CLUB 27
Compagnie Coup de poker
Mise en scène Guillaume Barbot
Et Textes collectifs
Plus de 240 personnes sont venues assister, ce jeudi soir, à ce qui sera peut être l’une des pièces les plus controversées de ce 32e Festival. Créée en Juillet 2012 pour le Festival d’ Avignon par Guillaume Barbot (L’évasion de Kamo présentée à Coye en 2010), et jouée en janvier 2012/février 2013 à la Maison des Métallos de Paris, Club 27 est une pièce qui ne peut pas plaire à tout le monde, une pièce que l’on adore ou que l’on déteste, mais qui ne laisse pas indifférent.
Brian Jones, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison et Kurt Cobain font tous partie du Club 27. Comment obtenir sa carte de membre ? La règle est la suivante : mourir à l’âge de 27 ans, (et avoir un certain intérêt pour les stupéfiants et les spiritueux…). Mais ce n’est pas leur seul point commun, toutes ces légendes ont vécu une vie aussi fulgurante que courte, avec un seul mot d’ordre : rester un éternel adolescent.
Dès le départ, le guitariste violoniste Pierre Marie Braye-Weppe nous transporte avec un morceau du bluesman Robert Johnson, premier membre du club 27. Les personnages sont là, des personnes lambda, comme vous et moi, « des rockeurs perdus, des nostalgiques » qui vont chacun incarner une de leurs idoles et dévoiler leur rapport au Rock, terme devenu attitude. « Une grande famille malgré elle… » .
Dans un univers feutré- déjanté, les matières se confondent, les objets sont mis à mal par ces personnages avides de sensations extrêmes, de sensations tout court. Les plumes de la sensualité répondent aux vieilles chemises grunge dans un joyeux désordre. Les néons suspendus, les vidéos, voix des acteurs et notes de guitare nous replongent dans les classiques du rock avec des morceaux de Nirvana, The Doors et Janis Joplin.
Le public fait partie intégrante de la pièce, il est scruté et interrogé tout au long du spectacle, il applaudit à la fin des concerts qui s’enchaîneront pour chacun des personnages. On s’adresse directement à lui, le théâtre devient lieu d’échange.
Mais Club 27, ce n’est pas seulement un hommage à des personnages qui ont su profiter de la vie à l’extrême, rongés par une force de vivre qui les dépassait.
C'est aussi une réflexion posée par les acteurs à travers l'idole qu'ils incarnent. Faut-il brûler franchement ou s’éteindre à petit feu ? Et si vous avez choisi de vivre une vie sans excès, ne rêvez-vous pas de revenir en arrière, de vivre enfin vos rêves ? Quel choix de vie faire ?
Le choix, la génération « easy-jet élévée au biberon de la peur » n’en a pas : elle en a trop? Elle ne sait pas trouver sa place aux côtés de la génération passée ; elle a les même héros, adule les mêmes chanteurs.
« Merde est-ce qu’on a plus rien à nous ? Ils sont où nos héros ? »
« J’ai regardé des souvenirs croyant qu’ils m’appartenaient, regarder des images croyant qu’elles m’appartenaient ».
Qu’est-ce qu’il lui reste ? Elle n’a plus droit à l’insouciance ; est esclave d’ «un système qui la transforme en un produit de plus à consommer». Elle doit vite s’intégrer dans un monde régi par un nouveau club des 27, un club composé non plus de rockeurs insouciants, mais de dirigeants des 27 pays de l’Union Européenne…
Le jeu des acteurs est surprenant et déglingué comme les personnages qu’ils incarnent. La pièce est avant tout montée sur des improvisations, comme l’explique Guillaume Barbot dans son entretien pour la revue Tchaïka.
« Je les inclus dès le processus d’écriture. Nous travaillons à partir d’improvisations, et de leurs points de vue sur notre matière de base. Je leur ai donc demandé d’apporter des textes qui les animaient, des choses qui leur donnaient vraiment envie. Pendant quinze jours, nous avons travaillé en improvisant à partir de ces matériaux (parfois des textes de philosophie, de sociologie). Je leur ai également passé des commandes d’écriture, ils réécrivaient des bouts de textes, des contes. Ils amenaient des extraits de films, de la musique, tout ce qu’ils voulaient. L’important pour moi était de travailler à partir de matériaux très proches d’eux. À partir de ce travail, j’ai écrit et tenté de construire une dramaturgie qui me permette de donner mon point de vue. Mais je le raconte à travers les acteurs, ce sont eux qui m’ont fourni la matière. »
Le cri de Céline Champinot nous invite à réfléchir sur ce qui nous entoure, sur notre existence « est-ce que ça me plaît ? » La rencontre entre le théâtre et la musique - que l’on pouvait appréhender - décuple les émotions. La pièce se termine par un slam effréné sur « Back to black » d’ Amy Winehouse ; chanteuse décédée en juillet 2011 à 27 ans, dont tous avaient prédit son entrée dans le Forever 27 Club….
Félicitations aux comédiens :
Céline Champinot (Jim Morrison)
Séverine Astel (Kurt Cobain)
Elise Marie (Janis Joplin)
Zoon Besse (Brian Jones)
Yohan Manca (Jimi Hendrix)
… Et au musicien Pierre-Marie Braye-Weppe
Toutes les photos du spectacle : CLUB 27 Compagnie Coup de poker
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L’équipe du Festival vous recommande le spectacle musical “Gainsbourg, moi non plus” aussi mis en scène par Guillaume Barbot. En juin à l’européen (Paris) tous les jeudi, vendredi , samedi à 19h et du mardi au samedi à 20h en juillet et en aout.
http://www.coupdepoker.org/ciecoupdepoker/presse_Gainsbourg_files/presse%20gainsbourg.pdf