LAWRENCE
d'Éric Bouvron et Benjamin Penamaria
Atelier Théâtre Actuel
Mise en scène : Éric Bouvron
Vendredi 15 octobre
Il flottait un air de liberté et de légèreté sur la salle Claude Domenech en ce vendredi soir pendant que trois musiciens s'installaient sur la scène. On évoquait en sourdine Les Cavaliers – vus en mai 2015 au 34e Festival.
La voix claire d'une mezzo-soprano – Cécilia Meltzer – s'élevait au-dessus des spectateurs.
Ayant révisé mon Lawrence d'Arabie pour les Nuls, je fus assez surprise de le trouver, dans l’interprétation de Kevin Garnichat, plein d'allant et de naïveté, Candide mâtiné d'Indiana Jones. Parachuté agent de liaison, l’apprenti archéologue aurait-il été manipulé ? Face à l’empire ottoman et l’Allemagne opposés aux tribus arabes, « aidées » si l’on peut dire par la perfide Albion et une France un rien balourde, l’enfant naturel qui rêvait d’aventures croyait avant l’heure au printemps arabe.
L’appel à l’imaginaire du spectateur d’Éric Bouvron, la verve et l’engagement de huit acteurs masculins surfant du militaire british amidonné au traitre d’opérette, d’un chameau terriblement humain ou d’un humain terriblement chameau, avec une mention spéciale pour Dahoom – Slimane Kacioui – l'ami fidèle de Lawrence, un Jiminy Cricket parfait, ont eu rapidement raison de mon humeur du jour.
La dynamique était en marche, dans une mise en scène effervescente, des effets « spéciaux » pleins d’imagination, une musique et des lumières au cordeau qui faisaient naître sous nos yeux paysages, actions et émotions, le lent voyage en train de militaires turcs, le désert traversé à marche forcée pour rejoindre Aqaba. Le temps d’imaginer la constellation d’Orion au bivouac, un traité dépeçait le Croissant fertile. Les conséquences géopolitiques de ces traits de crayon hâtifs hantent encore chaque jour nos écrans et nos vies.
Un personnage rappelait : « Il y a les visionnaires et les conformistes ». Désabusé, Lawrence, l’agent double doublé, traînera un moment son désarroi et les cauchemars liés aux combats gagnés ou perdus avant que le vent de l’Histoire ne l’entraîne encore et toujours vers de nouvelles aventures.
De Damas à Médine en passant par Londres ou Paris, comme le sable, le temps avait coulé entre les doigts de cet étonnant Lawrence.
Voir Les Cavaliers sur coye29 :
http://coye29.com/blogs/blog2.php/2015/05/18/les-cavaliers-1
Lien vers la galerie photo : LAWRENCE d'Éric Bouvron et Benjamin Penamaria
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