Vidéosurveillance sous protection
Gros plan sur la situation de la délinquance dans la Communauté de Communes de l’Aire Cantilienne (CCAC),
Flash sur les Travaux de la commission Projet de la CCAC relatifs à la vidéoprotection,
Mise au point sur le compte rendu de l’installation du Comité Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CISPD),
Travelling avant sur le Programme de travail relatif à la vidéoprotection.
De quoi occuper nos élus jusqu’à 2h00 du matin ? Pas vraiment…mais silence, on ne peut rien dire. Le flou le plus complet doit demeurer sur cette commission ; aucun développement pour les administrés n’est toléré ; le seul fait de dévoiler l’Ordre du Jour relève déjà d’un crime de lèse-majesté…..
Il semblerait toutefois, selon des bruits qui courent, que nos élus de gauche, exclus par le fait du Prince de toutes les commissions de la CCAC, auraient obtenu le droit de débattre de la vidéoprotection, un jour, en Conseil Municipal. Si l’information était vraie, les conseils municipaux étant ouverts au public, nous saurions alors enfin ce que notre édile nous concocte pour la nouvelle année 2009. Un petit pas pour Coye-la-Forêt, un grand pas pour la Municipalité.
En attendant d’en savoir plus, coye29 vous offre, dans la rubrique « Politique fiction », le compte rendu (presque) imaginaire de cette Commission de Sécurité. Toute ressemblance avec des personnages existants, les chiffres avancés et les propos tenus est évidemment fortuite.
Tous les conseillers ayant déféré à la convocation de M. le maire, celui-ci déclare la séance ouverte. « Mesdames, Messieurs, contrairement aux bruits que nous avons fait courir dans notre Lettre d’information, nous ne sommes pas là pour décider de l’opportunité ou non d’une vidéoprotection à Coye-La-Forêt. » Alors qu’il prononce ces mots, son visage laisse voir un petit sourire mal dissimulé, mais reprenant un air plus grave et solennel, il ajoute : « La décision a déjà été prise depuis longtemps aux plus hautes sphères de l’Etat. Nicolas, Michèle et Eric comptent sur nous. Il faut tripler le nombre de caméras de surveillance urbaine en France d’ici 2010 et Coye-la-Forêt est à la traîne. L’argent n’est pas un problème et tous les projecteurs sont braqués sur nous, car Après Coye-la-forêt, si on veut éviter l’effet « plumeau » (1), c’est toute la CCAC qui devra être sous couvre-feu, pardon... sous vidéoprotection.»
La conclusion étant posée, nos élus commencent à réfléchir aux arguments (Nous profitons de ces quelques secondes de réflexion pour ouvrir une parenthèse. Pour tous ceux qui ne seraient pas rompus aux nouvelles techniques du dialogue en Commission, nous rappelons qu’on part d’abord de la conclusion, on cherche ensuite les arguments, et on finit par définir le sujet- ndlr)
Après lecture à haute voix des chiffres de la délinquance, le conseiller en Sécurité s’assied, effondré. « Les chiffres du CISPD sont catastrophiques. Sur l’ensemble de l’aire cantilienne presque tous les indicateurs de la délinquance sont à la baisse !
-C’est vrai, répond le maire, mais le CISPD n’est pas à même de fournir les chiffres précis sur Coye uniquement, puisque nous sommes regroupés avec les communes dépendant de la brigade d’Orry. Mais croyez-moi, à Coye-la-Forêt, la délinquance a augmenté ! Si je ne suis pas informé des plaintes des particuliers, je sais par contre que nous avons nous-mêmes déposé 17 plaintes cette année.
- Je confirme, ajoute un autre conseiller qui commence à compter sur ses doigts, il y a eu des tags… des poubelles brûlées… des vitres brisées… »
La mine contrite, notre conseiller Sécurité l’interrompt : « Si ce n’est que ça, nous allons avoir du mal à justifier l’installation de 13 caméras! Surtout que les autres communes sont beaucoup moins gourmandes que nous.
- Mais non, intervient le Spécialiste qui, renversé sur le dossier de sa chaise, se redresse brusquement. La situation n’a rien de désespéré. J’ai bien observé notre Président de la République ; il suffit juste de dramatiser la situation et de susciter l’indignation de la population ; il faut mettre les victimes au premier plan. Et puis, on peut compter sur le gouvernement. Incendier une poubelle sera bientôt considéré comme un crime. Chaussant ses lunettes, il s’empare du rapport sur la délinquance du CISPD et cherche un chiffre. Rendez-vous compte, avec 4 poubelles brûlées on a fait exploser les statistiques : 400% d’augmentation !
