulants pour des moribonds, muets, immobiles qui par décence nous tournent le dos. On les a placés devant un écran pour faire semblant de les occuper. On sait que les écrans ont l’avantage d’hypnotiser les enfants, ils ont le même effet sur leurs grands-parents ou arrière-grands parents… Et dans les maisons de retraite ils sont d’un grand secours pour le personnel.
Dans cet univers statique, il y a des acteurs qui bougent quand même, soit avec un déambulateur (Claudine Deraedt est très agile et ravie de circuler), soit à pas de souris, comme Pierre Debert, un monsieur comme il faut qui sait bien radoter et lire la même heure toute la journée. Ou encore une visiteuse, Isabelle Jacquet, qui arrive joyeuse et vive pour voir son papa toujours prostré à la même place, Dominique Collignon, bougon à souhait. Elle se dit très occupée, et repart aussi vite. On la comprend.
Une aide soignante (souriante comme Alma Kumer), une infirmière du genre austère (Cécile Micas) et un médecin radoteur (Philippe Lefay) passent de temps en temps, c'est leur métier. Ils sont là pour dire des banalités et rassurer.
Alors il ne se passe rien ? Ben non… comme dans les maisons de retraite où l’on n’a qu’une chose à faire, c’est de laisser le temps passer.
Et pourtant, une nouvelle résidente vient d'arriver, pimpante, drôle, causante (Claude Samsoën nous épate). On se demande d'ailleurs ce qu'elle fait là, pleine de santé et pas vieille du tout...
C'est par elle que l'action commence. Elle bouleverse l'ordre établi et, grâce à elle, la romance commence... Par discrétion je ne vous dirai pas laquelle.
Elle nous amuse beaucoup, on reprend vie. Ouf! Tout n'est pas désespéré.
La troupe s'est bien tirée d'affaire dans la maison de retraite, le public a évité la dépression, s'est amusé et n'a pas ménagé ses applaudissements. Une joyeuse fin de festival.
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