LES CHOIX STRATÉGIQUES DE L'AMÉNAGEMENT DU CENTRE VILLE
Rencontre avec Alain Mariage, conseiller municipal d’opposition
L’aménagement du centre ville est dans l’air… dans la Lettre de Coye et au Conseil municipal. Repères incontournables dans la vie des Coyens, la Place de la mairie, l’école, le Régent… la Grande rue… Il est intéressant de savoir comment les élus envisagent de rénover, d’aménager ou de modifier ces lieux. Sur le sujet, les reporters de coye29 ont rencontré Alain Mariage, conseiller municipal d’opposition qui a accepté de faire le point et de répondre à leurs questions.
Historique
Il faut rappeler, explique Alain Mariage, que depuis longtemps l’objectif de la municipalité est de développer le commerce dans le centre sous la forme d’une supérette, suite notamment à la fermeture de la pâtisserie puis du magasin de fruits et légumes. A ce sujet on peut se reporter au Conseil municipal du 18 février 2011 - points IV, V et VI - où les élus demandent à l’E.P.F.L.O (1) « d’intervenir dans le projet de revitalisation du petit commerce ».
Dans la continuité de cette décision, le Conseil municipal du 25 octobre 2012 a présenté deux options de réaménagement du centre ville. La première confie le projet à la S.A. H.L.M. de l’Oise. Pour rentabiliser l’opération celle-ci prévoit, outre la construction d’un parking souterrain et de la supérette, un ensemble de dix logements : la commune ferait don du 48 Grande rue et les 44, 46 et 48 seraient démolis pour la construction d’un nouveau bâtiment qui prolongerait le 48 jusqu’à l’angle face au bar Le Régent et empiéterait un peu sur la cour de l’école. Les dix logements comprendraient un étage + combles.
Ce projet 1 avait déjà été présenté début octobre en commission plénière (qui réunit tous les conseillers municipaux) en même temps qu’une autre option. Chacun a pu donner son point de vue, et il est apparu que les conseillers lui étaient majoritairement hostiles. Et lors du conseil municipal qui a suivi, le 25 octobre, c’est en faveur du projet 2 que les conseillers se sont prononcés par deux abstentions et une voix contre.
Le projet retenu
Le projet 2 est ciblé sur le commerce – comme il l’était à l’origine, rappelle Alain Mariage – Pour garder intact le centre du village il n’inclut pas la construction de dix logements. La S.A. H.L.M. n’est donc plus concernée. La mairie confiera l’ensemble de l’opération à un aménageur qui rachètera à l’E.P.F.L.O. les 44 et 46 Grande rue. Les façades sont conservées, les étages aménagés en appartements et la supérette sera rachetée à l’aménageur par la mairie. Celle-ci garde la propriété du 48 et y maintient le logement rénové il y a quatre ans. L’aménageur construit aussi le parking souterrain qui sera revendu à la commune.
Comparatif des deux projets soumis au vote du conseil municipal du 25 octobre 2012
Projet 1 défini avec la SA HLM de l’Oise
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Projet 2 de rénovation du bâti existant
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· Les immeubles des 44 et 46 Grande rue sont rachetés par la commune à l’EPFLO et apportés, avec le 48 Grande rue, à la SA HLM de l’Oise.
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· Les immeubles des 44 et 46 Grande rue sont rachetés à l’EPFLO par un aménageur choisi par la municipalité. L’aménageur se charge de tous les travaux.
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· La SA HLM rase les 44, 46 et 48 Grande rue, et construit un bâtiment plus important que l’existant qui se prolonge sur tout l’angle face au Régent et empiète sur la cour de l’école.
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· Les façades des 44 et 46 Grande rue sont conservées. Les rénovations et aménagements ne concernent que l’intérieur des bâtiments.
· Le 48 Grande rue reste propriété de la commune.
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· La SA HLM revend le rez-de-chaussée à la commune : 300 m2 de surface commerciale.
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· La commune rachète le rez-de-chaussée en surface commerciale : 200 m2.
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· La SA HLM aménage 10 appartements locatifs en étage, dont elle reste propriétaire.
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· L’aménageur reste propriétaire des étages des 44 et 46 Grande rue.
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· La SA HLM construit un parking souterrain d’une trentaine de places. Ce parking est racheté par la commune.
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· L’aménageur construit un parking souterrain de 24 places et le revend à la commune.