– Tu as raison, s’exclame alors le conseiller Sécurité qui n’avait pas lâché le Spécialiste du regard et était prêt à l’embrasser sur le front. Reprenons alors l’exemple que quelqu’un avait donné un jour pour justifier la vidéosurveillance ; vous savez, ce meurtre sur la ligne D du RER, car après tout, ajoute-t-il avec empathie… cela pourrait arriver à n’importe quel Coyen ». Dans sa hâte, il n’avait pas oublié toute émotion.
- D’accord, mais la gare n’est pas sur notre commune... fait remarquer sèchement le Maire.
- Aucune importance, lui répond d’une voix assurée le Spécialiste qui ne se laisse jamais impressionner par une objection. La diffusion de contrevérités fait aussi partie de notre stratégie. Les gens ont besoin qu’on les rassure, non qu’on analyse les faits.
- Et en plus, attendez de voir ça !
Notre conseiller Sécurité, de plus en plus excité, se jette maintenant sur sa sacoche avant de brandir un document.
- Un programme SNCF prévoit pour bientôt 25 caméras dans la gare de Chantilly, 19 dans celle d’Orry-la-ville et 5 à la Borne Blanche.
- Excellente nouvelle, se félicite le maire. Il faut la diffuser. En attendant nos propres caméras, ça tranquillisera la population. Mais attention ! Avec tout ce matériel, il ne faut pas donner l’impression d’exclure la dimension humaine et sociale de notre politique de sécurité.
- Mais c’est impossible ! s’écrie le conseiller Sécurité. Nous savons bien que nous ne pouvons rien contre la délinquance. C’est une fatalité. C’est génétique. Et la meilleure des préventions, c’est encore la sanction.
- Sans doute, lui répond le maire qui était resté un instant perplexe, mais il faut aussi calmer nos détracteurs.
Regardant devant lui comme s’il cherchait une solution parfaitement pertinente, le Spécialiste conclut alors la séance. « Vous avez raison ! Après la mission de pré étude sur la vidéoprotection, il faudrait peut-être songer à une pré étude concernant cette idée de… comment dit-on déjà ? Ah oui, de Médiation ! Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire, mais je vais me renseigner ».
On procède alors au vote.
Les propositions de dramatisation, criminalisation, désocialisation et déshumanisation sont adoptées à l’unanimité.
(1) Effet plumeau, désigne, dans le jargon des professionnels, le déplacement de la délinquance qui, comme la poussière, se redépose ailleurs. Argument que les défenseurs de la vidéoprotection balayent d’un revers de main : il suffit de multiplier le nombre de caméras…
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6 commentaires
Commentaire de: François DESHAYES Visiteur
Commentaire de: Louis-DIt-Trieau Dominique Visiteur
Je me permets de vous écrire car mon nom a été cité dans un commentaire concernant le projet d’installation de matériels de vidéo surveillance à Coye la Forêt. Ce commentaire fait suite à la réunion du Conseil communautaire de l’Aire cantilienne au cours de laquelle nous avons débattu - brièvement- du choix d’un prestataire pour la mise en place de matériel de vidéo surveillance dans les communes de moins de 5 000 habitants.
J’ai indiqué que les deux caméras de vidéosurveillance installées à Chantilly - une caméra placée à chaque sortie du tunnel pédestre reliant le Bois Saint Denis au lycée et au quartier de Verdun avaient permis de rassurer la population.Il faut rappeller que le tunnel voit passer chaque jour de semaine des milliers de personnes (enfants, lycéens, nounous…), et qu’il est particulièrement mal éclairé.
Je suis intervenu ensuite pour faire part de mon scepticisme sur l’installation de ce type de matériel dans des villages ou dans des bourgs, zones habitées à faible densité de population.
Je dois ajouter que n’étant pas membre de la commission “projets” chargée d’étudier le dossier de la vidéo surveillance, il m’est difficile d’avoir un avis immédiat sur le projet global qui nous a été présenté, notamment sur l’installation éventuelle d’un tel système à Coye la Forêt.
Il reste que le choix d’installer ponctuellement des caméras de surveillance ne fait souvent que déplacer les problèmes - lorsqu’il y a effectivement des problèmes - et que leur vertu essentielle est de rassurer la population mais on oublie souvent de dire que leur installation est coûteuse et qu’elles n’empêchent pas les délits les plus graves (exemples anglais devenus malheureusement célèbres).
