Big Brother Awards : Coye-la-Forêt se prépare pour l'édition 2010
Avec humour et dérision, la cérémonie des BBA (Big Brother Awards) décerne chaque année, depuis sa première édition de l'an 2000, des « prix Orwell » à tous les zélateurs de la société de contrôle et de surveillance qui foulent le droit fondamental à la vie privée et le respect des libertés individuelles en généralisant le fichage de la population, la biométrie ou la vidéosurveillance.... Vendredi 4 avril à Montreuil, parmi le palmarès des "nominés " 2009, ont donc été « named and shamed » de nombreuses personnalités politiques dont voici notre sélection purement subjective mais pleinement assumée :
Eric Woerth, Le ministre du budget, prix « Orwell Etat, Elus », les BBA l'accusent de vouloir, dans la croisade contre la fraude aux allocations, créer un Répertoire national commun de la protection sociale (RNCPS) :état-civil, coordonnées, prestations perçues, revenus... toutes ces informations seraient regroupées dans un fichier unique qui serait commun à une soixantaine d'organismes et accessible à partir du simple numéro de sécurité sociale. Une ambition digne du défunt "projet Safari" des années 70 qui, suite à une vive polémique, avait engendré la loi Informatique et Libertés et contribué à la création de la Cnil.
Bertrand Delanoë et Christophe Caresche, son ex- adjoint à la sécurité, lauréats du prix «Orwell Localités», soupçonnés de vouloir s’acheter une moralité sécuritaire en succombant aux sirènes de la vidéosurveillance. En bref, un prix décerné en raison du plan « 1000 caméras » accepté par la mairie, qui ne juge pas probants les nombreux rapports, britanniques notamment, sur l'inefficacité de ces caméras.
Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, enfin décorée « pour l’ensemble de son oeuvre », pour avoir augmenté le nombre de fichiers policiers de 70% en seulement trois ans, vouloir faciliter et multiplier par 3 le nombre de caméras de vidéosurveillance. Elle a ravi la vedette à Xavier Darcos avec qui MAM annonçait, le matin même de la cérémonie, un renforcement de la vidéosurveillance en milieu scolaire. A lire sur LeParisien.fr
Et Philippe Vernier? Mais non, bien sûr, il n'était pas "nominé"... car il n'y a pas encore de caméras de vidéosurveillance à Coye-la-Forêt. Mais ne désespérons pas... Si la ville de Coye-la-Forêt devait être équipée prochainement de 13 caméras de surveillance, nous serions les premiers à proposer son nom pour la promotion 2010 des BBA. L'espoir de remporter le prix "Orwell Localités" reste toutefois peu probable car les candidats sont nombreux. Cette année, même le Le maire de Baudinard-sur-Verdon qui a pourtant installé 12 caméras de vidéosurveillance dans un village de 146 habitants n'a pas eu les faveurs du jury. C'est dire...
Sur le même sujet, un article d’Alex Türk, Président de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, paru ds Les Echos du mardi 7 avril. je cite :
“Certaines études parlent d’un abaissement de la délinquance de 30% à 40% ds les zones placées sous surveillance vidéo, mais personne ne nous dit s’il s’agit d’un abaissement ou d’un déplacement de la délinquance. La question de l’efficacité doit donc être posée. A la CNIL ns ne sommes pas contre la vidéosurveillance, mais il faut résoudre deux questions : le flou juridique qui règne sur le régime applicable et la question du contrôle.”
Au journaliste qui lui demande si le développement des outils technologiques n’est pas finalement inquiétant, A. Türk répond :
“C’est une véritable angoisse pour l’avenir et je n’ai pas envie de vivre ds la société ds laquelle vivront mes petits-enfants. (…) Notre société est fascinée par la technologie et ns ne sommes pas capables de résister à cette tentation. Prenons l’exemple des nanotechnologies : ds une dizaine d’années, on disposera de systèmes d’information si petits qu’ils ne seront plus visibles, même avec un microscope classique. Le risque, c’est que ns n’aurons plus jamais la garantie d’être seul. L’intimité, ce sera terminé. Or, pour moi, une société ds laquelle on n’a plus la garantie d’être seul est une société dictatoriale. (…) Parlant de Google : “Que les gens soient vigilants et fassent des choix. Beaucoup d’entre eux se disent qu’ils n’ont rien à cacher. Ms ils confondent innocence et intimité. (…)Ajoutez-y les fichiers, la biométrie, le pass Navigo, le télépéage, la carte bancaire.. On voit bien que la société est en train de se refermer sur nous. Ca part ds toutes les directions.”