Dents longues et langues de bois
Maître Boileau sur son arbre perché tenait dans son bec un adage : « Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement. » Cette vieille sagesse veut bien dire que chaque fois qu’on entend un beau cravaté fraîchement barbu ou une belle décolorée à talons pointus s’exprimer en souriant dans une langue française que ni Molière ni vous ne comprenez, on vous roule dans la farine. Un langage abscons, c’est fait pour les... melons, comme on disait à Cavaillon. Essayons, vous allez voir : « Pour que les habitants deviennent des acteurs grâce à un diagnostic partagé dans le respect de la dimension interculturelle issue de la décentralisation, il importe qu’une citoyenneté inclusive de proximité soit élaborée en tenant compte de la démocratie, du lien social et d’une mondialisation qui engloberait le local. Un partenariat dans la solidarité deviendra alors le projet d’un développement dont le contrat fondamental sera la participation. » Là, déjà, on commence à être d’accord.
Sans tricher, on peut prendre les mêmes mots à l’envers : « La participation à un contrat de développement doit être le seul projet qui réunisse la solidarité et le partenariat local. En effet, la mondialisation ne sera favorable au lien social et à la démocratie qu’à la condition que la proximité d’une citoyenneté inclusive respecte la décentralisation. C’est à cette seule condition qu’une dimension interculturelle permettra un diagnostic partagé dont les acteurs seront les habitants. » On est convaincu, mais sans savoir de quoi. En plus, ils vous demandent de leur faire confiance. Ils sont médecins, psychananas-listes, maîtres du barreau, ingénieurs ingénieux, économistes économes, administrateurs ministériels ou sémillants ministres de nos administrations. Ils sont en tout cas les savants spécialistes de notre ignorance, les merveilleux communicants de l’incommunicable. Pour se protéger de nos dernières tentatives de compréhension, ils ne manquent pas de saupoudrer leurs discours de sigles cabalistiques et autres hiéroglyphes obscurs. Alors les CADPH se grisent avec la DGCS de nouvelles MDPH pour la plus grande joie des APES-SEH ou des PHRH-ADAGIR et des HIS. Sans compter que nous ne sommes jamais à l’abri d’un IDM et IC brutale, avec AC/FA dans un contexte de BAV, conséquence évidente d’un RM serré sur IA connue de longue date. Il ne vous restera alors qu’une FIV par PMA en se souciant du HIV, compte tenu du risque de GPA à la SNCF et la RATP. Là quand même, on arriverait à reconnaître. On n’a jamais la répartie bien sûr, mais ils n’auront pas notre confiance. On se contente d’admirer les copeaux que produisent leurs dents longues sur leurs langues de bois.
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2 commentaires
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Commentaire de: Marie Louise Membre
Mais finalement la langue de bois a un avantage : qu’est-ce qu’elle nous amuse! C’est à cela qu’on la reconnaît. Ou alors elle endort. Ou elle favorise les échappées : on surprend sa pensée à fuguer, elle est ailleurs et elle s’y trouve bien.
On n’a jamais la répartie, dis-tu.
N’en soyons pas marris, car il n’y a rien à répartir. Répartir, ce serait entrer dans leur monde où règnent l’enfumage, la fausseté, le mépris, la concurrence et la manipulation.
Il n’y a qu’une chose à faire : continuer à vivre dans notre monde à nous, avec les valeurs qui sont les nôtres, la clarté, l’honnêteté, la simplicité, à tout le moins le respect, et si possible la solidarité.
On regardera toujours avec intérêt et plaisir les « conférences articulées » de Franck Lepage.
Sur le thème de la langue de bois, je conseille :
https://www.youtube.com/watch?v=oNJo-E4MEk8
mais toutes sont instructives.