CONFIN-TOI, LE CIEL T'AIDERA !
Le feu a pris à la planète. La folie humaine confine au désespoir. La mort frappe aux portes et monte les escaliers. L’Un a peur de l’Autre. Celle-là devant celle-ci s’enfuit. La peste coronale nous attaque au profond de notre « précieux », notre humanité. Nous qui aimons par-dessus tout, les relations, les bisous, les contacts, les caresses, les rapports, les embrassades, les câlins, les accolades, les liens, les baise-mains, les tapes amicales et les franches poignées de main, nous voilà frustrés à mort… enfin dans l’essentiel de nos vies.
Ce Covid qui couvait dans les bas-quartiers de sous-continents asiatiques a proliféré à cette vitesse vertigineuse parce qu’il se nourrit de nos liens relationnels. Il t’attrape sournoisement si tu t’approches assez de l’autre pour l’échange des regards. Le lac de nos yeux parle tant à ceux des autres, plus que les mots les mieux ciselés et les lignes les plus raffinées. Et là, plus rien. Les autres sont devenus des ombres croisées, un soir, dans un parc glacé. Leurs regards sont tombés par terre. Elles cherchent leurs yeux dans la poussière. Leurs visages sont vides, telle l’énigmatique folie des silhouettes des peintures de Toffoli. Plus d’œillades ! Elles seraient assassines ! Fini le petit plaisir de la rencontre rassurante des yeux qui se disent « tu ». Ça tue ! Dès qu’en croisant une belle étrangère, tu as senti son parfum, peut-être as-tu pris le risque stupide de la contaminer ? Et cette violente et soudaine épidémie ne fait que commencer. Les pauvres, les simples, les sans-défenses, les petits, les sans-grades, les miséreux seront les premiers et les derniers à monter sur les chariots macabres. Dans leurs châteaux, les seigneurs se confinent mieux que la piétaille dans les chaumières. Et la piétaille, ce sont toujours les mêmes, les infirmières, les docteuresses, les aides-soignantes, les femmes de ménage, les aidantes à domicile, les vendeuses, les caissières, les institutrices, les profs, les femmes, les travailleuses de ce travail social que d’habitude on méprise. A peine déserrons pour elles le cordon de nos bourses, qui d’ailleurs s’affolent genre panique de volatiles à la corbeille. Je crains que cette hécatombe ne profite qu’aux misanthropes aigris, aux paranoïaques xénophobes et aux égoïstes patentés. Ceux-là sont confinés d’origine. Courage. Aimons-nous quand même. Protégeons-nous mais ne soyons qu’atrabilaires par intérim. Nous rirons et pleurerons encore longtemps ensemble.
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