BOURSE
Petit sac de peau ou de tissu où l’on range ses pièces de monnaie. Par extension, lieu où s’échangent les actions des entreprises. Désigne également une partie de l’anatomie masculine, ce qui permet aux journalistes financiers de s’en donner parfois à cœur joie. Exemple : « La chute de Lehman a porté un sacré choc aux Bourses mondiales, les marchés ne se redresseront pas de sitôt. »
La bourse est avant tout un gigantesque marché de l’occasion du capital. C’est aussi, accessoirement, un marché du neuf, quand les entreprises augmentent en émettant de nouvelles actions, ou s’introduisent en bourse – c’est-à-dire que leurs propriétaires décident d’en vendre une partie sur le marché.
La bourse est avant tout un gigantesque marché de l’occasion du capital. C’est aussi, accessoirement, un marché du neuf, quand les entreprises augmentent en émettant de nouvelles actions, ou s’introduisent en bourse – c’est-à-dire que leurs propriétaires décident d’en vendre une partie sur le marché.
La bourse occupe une grande place dans l’information sur l’économie. Parce qu’elle varie chaque jour et que les médias adorent ce qui bouge sans arrêt. Chacun peut vivre ainsi au rythme des aventures di Nikkei dès son réveil, puis du CAC40 durant la journée, avant de se coucher avec la clôture de Wall Street. L’information n’intéresse vraiment que la toute petite minorité de Français possédant un important portefeuille d’actions. La masse de la population – et une bonne partie des journalistes – imaginent pour sa part que, si ça monte, c’est bien, si ça baisse, ça craint. Il n’en est rien : l’évolution de la croissance et de l’emploi ne se décide pas à la bourse.
La bourse fascine parce que le capital y prend la forme d’une pure abstraction, parce qu’il semble possible de s’y enrichir sans avoir à travailler, rien qu’en spéculant adroitement. Cette fascination permet à de nombreux journalistes financiers de gagner leur vie en prodiguant leurs conseils aux épargnants. Des épargnants bien naïfs. Car pourquoi suivre les conseils de tous ces conseillers ? Pourquoi croire ces types qui, normalement, auraient dû avoir fait fortune depuis longtemps en gardant pout leur propre usage les précieux conseils qu’ils nous délivrent ?
C’est qu’il n’est pas évident de faire fortune en bourse : les opérateurs professionnels disposent pour la plupart de la même information sur les perspectives des entreprises et sur l’évolution de l’économie dans son ensemble. Les chiffres de la croissance tombent au même moment pour tout le monde, de même que les résultats trimestriels de telle ou telle société. Résultat : les cours de la bourse intègrent chaque matin l’ensemble des informations accessibles sur le passé, le présent et l’avenir qui viennent nourrir les analyses des opérateurs. Concrètement, si vous lisez dans le journal que telle société ira mieux demain, c’est déjà trop tard. Tous les opérateurs ont déjà « renforcé leurs position », c’est-à-dire qu’ils se sont déjà portés acheteurs d’actions de cette société, ce qui a fait monter les cours. Jusqu’à quel niveau, me direz-vous ? Eh bien, jusqu’au niveau où les anticipations des optimistes et celles des pessimistes s’équilibrent, c’est-à-dire où le nombre d’opérateurs qui estiment que le cours devrait encore monter (et qu’il vaut mieux acheter) est exactement égal au nombre de ceux qui pensent qu’il a atteint un niveau tel qu’il devrait plutôt baisser (et qu’il vaut mieux vendre). Résultat : le cours tend à se fixer en permanence au niveau où la plus totale incertitude règne sur ce que sera l’évolution des marchés.
Cette incertitude est évidement insupportable. Les opérateurs cherchent donc désespérément la martingale permettant d’y échapper. Et de multiplier les modèles mathématiques, toujours fondés sur les tendances passées, afin de prévoir ce que sera demain leur propre comportement ! Toute la difficulté est que ce comportement ressemble étrangement à celui d’un troupeau de moutons, animaux qui présentent deux caractéristiques communes avec l’opérateur boursier : un fort instinct grégaire et un QI limité. « Quand tout le troupeau part dans une direction, c’est que ça doit être la bonne, pensent les opérateurs-moutons, sinon pourquoi le troupeau irait-il par là ? » Ce comportement mimétique à l’origine des bulles spéculatives est d’ailleurs la stratégie la plus rationnelle. Toute la difficulté pour le mouton est de savoir quitter le troupeau quand il se dirige gaillardement vers le bord de la falaise.
La bourse fascine parce que le capital y prend la forme d’une pure abstraction, parce qu’il semble possible de s’y enrichir sans avoir à travailler, rien qu’en spéculant adroitement. Cette fascination permet à de nombreux journalistes financiers de gagner leur vie en prodiguant leurs conseils aux épargnants. Des épargnants bien naïfs. Car pourquoi suivre les conseils de tous ces conseillers ? Pourquoi croire ces types qui, normalement, auraient dû avoir fait fortune depuis longtemps en gardant pout leur propre usage les précieux conseils qu’ils nous délivrent ?
C’est qu’il n’est pas évident de faire fortune en bourse : les opérateurs professionnels disposent pour la plupart de la même information sur les perspectives des entreprises et sur l’évolution de l’économie dans son ensemble. Les chiffres de la croissance tombent au même moment pour tout le monde, de même que les résultats trimestriels de telle ou telle société. Résultat : les cours de la bourse intègrent chaque matin l’ensemble des informations accessibles sur le passé, le présent et l’avenir qui viennent nourrir les analyses des opérateurs. Concrètement, si vous lisez dans le journal que telle société ira mieux demain, c’est déjà trop tard. Tous les opérateurs ont déjà « renforcé leurs position », c’est-à-dire qu’ils se sont déjà portés acheteurs d’actions de cette société, ce qui a fait monter les cours. Jusqu’à quel niveau, me direz-vous ? Eh bien, jusqu’au niveau où les anticipations des optimistes et celles des pessimistes s’équilibrent, c’est-à-dire où le nombre d’opérateurs qui estiment que le cours devrait encore monter (et qu’il vaut mieux acheter) est exactement égal au nombre de ceux qui pensent qu’il a atteint un niveau tel qu’il devrait plutôt baisser (et qu’il vaut mieux vendre). Résultat : le cours tend à se fixer en permanence au niveau où la plus totale incertitude règne sur ce que sera l’évolution des marchés.
Cette incertitude est évidement insupportable. Les opérateurs cherchent donc désespérément la martingale permettant d’y échapper. Et de multiplier les modèles mathématiques, toujours fondés sur les tendances passées, afin de prévoir ce que sera demain leur propre comportement ! Toute la difficulté est que ce comportement ressemble étrangement à celui d’un troupeau de moutons, animaux qui présentent deux caractéristiques communes avec l’opérateur boursier : un fort instinct grégaire et un QI limité. « Quand tout le troupeau part dans une direction, c’est que ça doit être la bonne, pensent les opérateurs-moutons, sinon pourquoi le troupeau irait-il par là ? » Ce comportement mimétique à l’origine des bulles spéculatives est d’ailleurs la stratégie la plus rationnelle. Toute la difficulté pour le mouton est de savoir quitter le troupeau quand il se dirige gaillardement vers le bord de la falaise.
Source : « Petit dictionnaire des mots de la crise » de Philippe Frémeaux et Gérard Mathieu, édition Alternatives Economiques.
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