Les Dames du jeudi
de Loleh Bellon
Théâtre de La Lucarne
Mise en scène d'Isabelle Domenech
Avec Claudine Deraedt : Sonia
Michaël Pastorelli : Victor
Claude Samsoën : Marie
Isabelle Jacquet : Hélène
Pierre Debert : Jean
Heureux hasard : cette pièce qui ouvre le 36ème Festival de Coye s’insère aussi dans l’air culturel du temps : « portraits de femmes », thème porté en ce moment même par plusieurs associations partenaires.
Car c’est de femmes qu’il s’agit : l’auteure d’abord, Loleh Bellon, que certains spectateurs m’ont dit avoir connue, la metteuse en scène, Isabelle Domenech, qui nous livre sa première œuvre, saluée par un public enthousiaste : la scène est meublée sobrement et efficacement, avec son papier peint fleuri, son sofa éculé et son lampadaire des années 50 ; les éclairages ont été finement pensés pour servir la pièce : des flash donnent le signal des… flashback, à chaque fois que les Dames replongent dans leur passé, leurs souvenirs d’enfants, leurs blessures ; les acteurs se déplacent dans l’espace qui se redécoupe sans cesse en mini-scènes du présent et du passé.
C’est une pièce de femmes et les trois actrices nous bluffent tant elles habitent leur rôle ; c’est quasiment du sur-mesure ! Marie est magnifique quand elle évoque le cancer de son frère, Sonia nous émeut terriblement en affichant une frivolité dont on n’est pas dupe et Hélène sait si bien nous montrer ses meurtrissures derrière sa méchanceté.
Mais c’est la vie ; le tout est parsemé de bons mots qui font rire tout le monde alors que le fond n’est pas drôle du tout… « même les morts meurent… »
Et comme c’est la vie, il y a aussi deux hommes au milieu de ces femmes : Jean avec sa perruque blonde retrouvée dans les décors du « Mari idéal 1» : séducteur qui apparaît et disparaît furtivement au fil des souvenirs évoqués : il les aime toutes les trois et joue à merveille l’Homme de chacune.
L’autre homme est Victor, nouvel arrivé dans la troupe : quel talent déjà pour interpréter le fils pourri gâté de sa mère, qui joue à la voiture de grand, avec sa passion pour les Amilcar.
La salle était pleine, les spectateurs pensifs comme après un Tchekhov, heureux comme après un beau spectacle : belle entrée « en » Festival. Bravo la Lucarne !
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Ah! ces trois femmes! Je les aime toutes les trois, tellement bien incarnées par les comédiennes. Leurs disputes, leurs petites méchancetés, leurs rivalités, leurs souffrances si bien cachées parfois. Mais quelle chance elles ont d’avoir cette amitié qui a survécu à l’adolescence et aux tribulations de leurs vies d’adultes. Qu’elle ait cette durée et soit devenue un pôle de leurs vies de femmes maintenant “âgées” et seules…
Merci à La Lucarne pour cette réalisation vivante et chaleureuse.