Dominique Louis-Dit-Trieau,
Conseiller communautaire suppléant et Conseiller municipal de Chantilly
Commentaire de: Clément Duvergé Visiteur
Tout d’abord bravo pour votre amusante fiction,digne des syndicats et parti politique de gauche ces derniers mois, qui ont souvent eu recours à la caricature pour tenter de faire oublier la piètre image qu’ils ont renvoyées au Français pendant de longs mois, où l’on a pu assister a une scission du PS en 2 camps et surtout a une guerre des chefs qui a bien montrée aux Français que le Parti socialiste était avant tout un parti de carriériste et non pas un parti pour le peuple, car pendant tout cet épisode pathétique, l’opposition à laquelle vous tenez tant, a failli à sa tâche, il ne faudra pas s’etonner désormais de voir le NPA de Besancenot progresser considérablement lors des prochaines élections !
Vous prouvez donc en tombant dans la dérision permanente que vous n’êtes pas crédible et que votre opposition est stérile, comme votre parti, qui a défaut d’être stérile dans une contestation incessante est belle et bien stérile au niveau des propositions pour faire bouger les choses…
Aujourd’hui vous êtes les conservateurs, vous refusez les réformes,les changements et toutes autres choses qui induisent le mouvement,la volonté de briser les vieux engrenages, la volonté de rendre les choses plus justes.
En effet ici nous pouvons parler de justice, car il n’est pas juste, que les biens publiques soient dégradés sans que les coupables ne soient démasqués, aussi car il n’est pas juste que des coyens voient leurs poubelles brûlées sans qu’encore une fois, les coupables soient débusqués.
La position que vous prenez est très ambigüe car la manière avec laquelle vous contestez ces caméras laisse à penser que vous êtes contre le fait d’augmenter la sécurité et de prévenir ce genre d’incidents qui sont toujours vexants et surtout qui coûte de l’argent a faire réparer, car l’effacement des tags ne se fait pas tout seul, et il n’est pas non plus gratuit !!!
Commentaire de: François DESHAYES Visiteur
Merci Mr LOUIS DIT TRIAU pour ces précisions.
Evidemment Mr LOUIS DIT TRIAU n’a pas connaissance du projet de Coye la Forêt mais il a l’honnêteté de reconnaitre que l’installation de caméras dans le tunnel du lycée à permis de réduire les actes de malveillance à cet endroit ainsi que rassurer les nombreux jeunes utilisant ce passage.
La vidéo protection est donc bien un moyen de dissuasion parmis d’autres
Commentaire de: David Membre
Ne demandez pas l’impossible M. Deshayes ! Une bouffonnerie reste une bouffonnerie, mais vous-même, qui semblez répugner à la parodie, soyez plus objectif ! Lorsque Dominique Louis-Dit-Trieau cite le cas des deux caméras de Chantilly, il prend soin de souligner qu’il s’agit d’un passage très fréquenté mais il ajoute aussitôt à sa remarque une sérieuse dose de scepticisme, non seulement à propos de l’utilité d’une vidéosurveillance dans « des villages ou dans des bourgs, zones habitées à faible densité de population » comme Coye-la-forêt, mais aussi à propos de l’efficacité réelle en matière de délinquance, laquelle ne disparaît pas mais s’adapte ou se déplace. Augmenter le sentiment de sécurité et diminuer réellement l’insécurité sont deux choses très différentes. Il n’oublie pas non plus de soulever le problème du coût qui empêche le financement d’autres moyens qu’on pourrait consacrer à la sécurité.
Hormis la gare, qui n’est pas sur notre commune et qui sera de toutes façons équipée prochainement de 19 caméras par la SNCF, existe-t-il à Coye-la-Forêt un lieu comparable au tunnel de Chantilly qui justifierait des caméras? Les situations sont-elles semblables ? Et pour être vraiment objectif, le système de surveillance que vous prévoyez d’installer, appelé « système passif » dans la mesure où il se contente d’enregistrer des images sans passer par des écrans de contrôle, n’est-il pas, de l’aveu même de la gendarmerie, beaucoup moins efficace? N’est-ce pas également sur les conseils de la gendarmerie, et non sur une étude digne de ce nom, que vous avez retenu le nombre et l’emplacement de 13 caméras ? Que souhaitez vous au juste ? Réguler le trafic routier ou bien prévenir les atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés à des risques d’agression ou de vol ? Vous voulez un peu plus d’objectivité ? Lancez alors une « enquête de victimation » en recensant sur Coye-la-Forêt les délits réellement commis ; cela dissiperait les doutes que même la police émet sur ses propres statistiques…
