Sacco et Vanzetti. Le retour du théâtre engagé ?
20 avril 2010, Journal de Braintree (Etat du Massachussets) -
Leur cas remonte à presque un siècle, mais, du 15 au 17 avril 2010, une rétrospective coparrainée par la ville de Braintree et sa société historique a montré l’intérêt encore accordé au cordonnier Nicola Sacco et au poissonnier Bartolomeo Vanzetti, les immigrants italiens qui ont été accusés puis reconnus coupables du meurtre de deux hommes au cours d’un vol à main armée dans les locaux de la fabrique de chaussures Slater-Morrill de South Braintree.
A 3 heures, le 15 avril dernier, à l'occasion de la rétrospective intitulée «une journée du souvenir», exactement 90 ans après la fusillade de la rue Pearl (1920), un monument a été dédié à Frédéric Parmenter, comptable, et à Alessandro Berardelli, garde de sécurité, en présence de leurs descendants respectifs.
Suite à l'inauguration du mémorial, une exposition Sacco et Vanzetti a été inaugurée dans l'Auditorium Cahill de la Mairie, présentant entre autres la «cage» dans laquelle les deux accusés étaient assis lors de leur procès.
«C'est l'un des cas les plus importants de l'histoire américaine", a déclaré John Dennehy, président de la rétrospective, avant de présenter les trois intervenants (le professeur Robert Allison de l'Université de Suffolk, l’adjoint Greg Connor du District Attorney du comté de Norfolk, et le Professeur Alan Rogers du Boston College) pour un débat, le 16 Avril à la Thayer Academy.
M. Dennehy a d’abord précisé que son intention n'était pas d'évaluer la culpabilité ou l'innocence de Sacco et Vanzetti, mais de jeter un regard ouvert et honnête sur les questions que leur cas a fait naître.
Bien que ni Sacco, ni Vanzetti n’ait un casier judiciaire, ils étaient tous deux connus comme radicaux.
Ils ont été arrêtés le 5 mai 1920, après s’être rendus à un garage à Brockton afin de récupérer une voiture ayant servi, selon la police, au braquage de South Braintree.
Sacco et Vanzetti portaient sur eux des pistolets et de la littérature anarchiste. Vanzetti avait aussi des cartouches de fusil du même type que celles utilisées dans le hold-up.
Vanzetti fut donc jugé pour vol à main armée et condamné. Les deux ont été jugés ensuite pour assassinat et reconnus coupables.
Beaucoup ont pensé que le juge de première instance Webster Thayer était de parti pris contre eux, disent des témoins l’ayant entendu déclarer hors de la salle d'audience qu'il allait «les rendre eux-mêmes bons et propres ». CURIEUSE CETTE PHRASE ! on ne sait ce que désigne le pronom « les », les témoins sans doute. Voilà pourquoi je rajoute « eux-mêmes »
Plusieurs intellectuels, dont Dorothy Parker, George Bernard Shaw, Bertrand Russel et HG Wells, firent campagne pour un nouveau procès, mais sans succès. De nombreuses manifestations eurent lieu : des actions de protestation, des marches de milliers de personnes, furent organisées dans les grandes villes de l'Europe, des Amériques et même en Inde. Certaines de ces manifestations ont concerné 250 000 personnes, nombre impressionnant si l'on pense à la taille des villes, il ya 80 ou 90 ans.
Malgré une multitude d'appels, Sacco et Vanzetti ont été exécutés sur la chaise électrique le 23 août 1927 avec un autre homme, Célestin Madeiros, qui avait pourtant avoué être le véritable auteur du hold-up.
Exactement 50 ans plus tard, le gouverneur Michael Dukakis du Massachusetts a publié une proclamation déclarant que Sacco et Vanzetti ont été traités injustement.
M. Dennehy a déclaré aussi que le cas de Sacco et Vanzetti avaient "touché cette ville pendant des décennies" et souligné que de nombreux témoins avaient vécu ou travaillé à Braintree.
M.Allison a précisé que Sacco et Vanzetti avaient été vus en 1917 à Boston lors d'une réunion d'anarchistes ; les États-Unis étaient sur le point d'entrer en guerre.
"Ils sont allés au Mexique pour asseoir la guerre", a déclaré M. Allison.
En 1918, le Congrès a adopté une loi sur l'immigration qui a permis la déportation des radicaux.
"Il y avait eu une tentative d’éliminer plusieurs personnes en situation d'autorité par le biais de lettres piégées. Le ministère de la Justice supposait la culpabilité des groupes radicaux", a déclaré M.Allison.
