COURAGE, TU N'ES PAS SEUL !
Chère Lectrice, cher Lecteur,
Je comprends votre sentiment, j'ai ressenti le même, la même frustration, celle de me sentir, non de me voir SEUL...
J'ai passé l'après-midi seul dans mon recueillement à moi, laïc, indépendant, sans passion, ni haine, mais simultanément avec bien peu d'amour...
Oui, j'ai pris la décision de ne pas aller manifester et dès le début, car ce rassemblement n'avait rien d'une manifestation, rien du cri d’angoisse, de terreur, de vie que constitue pour moi « je suis Charlie »...
Non, je ne crois pas au rassemblement œcuménique, sorte de grand messe Catho-Musulmo-Judaïco-laïque, proposé un dimanche après-midi par un État, en présence des cinquante plus grands responsables de la situation infernale dans laquelle nous nous retrouvons aujourd'hui... Je ne crois pas un seul instant en leurs repentirs, et la récupération politicienne – voir le débat sur la présence ou non du FN –, ne fait qu'illustrer la bassesse des pensées qui accompagnait ces marcheurs-là !
Enfin, je ne suis pas allé me recueillir avec des non laïcs pour penser aux chantres de la laïcité: quelle ironie, Charlie Hebdo, ses dessinateurs, les champions de la laïcité, morts pour leur combat et adulés par une foule de religieux, qui se pavanaient de leurs différences : quid étaient musulmans, juifs, catholiques, « protestants », bouddhistes, taoïstes... Religions de boutiquier, si souvent dénoncées par ceux qui étaient les premiers visés...
Non, je suis athée et, après la mort, pour moi il n'y a rien et surtout pas une pseudo communion, Black Blanc, Beur. Il n'y a rien sauf la mémoire et l'envie de ne pas les oublier sans pour autant dénigrer leur combat, ni chercher à le dévoyer...Les cons sont tous nés quelque part, et c'est toujours à tort, à contretemps qu'ils vous le rappellent...
Je n'ai pas de prières à dire, ni de volonté à montrer ma peine. Charlie Hebdo, j'en ai trop peu lu ces dernières années... Et l’union nationale est un spectre plutôt qu'un chant d'espoir pour moi.
J'ai préféré écouter Enthoven et les commentaires de Diagne à propos du Coran¹ et m'instruire sur les contrastes fabriqués : Pourquoi ces vérités premières ne sont-elles jamais enseignées, ou pas écoutées... Personne ne m'a enseigné la double vérité d'Averroès, pourquoi a-t-il fallu que j'ai plus de quarante ans pour aller en Andalousie avec mes enfants, pour découvrir ce principe mêlant rationalisme et religion et nous offrant le droit à nous les rationalistes, les athées, de répéter qu'une vérité ne peut pas en contenir une autre....
D'un point de vue personnel, car au fond c'est cela qui me guide au quotidien, j'ai aussi pris cette décision car il ne reste que peu de compassion à offrir. Mon cœur à titre personnel est déjà éparpillé, explosé et si je suis vivant j'en ressens tous les jours de la douleur. Il ne me reste que peu de compassion et je préfère dépenser cette humanité à des causes plus terre à terre...
Ai-je raison, ai-je tort, cela n'a plus d'importance, car je me sentais à la fois en communion avec ceux que j'aime et si différent dans mon approche... J'ai envié, j'envie la naïveté de mes deux plus jeunes enfants, je me suis rappelé être aussi descendu dans le rue contre les attentats de la rue de Rosiers, et me sentir, moi, juif contre la barbarie, mais pas hier, pas la semaine dernière...
Mais aussi, c'est un peu le résumé de cette année qui vient de s'écouler, où mon cœur semble oublier la raison, ou ne pas vouloir l'entendre, même quand le destin l’entraîne sur des sentiers trop personnels pour les partager avec vous, quand je me sens frustré et malheureux de l'immobilisme ambiant... Et la tendresse BORDEL, auraient certainement titrés les disparus, se moquant de nous...
Sommes-nous condamnés à vivre SEUL ? Est-ce là l'amour, la compassion, qui nous unit ?
1. Est-ce trahir le Coran que de l’interpréter ?
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2 commentaires
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
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Ah ! un peu d’air ! Merci, on se sentait étouffer.
Ce n’est pas le moindre des paradoxes que ces bouffeurs de curés (et de rabbins et d’imams et de tous les culs bénis quels qu’ils soient), ces mécréants patentés, ces anarchistes insolents et irrespectueux, ces mal-élevés, ces rigolards faisant feu de tout bois et dessins de toute connerie humaine, se retrouvent sacralisés par l’ensemble des autorités religieuses et politiques de la planète, transformés en idoles disparaissant dans les nuages d’encens. On croit rêver !
C’est sûr que là-haut ils doivent se taper sur le ventre ; sûr qu’ils se marrent… comme jamais. Quelle blague ! Plus énorme que ça, tu meurs !
La liberté d’expression, c’est une chose. Mais elle ne sert à rien sans le courage de penser. En ces jours d’unanimisme, on a l’impression qu’il n’est pas envisageable de vivre en dehors de la religion. L’athéisme, l’agnosticisme, le rationalisme, la libre pensée, on se demande si ça existe encore. Nous devons réaffirmer partout et toujours le droit de penser librement. Et foin du respect et de la tolérance, s’ils doivent être une censure nous condamnant au silence.
Je ne suis pas Charlie, mais je dis : Vive Charlie !
Commentaire de: Marie Louise Membre
Où là-haut? J’espère bien que, si c’est “là-haut” que nous allons, il est impossible de voir ce qui se passe “en bas". Ou alors c’est l’Enfer!