Journal du confinement (2)
Supermarché - Médecins
4ème JOUR : Il paraît qu’aujourd’hui commence le printemps. C’est vrai, quelque chose dans l’air a changé, mais pas vraiment au niveau de la météo. Le temps aura été plutôt maussade une grande partie de la journée.
« 1ère sortie »
Il y a quelque chose qui n’est pas normal. Est-ce parce que j’ai vu à la télévision des images de villes aux rues désertées que je ne m’étonne pas de trouver les routes si peu fréquentées en allant faire des courses ? C’est ma première sortie depuis dimanche, c’est-à-dire depuis avant le début du confinement, car il faut que j’aille au ravitaillement. Ce à quoi je ne m’attendais pas, peut-être parce que je n’y avais pas réfléchi, c’était à trouver une file de gens qui patientent chacun derrière son chariot devant l’unique porte ouverte du supermarché, que l’on n’est autorisé à franchir que par petits groupes, quand d’autres clients sont sortis. Une fois à l’intérieur, des rayons sont vides… Mais ce qui me marque le plus, c’est l’atmosphère tendue. Pas de sourires, hormis celui de la caissière, des visages fermés, des clients disciplinés et assez pressés. Oui, vraiment, on sent que quelque chose n’est pas normal.
« Les vétos à la rescousse »
Les informations du soir nous ont appris que des vétérinaires viennent en renfort des soignants, pour leur procurer du matériel utilisable pour des patients humains (respirateurs, masques, et.). Après tout, c’est logique : nous sommes nous aussi des animaux ! Et puis, l’épidémie a commencé par une transmission du virus d’animal à homme sur un marché d’animaux vivants, si j’ai bien compris. Juste retour des choses donc. La boucle est bouclée.
« Médecins masqués »
D’autres siècles avant celui-ci ont connu le confinement des lépreux dans des maladreries et les vagues meurtrières de la peste, qui arrivait parfois par bateau (d’où la quarantaine). Aujourd’hui, les virus modernes circulent aussi par avion ! Mais les médecins ont toujours besoin de masques. Evidemment et heureusement, ce ne sont plus les mêmes. Nos blouses blanches manquent de masques chirurgicaux et « FFP2 ». En d’autres temps, pour tenter de se protéger de la peste, les médecins en robes et chapeaux noirs portaient des masques en forme de bec qui les faisaient ressembler à de grands oiseaux de malheur. La période que nous traversons est inédite, de mémoire de vivant, mais l’Histoire est un éternel recommencement.
5ème JOUR : début du – premier et sans doute pas dernier – week-end de confinement. Ciel blanc.
Vous avez dû remarquer qu’il suffit qu’on nous interdise quelque chose pour qu’on ait soudainement envie de le faire. Phénomène classique chez la plupart d’entre nous, au moins pour certaines choses.
Alors, aujourd’hui, pour ne pas subir la situation, j’ai décidé de « positiver » : si je reste chez moi, ce n’est pas parce que je n’ai pas le droit de sortir, c’est parce que je n’ai pas à sortir. Ainsi, ce qui me fait rester chez moi, ce n’est plus l’interdiction d’en sortir, c’est l’absence d’obligation de le faire. Nuance de taille, même si bien sûr le résultat est le même !
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