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· Coût total : 1 602 000 euros HT, dont :
o Supérette : 622 000 euros
o Parking souterrain : 550 000 euros
o Murs 44 46 gde rue : 430 000 euros
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· Coût total : 1 151 000 euros HT, dont :
o Supérette : 598 000 euros
o Parking souterrain : 553 000 euros
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· Plan de financement prévisionnel :
o Subventions : 410 000 euros
o Subv. SA HLM : 280 000 euros
o Legs Me Delvigne : 400 000 euros
o Emprunts (25 ans) : 512 000 euros
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· Plan de financement prévisionnel :
o Subventions : 345 000 euros
o Legs Me Delvigne : 300 000 euros
o Emprunts (25 ans) : 516 000 euros
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Commentaires
Pour Alain Mariage, ce qui est intéressant dans le projet 2 finalement adopté, c’est que la commune restera propriétaire du 48 Grande rue. Il est utile d’avoir un local à disposition – Ndlr : à défaut du presbytère, rions un peu !! – et il sera possible d’en aménager le rez-de-chaussée. « Par ailleurs, l’avantage esthétique est évident : l’aspect du centre ville ne sera pas modifié puisque nous conserverons les façades actuelles. Enfin sur le plan financier, la différence n’est pas très importante pour la commune. Mais je m’interroge sur la nécessité du parking. C’est un gros investissement, je souhaite qu’une réflexion soit menée sur le sujet. »
La réflexion s’impose en effet ! Faut-il, pour 24 voitures, que la municipalité engage 553 000 HT (662 000 TTC) ? Quand on sait que les parkings souterrains font fuir – places étriquées, ambiance sinistre (à l’exception de lieux privilégiés avec éclairage a giorno et musique douce), quand on sait que les rues de Coye sont souvent désertes – venez faire vos courses le mardi ou le mercredi – et que seul le samedi matin voit un peu d’animation arriver, ainsi que les après-midi d’enterrement et de mariage, on se demande qui va s’engouffrer dans le parking souterrain en semaine pour aller boire un café, acheter sa baguette ou son steak… A moins que ces 24 places ne soient louées à l’année à des habitants privés de garage. Ce qui reviendrait à ce qu’une commune construise des garages pour ses habitants et les leur loue. Pourquoi pas ? Mais pas en plein centre. Pas à côté de l’école. On se sent déjà un peu coupable de stationner dans la cour de l’école le samedi matin, en pensant aux enfants qui joueront le lundi sur les traces de pneus et d’huile de moteur. Alors, des émanations de gaz d’échappement en permanence à côté des marelles et des toboggans… ce n’est pas une option très écolo !
A Coye on a la forêt, on a la Sylve et ses randonnées, … On a le téléthon avec course à pied, on se mobilise pour un PLU qui préserve la verdure et le patrimoine, on est très fier d’être intégré au P.N.R. rempart contre le béton. Cela ne va pas nous empêcher de dépenser 662 000 euros pour 24 bagnoles !!! Excusez la langue un peu verte, la rédaction perd son sang-froid et dérape.
Le legs Delvigne
Restons zen et poursuivons l’étude du tableau, notamment la partie financement. Il ne vous a pas échappé que 300 000 euros proviennent du legs Delvigne. Pour en rappeler l’origine reportons-nous au point VIII du même Conseil municipal du 18 février 2011 : En l’absence d’héritier et en souvenir d’un grand-père qui fut adjoint au maire à Coye, Madame Madeleine Delvigne lègue tous ses biens « à la commune de Coye-la-forêt pour ses œuvres sociales », à savoir un actif d’environ 371 000 € auquel s’ajoutera la somme de 178 000 mentionnée dans le Conseil municipal suivant, du 24 mars 2011. C’est un total confortable. Et l’on se réjouit que cela puisse aider des personnes en difficulté. En ce moment, cela ne manque pas.
Surprise ! Le legs destiné à des œuvres sociales est affecté à la construction d’une supérette et d’un parking ! Tiens, les œuvres sociales ont disparu à Coye ? Le CCAS – Centre Communal d’Action Sociale – manque d’idées ? Personne n’a besoin d’aide ? Personne n’est au chômage ? Pas de bénéficiaire du RMI ou du RSA ? Pas de licenciement ? Pas de loyer trop élevé ? Pas de précarité chez les jeunes ? Pas de maison de retraite trop chère ? Pas de personnes âgées en difficulté ? Pourtant, lors de la dernière Bourse aux vêtements, la Présidente Magali Mariage rappelait que le CCAS –– fait appel à l’Association des familles pour aider les Coyens en difficulté. Elle se réjouissait donc des 800 euros de bénéfice, auxquels elle rajoutait les 24 € produits par la vente de vêtements donnés. Fantastique ! Grâce à l’Association des familles il y aura 824 euros de plus pour l’action sociale ! 824 euros pour payer les factures d’électricité, de chauffage, les loyers en retard, les frais de cantine, le périscolaire, les jouets de Noël et les vacances des enfants, les lunettes et les soins dentaires… Mais c’est Byzance !
Evidemment ce n’est pas avec 824 € qu’on va construire une supérette et un parking. C’est pour cela que le legs est là.
Alors Coyens, n’hésitez pas si vous souhaitez faire une donation – la Lettre de Coye vous y invite souvent – contactez le service des œuvres sociales de la commune. Votre don contribuera à la construction d’un parking souterrain. En remerciement, vous aurez peut-être une place gratuite.
PS : Si les élus sont à court d’idées pour affecter les 550 000 € du legs à des œuvres sociales, nous pouvons faire des suggestions : des vacances accessibles à tous les enfants, un animateur pour les ados, l’accès possible pour tous aux activités des associations, des séjours de vacances pour des personnes âgées, un accompagnement gratuit pour leurs rendez-vous de santé, la rénovation de La Sablière, l’installation de la wifi et un ordinateur portable dans chaque logement de la Sablière … Continuez la liste !
(1) E.P.F.L.O. Etablissement public foncier local du département de l’Oise. Les 44 et 46 Grande rue appartiennent à l’E.P.F.L.O. qui les a achetés pour ce projet, à la demande de la mairie.
Voir le site www.epflo.fr et notamment dans la rubrique « les opérations », acquisition en 2008 et 2009 d’un terrain de 2 000 m2 en partie sur le jardin de l’ancien presbytère, pour 18 logements locatifs sociaux.
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1 commentaire
Commentaire de: Yann Visiteur
Un parking souterrain pour 24 véhicules : 553k€ /24 = 23K€ / véhicule…
Ca paraît aberrant pour un village comme Coye-la-Forêt.
En limitant le temps de stationnement dans les parkings existants il y a largement de quoi accueillir les véhicules des personnes faisant leur courses.
Ca permettrait aussi aux usagers de la poste de pouvoir stationner devant en évitant les stationnements à la journée.