LE TRÉSOR DE LA PETITE ZOÉ
De Patrice Landré
Compagnie Patchwork
Mise en scène : James Hodges
Je suis allée au théâtre avec ma petite fille.
Quand je vais au théâtre avec elle, pour bien faire il faut que j'y aille deux fois. La première toute seule, la seconde avec elle. Car je suis bien incapable de suivre le spectacle tout en la regardant. Être avec elle au théâtre, c'est lire sur son visage et dans ses gestes la réception de la pièce, entendre l’écho de ce qui se joue sur scène. Je ne m’en prive pas et, paradoxalement, je vois mieux, j’entends mieux. Elle gigote? Tiens, qu'est-ce qui ne l'intéresse pas?
Elle se redresse, tend le cou? C’est qu’elle est captivée ou inquiète. Et quand le rire éclate, je suis ravie comme elle. Pendant ce temps-là, j'ai perdu de vue les comédiens, j'ai perdu Zoé, l'ogre, le roi d'Espagne et.... le contenu de la poubelle, pourtant très important.
Vous comprenez alors pourquoi je suis allée voir toute seule le matin à 9h le trésor de Zoé. Toute seule, non. La salle était pleine d'enfants, mais comme ce n'était pas les miens je les regardais moins, évidemment. Mais je les entendais rire…
Les enfants collectionnent… Ils aiment les boîtes.
La petite Zoé (jaune et verte, marionnette souriante en carton) ne fait pas exception. De sa grande boîte rouge Patrice et Oona (on ne sait pas très bien si ce sont ses parents mais on s’en doute car ils fouillent dans ses affaires et ils la cherchent tout le temps) extraient des choses dont on se dit qu’elles sont bonnes pour la poubelle. Pourtant ce sont d’elles que sortent les histoires et les chansons. Le théâtre recycle tout ! Une ficelle qui ne veut pas se nouer, un cornet de glace qui devient nez, corne ou barbichette. Un emballage de gâteau qui traîne, et voici la poubelle convoquée, habitée par un ver vert un peu solitaire, pas du tout répugnant je vous assure, plutôt du genre amical boa à plumes que vous emportez en soirée. Le spectacle est un méli-mélo – le mot n’est pas de moi – de chansons et de scénettes, de contes (L’ogre et la fée, de Victor Hugo), de fables, de poésies (Robert Desnos et sa fourmi). Difficile de trouver un fil conducteur, mais ce n’est pas ce qu’il faut chercher. Juste vivre l’instant de chaque histoire, écouter les textes, les chansons, les rythmes : « Y a des tas de gouttes qui tombent, qui font flic et qui font flac… » On navigue sans boussole et l’on fait des rencontres amusantes : un lézard retrouve sa queue sur une guitare, des mains dessinent des ombres chinoises, un balai chasse les rats de l’opéra …
La grand-mère qui emmène sa petite fille au théâtre se félicite qu’elle y entende le beau langage – les alexandrins de Victor Hugo en maternelle, il fallait oser ! L’auteur et les comédiens ont choisi la qualité pour les enfants. C’est un des premiers mérites du spectacle. Oona a une voix magnifique et elle sert avec chaleur et générosité des textes soignés, poétiques, des rythmes que l’on est heureux de fredonner en sortant. Mais il faut s’amuser aussi au théâtre, être surpris si l’on veut avoir envie de revenir. La gestuelle des comédiens, leur présence et leur vivacité ont capté l’attention des petits, tout comme les boîtes rouges de Zoé qui se transforment en palais, en opéra, en maison de poupée ou en poubelle. Et ma petite fille a beaucoup ri.
Je lui laisse le dernier mot, car elle est la destinataire de cette heureuse création de la compagnie Patchwork.
Éva a aimé :
Quand Zoé n'a pas su compter
Quand le monsieur s'est enfilé la tête et le bras avec le fil
Quand ils ont mangé les glaces et que le monsieur et la dame ont voulu goûter la glace de l'autre
C'était drôle quand le monsieur a chanté très fort je t'aime
C'était beau quand la lumière faisait des gouttes de pluie
J'aimais bien quand Zoé a mis le nez dans la poubelle et quand ils mettaient tout par terre.
Dans la petite maison en deux minutes la souris a perdu sa varicelle et l'escargot en cinq minutes a réparé sa coquille
Ils ont fait des ombres avec leurs mains et il y avait la petite souris qui montait sur le bras de la jeune fille
Le chat a fait peur aux danseuses et j'ai rigolé.
Et quand Zoé a compté c'était rigolo car elle a fait un, quatre, douze, dix... Elle comptait pas du tout dans l'ordre, c'est vraiment pas bien.
Galerie Photos : LE TRÉSOR DE LA PETITE ZOÉ De Patrice Landré
Bande annonce :
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