M. Allison, ajoutant que Sacco et Vanzetti sont «souvent dépeints comme des victimes de l'hystérie politique", a conclu: «Cette affaire continue de nous inquiéter."
M. Connor a dit que les procureurs ont « alimenté le feu » dans les journaux.
Lorsque Sacco et Vanzetti ont pris la parole, la plus grande erreur qu’a faite Vanzetti, selon M.Connor, a été de prôner l'anarchisme ; cela a ouvert la porte à la dénonciation féroce de ses convictions impopulaires.
M. Rogers «Le résultat a été scellé par la façon dont les tribunaux ont exploité le procès", a-t-il dit. «Ils ont donné, au mieux, du bout des lèvres les droits de l'accusé. Les règles des tribunaux n’ont pas été utilisées pour protéger les droits de l'accusé. La Cour suprême de la magistrature a établi des règles qui ont permis au juge Thayer de déterminer le résultat. La Cour suprême de la magistrature ne pouvait examiner que des points de droit, et non pas des questions de fait. C'est ce dispositif de sélection qui réduit la portée de ce que la cour d'appel peut faire. "
En 1939, 12 ans après que Sacco et Vanzetti eurent été exécutés, l'Assemblée législative a adopté une loi qui a permis à la Cour judiciaire suprême d'examiner la loi et les faits.
«De 1892 à 1939, seulement trois condamnations pour assassinat au premier degré ont été infirmées par la Cour suprême de la magistrature, mais de 1940 à 1996, ce sont 18,5 pour cent des condamnations pour assassinat au premier degré qui ont été inversées," a dit M.Rogers.
"L'essentiel est que le changement soit venu à la suite de l'exécution de Sacco et de Vanzetti", a-t-il conclu.
Leur cas remonte à presque un siècle, mais, du 15 au 17 avril 2010, une rétrospective coparrainée par la ville de Braintree et sa société historique a montré l’intérêt encore accordé au cordonnier Nicola Sacco et au poissonnier Bartolomeo Vanzetti, les immigrants italiens qui ont été accusés puis reconnus coupables du meurtre de deux hommes au cours d’un vol à main armée dans les locaux de la fabrique de chaussures Slater-Morrill de South Braintree.
A 3 heures, le 15 avril dernier, à l'occasion de la rétrospective intitulée «une journée du souvenir», exactement 90 ans après la fusillade de la rue Pearl (1920), un monument a été dédié à Frédéric Parmenter, comptable, et à Alessandro Berardelli, garde de sécurité, en présence de leurs descendants respectifs.
Suite à l'inauguration du mémorial, une exposition Sacco et Vanzetti a été inaugurée dans l'Auditorium Cahill de la Mairie, présentant entre autres la «cage» dans laquelle les deux accusés étaient assis lors de leur procès.
«C'est l'un des cas les plus importants de l'histoire américaine", a déclaré John Dennehy, président de la rétrospective, avant de présenter les trois intervenants (le professeur Robert Allison de l'Université de Suffolk, l’adjoint Greg Connor du District Attorney du comté de Norfolk, et le Professeur Alan Rogers du Boston College) pour un débat, le 16 Avril à la Thayer Academy.
M. Dennehy a d’abord précisé que son intention n'était pas d'évaluer la culpabilité ou l'innocence de Sacco et Vanzetti, mais de jeter un regard ouvert et honnête sur les questions que leur cas a fait naître.
Bien que ni Sacco, ni Vanzetti n’ait un casier judiciaire, ils étaient tous deux connus comme radicaux.
Ils ont été arrêtés le 5 mai 1920, après s’être rendus à un garage à Brockton afin de récupérer une voiture ayant servi, selon la police, au braquage de South Braintree.
Sacco et Vanzetti portaient sur eux des pistolets et de la littérature anarchiste. Vanzetti avait aussi des cartouches de fusil du même type que celles utilisées dans le hold-up.
Vanzetti fut donc jugé pour vol à main armée et condamné. Les deux ont été jugés ensuite pour assassinat et reconnus coupables.
Beaucoup ont pensé que le juge de première instance Webster Thayer était de parti pris contre eux, disent des témoins l’ayant entendu déclarer hors de la salle d'audience qu'il allait «les rendre eux-mêmes bons et propres ». CURIEUSE CETTE PHRASE ! on ne sait ce que désigne le pronom « les », les témoins sans doute. Voilà pourquoi je rajoute « eux-mêmes »
Plusieurs intellectuels, dont Dorothy Parker, George Bernard Shaw, Bertrand Russel et HG Wells, firent campagne pour un nouveau procès, mais sans succès. De nombreuses manifestations eurent lieu : des actions de protestation, des marches de milliers de personnes, furent organisées dans les grandes villes de l'Europe, des Amériques et même en Inde. Certaines de ces manifestations ont concerné 250 000 personnes, nombre impressionnant si l'on pense à la taille des villes, il ya 80 ou 90 ans.