Je vous avoue franchement ma réticence à répondre à votre commentaire ; non parce que je ne respecte pas votre position (même si je pense que les caméras ne sont précisément pas des moyens comme les autres en ce qu’elles instaurent une « société de surveillance » dans un développement irréfléchi et frénétique), ni que je ne vous croie réellement sincère dans votre recherche de solutions, mais pour la simple et bonne raison que vous donnez l’impression, comme à votre habitude, d’être en possession d’un savoir qu’on ne peut pas partager, jalousement gardé comme s’il s’agissait d’un secret défense ou d’un savoir technique, qu’un non-spécialiste de la sécurité comme moi, ne pourrait pas comprendre. Ce qui rend tout dialogue littéralement impossible. Non, nous ne sommes pas au fait de tous les actes de délinquance à Coye-la-forêt, du moins pas précisément. Non, nous ne connaissons pas le travail qui a été fait en amont pour justifier votre projet ; nous ne le bafouons pas, nous l’ignorons tout simplement parce que vous verrouillez systématiquement l’information. Quand on pense que M. Philippe Vernier, lors du dernier Conseil Municipal, a déclaré que c’était du « formalisme » de la part d’un élu siégeant en commission de vouloir être pleinement informé sur les dossiers, on n’ose imaginer le doux adjectif qui qualifierait cette volonté de savoir pour un simple citoyen ! Dans ces conditions, voulant savoir mais ne sachant rien, ne vous étonnez pas qu’on en appelle à notre imagination et qu’on fasse délirer vos commissions avec nous. Il ne tiendrait pourtant qu’à vous d’éclairer vos administrés pour que leur imagination devienne moins fertile. Mais pour cela il faudrait d’abord faire confiance à leur intelligence et à leur capacité d’analyse au lieu de les maintenir sans cesse dans un état de tutelle dans lequel ils finissent d’ailleurs par se complaire. Et ce n’est pas le débat à huis clos “en séance plénière” que vous allez organiser après le conseil municipal de vendredi qui changera les choses. Non content que personne ne puisse s’exprimer, ce qui est interdit en conseil, il vous faut aussi empêcher qu’on écoute.
J’aurais voulu qu’un autre que moi vous réponde, mais à Coye-la-Forêt cet état de tutelle semble devenu une habitude. « Un autre répondra bien à ma place »… car fait remarquable, depuis la mise en route de ce blog, par curiosité, fidélité ou inquiétude, de nombreux Coyens se connectent régulièrement, mais peu franchissent, comme vous, le pas pour laisser un mot et participer au débat. Plusieurs hypothèses sont évidemment possibles mais je vous propose celle-ci : n’est-ce pas que sur Internet ils se sentent surveillés? Combien nous ont avoué ne pas être favorable à votre projet de vidéosurveillance mais n’osaient pas signer notre pétition de peur d’être en opposition ou en porte-à-faux avec la municipalité ? Vous souhaitez un peu plus d’objectivité ? Organisez un référendum sur la question…
Commentaire de: Nathalie Laborie Membre
Qui peut dire qui se place en premier entre la Foi dans la videosurveillance et l’Angoisse?
On pourrait être tenté de dire que l’Angoisse est à l’origine de cette Foi.
En effet,celle-ci conserve l’énorme avantage de fournir une règle à ceux qui ne peuvent agir car ils ne savent pas.L’Angoisse nait de l’impossibilité d’agir.Une des causes fondamentales de
cette impossibilité d’agir est sans doute le déficit informationnel,l’ignorance des conséquences d’une action en réponse à un évènement nouveau.
Cette Foi en la videosurveillance fournit ainsi un réglement,une notice explicative, un mode d’emploi.Elle serait donc capable de guérir l’Angoisse.
Dans l’ignorance des régles qui président à l’établissement de cette “sécurité", les individus pourront croire qu’ils les ont choisies librement et qu’elles ne leur étaient pas imposées.Pour Saint-Exupéry, la question clé était celle des fondements. Dans un monde où l’on sait de mieux en mieux “comment” faire les choses, on sait de moins en moins “pourquoi” les faire.
Alors là, pour une fois permettez moi de sortir de ma réserve car, vous ne serez pas surpris, je ne peux accepter votre manière de présenter les choses même si vous dites que c’est une parodie. Vous baffouez le travail des personnes qui travaillent sur ce projet.Bien sûr vous n’êtes pas au fait de tous les actes de déliquance et d’incivilités auxquels nous sommes confrontés depuis des années et auxquels nous n’avons pas trouvé de solutions. La vidéo protection n’est pas une solution mais un moyen. Nous aurons l’occasion d’en débattre ensemble très prochainement.
A ce propos vous devriez vous rapprocher de votre ami cantilien Mr LOUIS DIT TRIAU, représentant votre sensibilité à la CCAC, qui d’après ses propos sur le sujet samedi dernier en conseil communautaire n’a pas vraiment le même avis que vous.
On peut ne pas être d’accord mais s’il vous plait soyez un peu objectif !