Pas vert du tout, le Père Noël !
Cela scintille dans les platanes et les vitrines. Ces dames traversent en courant dans les lumières des embouteillages, les bras chargés de sacs verts, rouges et or, pendant que ces messieurs tiennent la poussette d’une main et de l’autre le téléphone à l’oreille. Les magasins font le plein. Les confiseurs n’ont pas de trêve. Il pleut sur les feuilles grasses des trottoirs et je fais mon coming-out. Je ne crois plus au Père Noël. Déjà que je croyais plus au Bon Dieu depuis des lustres, persuadé que s’il existe, il n’est sûrement pas bon, pour faire aux gens ce qu’ils subissent. En tout cas, je n’ai pas du tout envie de le rencontrer.
C’est devenu pareil pour le Père Noël. Avec ses manières de vieil alcoolique jovial et éméché, on n’a pas envie de laisser les gosses seuls avec lui pendant la messe de minuit. C’est le type même du pédo-agresseur camouflé derrière un attirail de bonnes manières dans le déni total de parents inconscients et gâteux. La magie de Noël a fait long feu, écrasée au fond des caddies, salie par les graisses des viandes en sauce et le spectacle affligeant des bouteilles vides, autour des poubelles à verre, les lendemains de fête. Reste la petite bougie dans la neige du rebord de la fenêtre et les étoiles dans les yeux des enfants. Mais alors, il me faudrait une sorte de Mère Noël, une faiseuse de gâteaux simples, une conteuse de vieilles histoires de bout de tison qui fume, une berceuse de bébés ronds qui fixent la lumière en regardant la lune. Il faudrait laisser tomber cette foire aux cadeaux, cette grande bouffe bachique, cette débauche de joie factice qui ont définitivement enterré la légèreté du frugal et la poésie de la simplicité. C’est devenu une fête « potlatch », pour jouer à celui qui est le plus fort à dépenser son fric, le plus capable d’enterrer les enfants sous des montagnes de bolduc et de papier cadeau, plus fort que les cousins, plus que la belle-mère ou les voisins qui ont illuminé leur façade à faire sauter le compteur du quartier. Noël, solstice d’hiver, tremblement de l’aube blanche après la nuit la plus noire de l’année, après les guerres et les infamies, après le Covid, après la misère et les gens tremblants sur les trottoirs de Paris, après la mort de l’espoir, Noël est une fragile renaissance, une douce espérance de reste d’humain dans l’humanité. Alors le Père Noël, avec ses bottes, sa hotte, ses rennes et son traîneau, c’est trop. Il ne me reste plus qu’à croire à la souris verte qui vient chercher les petites dents sous les oreillers des enfants.
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5 commentaires
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Commentaire de: Marie-Louise Visiteur
Ouf! C’est fini. Depuis novembre l’angoisse augmentait…au fur et à mesure que le 25 décembre approchait. Et maintenant soulagement. Fin de la course. Il reste des images. Plutôt heureuses. Les sourires, des regards émus, et l’amour qui se dit ou se voit. Une sorte de trêve, une parenthèse dans le quotidien des activités, des soucis et des banalités. Finalement ce fut un moment plutôt heureux, même si les absents nous manquaient. On pourrait bien recommencer l’année prochaine.
Commentaire de: Hugues Morin Visiteur
Bah moi,
J’adore l’image du père Noël “genre vieil alcoolique jovial".
Mon cher Olivier, tu délires vraiment avec le type pédo-agresseur, tu vois trop de trucs en dessous de la ceinture.
Bonne année,
Hugues
Commentaire de: Marie Louise Membre
Tous les pères Noël ne sont pas rougeauds, boursouflés et bedonnants.Il y en a de sveltes et de beaux quand ils ne s’enlaidissent pas d’une barbe épaisse. Il y en a qui ne se camouflent pas sous une capuche.Il y en a aussi qui ne se montrent jamais.
Tout le merveilleux dont on entoure Noël ne peut faire oublier que l’enfance n’est pas toujours choyée ni heureuse. Elle peut être douloureuse, brisée. La présence d’un Père Noël dans nos rues ne peut faire oublier qu’il peut chez lui être monstrueux. Les enfants, la nuit de Noël, n’ont pas tous été heureux. Et le dire,ce n’est pas regarder sous la ceinture,c’est regarder le monde en face, dans sa beauté comme dans sa dure réalité.
Commentaire de: Hugues Morin Visiteur
Marie-Louise,
Merci d’être venue à la rescousse…
Je n’avais encore rien pipé, il est assez frustrant de se sentir sot.
En fait,le père Noël pourrait être un papa qui pourrait être monstrueux et/ou pédo-agresseur à la maison, ça y est j’ai enfin compris.
Un petit mot quand même au sujet du reste.
La dénonciation du Noël “potlatch” et tout le blabla du comportement (sur-bouffe, lumière, montagne de cadeaux et Cie) des GENS, les pauvres, ils vont se sentir mal si ils lisent, ah ouais probable qu’ils ne lisent pas…
Cette “débauche de joie factice” POUR QUI?
Qui sait si c’est factice pour les GENS?
@Olivier
En débattre en conversation serait plus agréable, sans masque bientôt je l’espère!
Bonne soirée
Hugues
Cette joie factice autour du sapin !
Même s’ils n’osent pas l’avouer, pour beaucoup Noël est ressenti comme une vraie corvée, mais pourtant on ne peut pas y échapper.
Noël , c’est l’injonction à consommer et à gaspiller. C’est la fête des marchands, le règne de l’inutile et du superflu, pour le plus grand bonheur des fabricants de pacotille.
Restait le plaisir de se retrouver qui, cette année, nous est confisqué.