Malgré une multitude d'appels, Sacco et Vanzetti ont été exécutés sur la chaise électrique le 23 août 1927 avec un autre homme, Célestin Madeiros, qui avait pourtant avoué être le véritable auteur du hold-up.
Exactement 50 ans plus tard, le gouverneur Michael Dukakis du Massachusetts a publié une proclamation déclarant que Sacco et Vanzetti ont été traités injustement.
M. Dennehy a déclaré aussi que le cas de Sacco et Vanzetti avaient "touché cette ville pendant des décennies" et souligné que de nombreux témoins avaient vécu ou travaillé à Braintree.
M.Allison a précisé que Sacco et Vanzetti avaient été vus en 1917 à Boston lors d'une réunion d'anarchistes ; les États-Unis étaient sur le point d'entrer en guerre.
"Ils sont allés au Mexique pour asseoir la guerre", a déclaré M. Allison.
En 1918, le Congrès a adopté une loi sur l'immigration qui a permis la déportation des radicaux.
"Il y avait eu une tentative d’éliminer plusieurs personnes en situation d'autorité par le biais de lettres piégées. Le ministère de la Justice supposait la culpabilité des groupes radicaux", a déclaré M.Allison.
M. Allison, ajoutant que Sacco et Vanzetti sont «souvent dépeints comme des victimes de l'hystérie politique", a conclu: «Cette affaire continue de nous inquiéter."
M. Connor a dit que les procureurs ont « alimenté le feu » dans les journaux.
Lorsque Sacco et Vanzetti ont pris la parole, la plus grande erreur qu’a faite Vanzetti, selon M.Connor, a été de prôner l'anarchisme ; cela a ouvert la porte à la dénonciation féroce de ses convictions impopulaires.
M. Rogers «Le résultat a été scellé par la façon dont les tribunaux ont exploité le procès", a-t-il dit. «Ils ont donné, au mieux, du bout des lèvres les droits de l'accusé. Les règles des tribunaux n’ont pas été utilisées pour protéger les droits de l'accusé. La Cour suprême de la magistrature a établi des règles qui ont permis au juge Thayer de déterminer le résultat. La Cour suprême de la magistrature ne pouvait examiner que des points de droit, et non pas des questions de fait. C'est ce dispositif de sélection qui réduit la portée de ce que la cour d'appel peut faire. "
En 1939, 12 ans après que Sacco et Vanzetti eurent été exécutés, l'Assemblée législative a adopté une loi qui a permis à la Cour judiciaire suprême d'examiner la loi et les faits.
«De 1892 à 1939, seulement trois condamnations pour assassinat au premier degré ont été infirmées par la Cour suprême de la magistrature, mais de 1940 à 1996, ce sont 18,5 pour cent des condamnations pour assassinat au premier degré qui ont été inversées," a dit M.Rogers.
"L'essentiel est que le changement soit venu à la suite de l'exécution de Sacco et de Vanzetti", a-t-il conclu.
Autre source :
Aujourd'hui, tout le monde accepte que Sacco et Vanzetti aient été victimes d'une vengeance de la justice et des élites américaines qui voulaient détruire le communisme et l'anarchisme et répandre la terreur dans le monde ouvrier.
Crimes et accusations
En Amérique des années 20, les élites capitalistes se sentaient acculées par l'action du mouvement ouvrier, qui, malgré les attaques brutales reçues depuis des décennies précédentes (dont le sommet a été le massacre du 1er mai 1886 à Chicago), avait augmenté sa puissance de combat. Les années entre 1917 et 1920 constituent la période la plus intense de répression politique dans l'histoire américaine, du péril rouge (Red Menace), celui qui avait ouvert et préparé la révolution russe d'Octobre 1917.
Malgré la distance, le pays réagissait à la montée de la puissance soviétique, avec la même vitesse que les Etats les plus réactionnaires d’Europe. Pendant ces quatre ans, la propagande contre les communistes et les anarchistes, l'agitation des médias, et juridique et la brutalité policière, qui se poursuivront pendant de nombreuses décennies, ont culminé et se sont exaspérées. C'est alors que les travailleurs se sont trouvés soumis à des procès maladroits et frauduleux, couronnée par des peines disproportionnées.
