Tout sur TOUH
TOUH de Jeanne Chartier et Loïc Bartolini
Paille Productions
Mise en scène de Marc Pistolesi et Loïc Bartolini.
Derrière le rideau de velours rouge fermé pour la première fois depuis le début du Festival, que se cache-t-il ?
Un petit OVNI.
Au milieu des fumigènes, un couple fait face au méchant. Qui sont-ils ? On ne le sait pas encore. Une balle est tirée, s’immobilise à quelques mètres de sa cible dans ce que l’on imagine être un temple inca.
Musique de superproduction hollywoodienne, ralenti et flash back.
Entrons dans une poursuite échevelée, un jeu de piste planétaire. Quels liens peut-il y avoir entre une carte géographique du XVI ème siècle établie par un scientifique oriental, le Saint-Jean Baptiste de Léonard de Vinci ?
Une Fifi Brin d’Acier montée en graines, laborantine de son état, et son frère adoptif, doctorant en histoire, se lancent à l’aide du carnet de leur défunt père à la recherche du trésor de TouH. Ils ne sont manifestement pas seuls en chemin. Une étrange créature masquée vêtue de pourpre cardinalice et d’un masque vénitien s’est introduit dans la bibliothèque sans pouvoir s’emparer du précieux viatique.
Première étape, l’aéroport Atatürk d’Istanbul où leur chemin croise celui d’un bad boy un peu paumé, menteur, hâbleur. Flairant la bonne affaire, il prend sous son aile nos apprentis aventuriers suivi de près par son créancier qui n’entend pas voir se volatiliser son investissement. Une étape dans le musée Topkapi pour récupérer le fameux grimoire, une course folle dans le grand Bazar et c’est le grand départ pour un vol au dessus du désert.
Prochaine destination : une pyramide inconnue à ce jour pas loin du temple d’Abou Simbel. Une hilarante bataille aérienne d’opérette suivie d’un crash, rien ne manque à ce film d’aventures. Pas même une étape dans un village du Soudan où campe un gentil sorcier qui souffle le chaud et le froid au grand dam des protagonistes. Les sentiments bientôt s’en mêlent. Premier baiser pour notre héroïne touchée au cœur par son désormais Prince Charmant.
Cartouche égyptien à interpréter, sol qui se dérobe sous les pas des héros dans un temple bolivien perdu dans la jungle, comptine enfantine dansée pour échapper aux pointes acérées d’un pont de singe, bataille homérique entre notre héroïne et le gardien du Pouvoir de TouH, arbre de vie, bague magique, autant de clins d’œil délirants aux grands films d’aventures jusqu’au dénouement qui voit le frère choisir « le côté obscur de la force». Il ne manquait plus que Star Wars à ces références. La voilà !
Et c’est le happy end avec un enfant en voix off : « dis Papa, raconte-moi encore une fois le jour où tu as rencontré Maman »…
Aymeric (4 ans), confortablement serré dans les bras maternels n’en a pas perdu une miette. Côté cour ou côté jardin, il suit les acteurs des yeux, s’émerveille de tours de passe-passe que tout un chacun est bien en peine de démonter, bat des mains et génération « écran vidéo » oblige ne s’étonne même pas quand l’hémoglobine tache la chemise du gentil looser.
A la fin du spectacle, les plus jeunes viennent timidement demander leurs trucs aux protagonistes. Les créateurs du spectacle ne boudent pas leur plaisir. Loïc Bartolini rassure : une éponge dissimulée dans une main et du liquide acheté dans un magasin spécialisé pour un effet saisissant. Et si on demande aux enfants ce qui les a le plus marqué, c’est naturellement le méchant adepte de TouH dans sa houppelande... Jeanne Chartier, quant à elle, insiste sur la modernité de son personnage : « elle n’est pas un faire-valoir ; c’est une femme moderne qui prend les choses en main, pas une faible créature qui craint les serpents ou de se casser un ongle ... »
Fruit d’un travail de longue haleine pendant lequel l’équipe s’est plongée dans les recherches historiques pour y pêcher quelques mystères bien opaques et les combiner astucieusement, TouH fait aussi largement appel à la magie.
Le duo a dû pour cela infiltrer le monde très secret des magiciens qui ne se dévoile pas facilement et reste sur son quant à soi. Sa folle envie et sa pugnacité a eu raison des réticences.
Donc motus sur les effets spéciaux …
Nourri des eighties, ce TouH là est une réussite tous publics, bourré de références pour les trente-quarante ans. Indiana Jones à la poursuite du Diamant Vert qui rencontrerait La Momie … Le fil se dévide et on se prend à rêver d’un spectacle fifties, sixties, seventies, Belphégor flirtant avec la Marquise des Anges sur une musique à la Rocky Horror Picture Show.
De nouvelles idées peut être pour la compagnie Paille Production… qui ne semble pas en manquer.
Elle a en tout cas semé ce soir chez les juniors une petite graine d’amour pour le spectacle vivant. Celle-ci ne devrait pas manquer d’éclore compte tenu de la météo de ce joli mois de mai à Coye La Forêt.
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