Sagesse du fou, folie du sage...
Comme L’association LA SYLVE avait invité pour nousdimanche 28 mars L’ATELIER ACTE II, et qu’il était bien tentant d’aller au théâtre pour entendre les voix de Nougaro et de Giono, il fallait donc abréger la promenade traditionnelle du dimanche en forêt pour écouter ce que les poètes avaient à nous dire… sur la sagesse et la folie… sur les arbres aussi.
Et si l’on croyait à nos rêves, et si l’on plantait des forêts ? Folie, sagesse ? Sur ces deux voies, Jacqueline Chevallier et Patrick Chevillard ont marché, offrant la saveur de textes qu’ils aiment, de textes qu’ils ont voulu apprendre et jouer parce qu’ils les aiment, Plume d’ange, de Claude Nougaro, et L’Homme qui plantait des arbres, de Jean Giono.
Croyez-vous aux anges ? Croyez-vous qu’ils nous laissent leurs plumes pour guides ? Plume à la main - est-elle d’ange ? –, Patrick Chevillard part en quête de celui qui croira à l’existence de l’ange, à la vérité d’une plume qu’un ange lui a laissée comme vestige d’un rêve. Mais ils ne sont pas nombreux à croire, ni sa femme, ni son ami, ni le gendarme, ni l’enfant… La clé est secrètement gardée par un sage de l’asile psychiatrique, un vieux noyer, à la « robe de bure et à la barbe verte » et par l’oiseau qui vole autour de ses branches. Et c’est dans le « fou rire » que la fable finit, unissant le rêveur fou, le noyer et l’oiseau. Prévert n’est pas loin!
Jacqueline Chevallier prête sa voix à un jeune marcheur qui arpente les Alpes de Haute-Provence chères à Giono. Il rencontre en 1913 un berger étonnant, un solitaire qui passe sa vie à planter des arbres. Au fil des ans, la forêt s’élève, l’eau coule à nouveau dans la vallée, la région inhospitalière devient accueillante, les hameaux revivent. La voix de Jacqueline donne vie à ces collines désertes, battues des vents, à cette bergerie si bien tenue où l’on aimerait s’arrêter aussi et voir le maître des lieux trier les plus beaux glands pour la future chênaie.
Pour ces deux conteurs la mise en scène s’est voulue sobre, sans effets, car seules alors comptent les voix, la conviction et les émotions dites, transmises. Le décor se limite à un fauteuil confortable de cuir sous une lampe près d’une table basse, livres à portée de main. Et l’on se dit aussitôt que ce lieu est fait pour lire et entendre les mots, que c’est là que l’on aimerait soi-même lire ou écouter une histoire. L’éclairage est adouci, souligne un profil, cerne une silhouette ou, dans l’ombre, la présence du musicien, Rémy Chevillard, dont le saxophone ou la clarinette accompagnent les voix, ponctuent le récit, disent le vent qui souffle, les tempêtes, l’harmonie de la nature, les tumultes des pensées.
Les spectateurs, fort nombreux et heureux ce dimanche au Centre culturel, ont passé une après-midi hors du temps en bonne compagnie, celle des rêveurs et des poètes, des solitaires amoureux de la nature, des confiants dans la vie, en ce qu’elle offre de beautés et de promesses.
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