Le cas des anarchistes Nicola Sacco (né en1891) et Bartolomeo Vanzetti (né en 1888) fut un grand cirque afin de convertir des gens innocents en boucs émissaires, une lutte non seulement contre la pratique, mais contre les idées de la gauche. Ces deux immigrés italiens ont été utilisés pour transformer cette vendetta en grand spectacle de la terreur. C'était un avertissement contre tous les gens de gauche acharnés à défendre les droits des travailleurs.
Les près de 16,000 dollars volés lors du braquage de la fabrique de chaussures n'ont jamais été retrouvés. Aucune part de cet argent n’est venue dans la maison de Sacco ni de celle de Vanzetti, ni de ses amis. Même le portugais Célestin Madeiros mourut sur la chaise électrique en criant que les Italiens étaient innocents.
Aujourd'hui, tout le monde accepte que Sacco et Vanzetti aient été victimes d'une vengeance de la justice et des élites américaines qui voulaient détruire le communisme et l'anarchisme et répandre la terreur dans le monde ouvrier.
Crimes et accusations
En Amérique des années 20, les élites capitalistes se sentaient acculées par l'action du mouvement ouvrier, qui, malgré les attaques brutales reçues depuis des décennies précédentes (dont le sommet a été le massacre du 1er mai 1886 à Chicago), avait augmenté sa puissance de combat. Les années entre 1917 et 1920 constituent la période la plus intense de répression politique dans l'histoire américaine, du péril rouge (Red Menace), celui qui avait ouvert et préparé la révolution russe d'Octobre 1917.
Malgré la distance, le pays réagissait à la montée de la puissance soviétique, avec la même vitesse que les Etats les plus réactionnaires d’Europe. Pendant ces quatre ans, la propagande contre les communistes et les anarchistes, l'agitation des médias, et juridique et la brutalité policière, qui se poursuivront pendant de nombreuses décennies, ont culminé et se sont exaspérées. C'est alors que les travailleurs se sont trouvés soumis à des procès maladroits et frauduleux, couronnée par des peines disproportionnées.
Le cas des anarchistes Nicola Sacco (né en1891) et Bartolomeo Vanzetti (né en 1888) fut un grand cirque afin de convertir des gens innocents en boucs émissaires, une lutte non seulement contre la pratique, mais contre les idées de la gauche. Ces deux immigrés italiens ont été utilisés pour transformer cette vendetta en grand spectacle de la terreur. C'était un avertissement contre tous les gens de gauche acharnés à défendre les droits des travailleurs.
Les près de 16,000 dollars volés lors du braquage de la fabrique de chaussures n'ont jamais été retrouvés. Aucune part de cet argent n’est venue dans la maison de Sacco ni de celle de Vanzetti, ni de ses amis. Même le portugais Célestin Madeiros mourut sur la chaise électrique en criant que les Italiens étaient innocents.
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3 commentaires
Commentaire de: spectatrice Visiteur
Merci à l’auteur de l’article pour la documentation jointe concernant cette affaire. Il est intéressant de voir qu’on en parle encore dans un pays qui inflige (encore!) la peine de mort.
Commentaire de: Benoit Visiteur
Nico et Bart,
Pas une ride chez les deux compères! L’histoire est d’une modernité, de notre quotidien…
Comme un contre temps la réalité s’affiche en virtuel, en noir et blanc, pour épouser les corps et les âmes de ces deux artistes, et le virtuel est réalité, monolithique, puis duo insaisissable..
Tout juste a-t-on remarqué un effet, un souffle qui semble empêcher Nico et Bart de sonner à l’unisson…
J’aurais aimé chanter les paroles de J Baez, ou celles de G. Moustaki, j’ai entendu la musique de E. Morricone, mais ne boudons pas notre plaisir, cette soirée fut prenante, et la performance enthousiasmante!
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Membre
Il est utile de faire le rapprochement entre cette pièce, “Sacco et Vanzetti", et celle de jeudi dernier, “Grand’peur et misères du IIIème Reich". Où l’on voit que les mêmes procédés sont utilisés dans ce qui voudrait être le modèle de la démocratie, les États-Unis d’Amérique, et ce qui est le prototype du totalitarisme, l’Allemagne nazie : intimidation, chantage à l’emploi, manipulation, pression sur la famille, violence ouverte si les menaces ne suffisent pas… Ce rapprochement nous porte à réfléchir sur la fragilité de la démocratie et si la pièce “Grand’peur” se terminait par ce mot NON - que nous avons applaudi -, il ne faut pas oublier qu’il est plus facile de dire non dans certaines situations que dans d’autres ; raison de plus pour dire non chaque fois que ça se présente.