Le Père Noël existe ! Je l’ai rencontré !
Je crois en la petite lumière qui s’allume au profond de la nuit la plus noire du désespoir. Je crois à la brave petite flamme de la bougie qui d’un coup s’allume, courageuse et ténue, tout émue d’avoir combattu l’angoisse de la mort du soleil. Dans son halo de chaleureuse bienveillance, la force lente du sang ranime nos veines. La vie réchauffe nos membres engourdis. Elle bat le rythme sourd du cœur de toutes les mamans, cette cadence universelle du vivant. Ce battement sacré repousse au fond des âges les ombres du passé. Pourtant les plus terribles sont celles de l’avenir. Elles seules sont vraiment capables d’éteindre de leur souffle glacé l’éclat d’espoir qui pétille dans les yeux des enfants. Ces scintillements de regard miroitent intensément quand la voix grave de grand-père raconte la vieille histoire des santons de Provence. Ces petits yeux de la nuit de Noël, ces petits miroirs des flammes du foyer nous parlent d’espoir. Les gens se blottissent autour de la douce sécurité de la cheminée. Et c’est derrière, dans l’ombre, que vit le père Noël. Il suffira de faire le voyage dans le monde merveilleux des enfances paisibles et il vous sera facile comme moi de le rencontrer, le Père Noël. Bien sûr, la terre tourne, mais elle grince. Sa belle robe bleue se déchire par grands pans sanglants de misère. Bien sûr, les chasseurs chassent, les tueurs tuent, les prédateurs prédatent, les dictateurs dictent, seuls quelques premiers ministres n’administrent pas et quelques présidents ne président plus. Mais toujours les droits des victimes se brisent sur les mêmes récifs dentelés du pied de l’éternelle falaise de la loi d’airain, l’immuable loi du plus fort. Le loup dévore l’agneau et le lion la gazelle. On tire à balles réelles sur des foules désarmées. On fonce sur les gens pour les écraser, les jours de marché. On lance des missiles à fragmentation et des bombes planantes sur des villes endormies. Depuis les Saturnales romaines de l’Antiquité jusqu’aux débauches consuméristes des fêtes de la nouvelle année, on célèbre la vie qui revit. Et le Père Noël à minuit va passer par la cheminée. Malgré leurs pogroms, leurs massacres de masse, leurs camps d’extermination, leurs viols de guerre et leurs enfants-soldats, malgré leurs lyncheurs, leurs trucideurs, leurs poignardeurs, leurs immoleurs, leurs zigouilleurs, leurs révolvériseurs, leurs empoisonneurs et leurs décapiteurs, ils n’ont pas encore tué le Père Noël.
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