JOURNAL DU CONFINEMENT
… ou à quoi je pense ces jours-ci en me lavant les dents.
JOUR 1 (mardi 17 mars 2020 – début du confinement à midi) : RAS, si ce n’est quelques rayons bêtement vidés dans les supermarchés – chacun prend ses marques et mesure peu à peu l’impact des consignes, pas encore très bien appliquées par tous, sur la vie quotidienne. Une certaine solidarité s’organise. On ignore combien de temps ça va durer…
JOUR 2 : journée globalement tranquille et ensoleillée.
Choses vues dans les journaux télévisés :
En Italie, inquiets en prévision du confinement qui se dessinait à cause de l’épidémie de coronavirus, les gens ont fait des provisions de pâtes alimentaires (logique !).
En France, les gens ont fait des stocks de pâtes, de riz, de sucre et… de papier toilette.
Aux Etats-Unis, pendant que certains sous-estiment la menace, d’autres se précipitent pour acheter des armes.
Sans commentaire.
JOUR 3 : beau temps.
L’un des mérites de cette période exceptionnelle de confinement, c’est qu’elle permet de réfléchir à ce qui est vraiment essentiel. Question métiers en particulier : tout le monde a bien en tête les médecins, infirmiers, aides-soignants, etc. Bref, tous les personnels soignants, hospitaliers ou en ville, auxquels on rend régulièrement hommage – et ce n’est que justice. Mais on constate aussi, et souvent avec plus de surprise, que certains autres métiers sont vraiment nécessaires à la bonne marche du pays : boulanger, caissier, pompiste, postier, facteur, enseignant, assistant maternel, éboueur, chauffeur de poids lourd acheminant des produits de première nécessité, électricien chez RTE, salarié du BTP réparant les conduites d’eau, ouvrier dans une usine de masques FFP2 ou de médicaments… j’en oublie sûrement. Bien des métiers parmi ceux-là sont peu ou mal considérés et pourtant ils s’avèrent bien plus utiles en ce moment que la plupart de ceux qui peuvent s’exercer en télétravail. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe si ces professions font grève… (quand je fais grève, moi, ça n’embête que moi, parce que je dois rattraper ensuite le travail en retard, et ça n’intéresse personne si ce n’est le service du personnel pour retrancher les jours de grève de ma paye). Quelle leçon ! L’ego de certains pourrait en prendre un coup. Si on était logique, les gens qui exercent ces métiers « indispensables à la Nation » devraient être au moins aussi bien payés, sinon davantage, que moi et beaucoup d’autres qui se croient pourtant si importants. Alors, oui, bien sûr : il faut continuer à rendre hommage à tous les soignants, qui sont des héros du quotidien, les aider autant que possible et, pourquoi pas, les applaudir chaque soir à 20h pour leur témoigner de la reconnaissance de tous et leur apporter un soutien moral qui peut leur être précieux. Mais, la prochaine fois que vous les applaudirez, ayez aussi une pensée pour tous ces « petits métiers » invisibles ou presque, pour tous ceux qui travaillent dans la discrétion et l’humilité à des tâches indispensables et parfois ingrates, et réservez-leur quelques battements de paumes. Parce qu’on gagne aussi les « guerres » grâce aux cordonniers qui font de bonnes chaussures. A tous les indispensables de l’ombre comme dans la lumière, la Nation reconnaissante.
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1 commentaire
Commentaire de: françoise Visiteur
C’est effectivement un curieux renversement des valeurs qui fait que les métiers les plus utiles socialement soient si mal rétribués.
Quant à ceux qu’on nomme les « héros », ils n’avaient pas demandé à l’être et n’auraient pas besoin de l’être si on les avait écoutés alors qu’ils annoncent depuis si longtemps le risque d’un effondrement du système de santé.